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Trop blanche, la Faculté de droit?

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Theodora Navarro

2016-02-24 15:00:00

La norme à l’université, c’est l’étudiant blanc et aisé croit un étudiant en droit qui dénonce l’inégalité du système d’admission et de notation de la fac de droit de Montréal…

Maxime Leboeuf, étudiant en droit et rédacteur pour le Pigeon Dissident.
Maxime Leboeuf, étudiant en droit et rédacteur pour le Pigeon Dissident.
À l’UdeM, les étudiants noirs en droit ne sont chaque année qu’une poignée, tout au plus. C’est le constat qu’a fait Maxime Leboeuf, lui-même étudiant en droit et rédacteur pour le Pigeon Dissident. « La norme à l’université, c’est l’étudiant blanc et aisé », affirme-t-il.

Pour les besoins de son article « Faculté so white », Maxime Leboeuf a rencontré Julien* et Sarah*, l'un est étudiant noir et l'autre est fille de nouveaux arrivants. « Une des premières étudiantes à qui j’ai parlé aux initiations m’a félicité de bien représenter ma race en atteignant le programme de droit. Bien sûr, elle ne voulait pas mal faire, mais la remarque m’a tout de même choqué », lui a confié Julien.

« Force est de constater que les étudiants noirs sont rares à chaque année », confirme à Droit-inc Maxime. Un manque qui a conduit les étudiants noirs à fonder l’Association des étudiants noirs en droit de l’Université de Montréal (AEND).

Du travail en plus des études

Tout a découlé d’un article au sujet de la course aux stages qu’il avait précédemment écrit. L’auteur y déplorait la « compétition malsaine » que la course provoquait.

Parmi les raisons qu’il évoque alors : l’inégalité entre les étudiants qui travaillent pour payer leurs frais de scolarité et ceux qui disposent de tout le temps libre nécessaire pour préparer leur dossier est pour lui criante.

« Or les étudiants noirs, et les minorités en général, sont souvent ceux qui doivent travailler à côté ». Un aspect des études qui n’est guère pris en compte par le système de notation et qui, pour le jeune homme, provoque une disparité quant à la représentativité des avocats par la suite.

Du temps en moins pour réseauter et s’impliquer

Maxime Leboeuf
Maxime Leboeuf
Le travail supplémentaire affecte tout : le temps accordé aux études, le réseau, l’implication dans d’autres organisations. Tout comme Julien et Sarah, l’auteur travaille en plus de ses études. Mais il se dit chanceux : « Je suis suffisamment payé pour n’avoir à travailler qu’un nombre d’heures réduit là où beaucoup ne travaillent qu’au salaire minimum ».

Reste que cela affecte nécessairement ses études, et donc son avenir. « C’est du temps pendant lequel on ne peut pas réseauter, on ne peut pas s’impliquer dans des comités. Bien sûr que le fait de travailler peut valoriser une candidature, mais entre le candidat qui a travaillé dans un restaurant rapide et celui qui s’est impliqué dans un comité précis au sein même de la faculté de droit… »

Aucune statistique précise n’est tenue par l’UdeM sur ce sujet. « C’est déjà un fait en soi », déplore Maxime. Selon les chiffres qu’il évoque du Barreau du Québec, 6,6% des membres se réclameraient d’un groupe ethnoculturel recensé. Et pour l’auteur, le problème se joue dès l’admission à l’université. « Seules les notes sont prises en compte », rappelle-t-il. Un système qui ne tient pas compte du contexte familial et financier.

Olivier, l’un des jeunes cités dans son article, a ainsi raté d’un point l’admission alors que le temps passé à travailler en plus du Cegep ne lui avait pas permis d’étudier plus. « Il serait temps de faire une évaluation du dossier dans son ensemble, estime Maxime. Olivier avait obtenu un prix en rédaction, il était impliqué dans divers comités, mais tout ça ne transparaît pas dans ses notes. »

Très peu d’étudiants autochtones

Les étudiants noirs ne sont pas les seules personnes sous-représentées en droit à l’UdeM. « Je suis inscrit à un cours de droit autochtone et il n’y a aucun étudiant autochtone! Et si j’en crois le professeur, c’est une situation récurrente. » Pour lui, il serait temps de mettre en place des mesures de discrimination positive afin de favoriser la représentativité de l’ensemble des minorités ethniques.

L’auteur de conclure : « Une fois au baccalauréat, tous ces facteurs sont ignorés. Cela joue alors sur l’accès à l’emploi, et le milieu juridique lui-même s’en retrouve affecté. Force est de constater que ces personnes-là, celles qui sont issues du droit, ont un certain pouvoir dans la société. Or, si les minorités n’accèdent pas à ces postes, les disparités continueront à perdurer...»

  • Les noms ont été changés dans l’article « Faculté so white »


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