Nouvelles

La ministre de la Justice doit-elle être féministe?

Main image

Céline Gobert

2016-03-07 15:00:00

Depuis qu’elle a rejeté l’étiquette de féministe, la ministre de la Justice est critiquée de toutes parts. Les critiques sont-elles justifiées?

La ministre de la Justice Stéphanie Vallée a indiqué être plus humaniste que féministe
La ministre de la Justice Stéphanie Vallée a indiqué être plus humaniste que féministe
Tout a commencé le 28 février avec les propos de Lise Thériault, vice-première ministre du Québec et responsable du volet Condition féminine qui s’est dite « plus égalitaire que féministe. »

La ministre de la Justice Stéphanie Vallée a revendiqué le même constat quelque temps plus tard, indiquant être plus « humaniste » que féministe.

Sa prise de position a provoqué un véritable tollé dans les médias. Si certain(e)s, comme l’animatrice Marie-France Bazzo, semblent partager cette idée - « On me traitera de traîtresse (...) Mais voilà: je ne suis pas féministe », a-t-elle écrit- d’autres ne cachent pas leur mécontentement ou crient haut et fort leur féminisme, comme la responsable de la culture et du statut de la femme à la Ville de Montréal, Manon Gauthier.

Les hommes s’en mêlent

C’est également le cas du chroniqueur Joseph Facal qui, dans les pages du JDM, ouvre son billet d’opinion avec une question: le cas de Stéphanie Vallée n’est-il pas devenu une illustration des risques du souci, à tout prix ou presque, de la parité au Conseil des ministres?

Selon lui, le ministère de la Justice n’est pas le ministère du Tourisme. « Son titulaire doit avoir une solidité fondamentale, une logique cartésienne, un jugement sûr, un esprit subtil et le vocabulaire en conséquence », écrit-il avant d’affirmer que rien dans la carrière de Stéphanie Vallée ne la préparait à d’aussi hautes fonctions. « En le niant, on ne rend service ni à la justice, ni à la société, ni aux femmes.»

D’autres hommes se sont mêlés au débat public tel Stefan Psenak, l'ex-conseiller municipal et maintenant directeur général de Vision Centre-Ville qui s’est dit « féministe et fier de l'être ». Pour lui, les propos de la ministre Vallée sont un non-sens. « C'est comme si le ministre de l'Éducation déclarait qu'il ne croit pas à l'instruction publique ou que le ministre de l'Environnement disait qu'il n'est pas écologiste. »

Même inquiétude du côté de l’homme d’affaires Antoine Normand, marié à Michèle Lafontaine, première associée directrice chez Gagné Isabelle Patry Laflamme & Associés notaires. « C'est un combat de femmes, mais en tant qu'hommes, on ne peut pas faire semblant que ça n'existe pas. Pour se rendre à des sommets, les femmes font des sacrifices que les hommes n'ont pas à faire, encore aujourd'hui. »

Philippe Couillard s’est aussi prononcé sur la question: ce n’est pas « un débat utile », selon lui.

Un vilain féminisme?

Louise Langevin est professeure titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval
Louise Langevin est professeure titulaire à la Faculté de droit de l'Université Laval
Josée Légault du JDM qualifie quant à elle les propos de la ministre Vallée « d’inculture bienheureuse ». Elle rejoint l’avis d’un collectif, appelé le groupe des Treize, pour qui la ministre ne semble pas connaître ou comprendre ce qu’est le féminisme, une égalité « de facto et de jure entre les hommes et les femmes », explicite-t-elle. « Une « union spirituelle »(!) dénuée des obligations et des droits pourtant prévus par le Code civil ? On passe ici de la régression sociale à l’ineptie la plus désolante.»

Louise Langevin, professeure titulaire à la Faculté de droit de l’Université Laval a même entrepris d’offrir à tout le monde, y compris à la ministre, un guide exhaustif du féminisme en 10 points pour les nulles et les nuls.

Dans son 9ème point, elle affirme qu’une société qui n'est pas féministe est pauvre dans tous les sens du terme. « Elle ne profite pas de la créativité et de l'intelligence des femmes; elle n'aspire pas à de meilleurs lendemains; elle ne progresse pas. »

Nathalie Petrowski de La Presse s’étonne devant la vision encore prégnante d’un certain féminisme. « Je pensais que le fait que même la très girly chanteuse Taylor Swift sorte de la garde-robe pour se déclarer féministe marquait le début d'un temps nouveau où une féministe n'était pas nécessairement une femme à barbe enragée ou une clitoridienne de gauche qui vomit les hommes, mais une chanteuse populaire cool, sexy, arborant microjupes, talons hauts et décolletés plongeants », écrit-elle dans son texte intitulé Cachez-moi ce vilain féminisme.

Enfin, pour l’ex-présidente de la Fédération des Femmes du Québec (FFQ), Alexa Conradi, tant Lise Thériault que la ministre Vallée sont là parce qu’il y a eu un mouvement féministe fort au Québec depuis des dizaines d’années, « un mouvement qui a contribué à leur ouvrir une voie », a-t-elle déclaré au Devoir.

Et vous, qu’en pensez-vous?

!
Sondage Express

5404

Publier un nouveau commentaire

Annuler
Remarque

Votre commentaire doit être approuvé par un modérateur avant d’être affiché.

NETiquette sur les commentaires

Les commentaires sont les bienvenus sur le site. Ils sont validés par la Rédaction avant d’être publiés et exclus s’ils présentent un caractère injurieux, raciste ou diffamatoire. Si malgré cette politique de modération, un commentaire publié sur le site vous dérange, prenez immédiatement contact par courriel (info@droit-inc.com) avec la Rédaction. Si votre demande apparait légitime, le commentaire sera retiré sur le champ. Vous pouvez également utiliser l’espace dédié aux commentaires pour publier, dans les mêmes conditions de validation, un droit de réponse.

Bien à vous,

La Rédaction de Droit-inc.com

PLUS

Articles similaires