Un nouveau lobby pour les avocats !

La dissolution de l'Association des avocats et avocates de province (AAP) au bénéfice d'une fédération nationale est presque chose faite.

Réunis en fin de semaine à Chicoutimi pour leur dernier congrès, les membres de l'AAP mettent la touche finale à une nouvelle fédération regroupant les instances de tous les barreaux de section, des trois barreaux jeunesse et des avocats anglophones.

L'an dernier, lors de leur congrès tenu à Magog à pareille date, les membres de l'AAP avaient voté à l'unanimité pour la création d'un nouveau lobby représentant tous les barreaux québécois.

Prendre le relais du Barreau du Québec

L'actuel président de l'AAP, le criminaliste Maxime Bernatchez, explique que la nouvelle fédération -dont on ne connaît pas encore le nom- verra le jour en avril prochain. On voulait lancer le tout au congrès annuel des avocats et avocates de province, tenu en fin de semaine, « mais avec les congés et les nombreux détails à peaufiner, on a plutôt décidé de discuter des modalités et de finaliser les structures », explique Maxime Bernatchez.

Cette nouvelle fédération vise une meilleure représentation des avocats, afin de prendre le relais du Barreau du Québec dont la mission première est la protection du public. Pour le bâtonnier Paul-Matthieu Grondin, la mise sur pied d’une association vouée à la défense des intérêts des avocats est nécessaire. S’il estime que « ce n’est pas au Barreau de réaliser un tel projet », il se dit néanmoins prêt « à discuter avec toute association crédible qui voudra lancer l’initiative ».
« Nous allons discuter de la structure et de la mission. Notre objectif c'est que tous les travaux soient terminés en novembre et que la nouvelle structure soit fonctionnelle en avril », poursuit Maxime Bernatchez.

Vingt sièges au CA

Dans l'immédiat, la structure prévoit un conseil d'administration comptant 20 sièges : 15 pour chacun des barreaux de section, trois sièges pour chacun des Jeunes Barreaux de Québec, Montréal et Régions, un siège pour un représentant anglophone et un dernier siège pour le président.

Chacune des 15 sections élira son représentant au CA de la fédération, et les Jeunes Barreaux feront de même. Le président et le représentant anglophone seront élus au suffrage universel.

Montréal vs les régions

Par ailleurs, le dernier congrès à vie de l'AAP serait l'occasion de répondre aux inquiétudes des membres. « Par exemple, certains se demandent si la déontologie permet aux avocats de faire cela, d'autres s'inquiètent de la prise en compte des réalités régionales », dit Me Bernatchez.

N’a-t-on pas peur que la représentation des avocats pratiquant en région se dilue dans les intérêts de Montréal et de Québec ? « Les statistiques démontrent que les avocats qui pratiquent en solo ou dans les petits bureaux se trouvent surtout à Montréal ; les intérêts des régions et des grands centres ne sont donc pas aussi divergents qu’il y a 20 ans », rétorquait Maxime Bernatchez l'an dernier, à l'annonce de la création d'une nouvelle structure.

L'idée de dissoudre l'AAP est survenue dans la foulée de l'implantation de la nouvelle gouvernance, en 2015, laquelle faisait perdre à l'AAP les deux sièges qu'elle détenait au sein du conseil exécutif du Barreau.

L'organisme s'en était trouvé affaibli, suscitant la grogne. Le Barreau de l'Outaouais s'était d'ailleurs désaffilié, estimant que l’AAP n’aura plus la même influence auprès du Barreau et que les avocats de province serait mal représentés.

D'où l'intérêt, et la nécessité, de doter les avocats d'un lobby qui défende leurs intérêts sociaux, professionnels et économiques. « Jusqu'ici, 10 des 15 barreaux de section ont voté en faveur de la nouvelle fédération, et nous avons bon espoir que les cinq autres barreaux, dont l'Outaouais, se rallieront dans les prochaines semaines », conclut Maxime Bernatchez.