Carrière et Formation

Les jeunes avocats manquent-ils de mentorat ?

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Alexis Vailles

2018-07-06 13:15:00

Les nouvelles recrues du monde juridique ne seraient pas bien préparées à la pratique du métier, selon deux juges à la retraite…

Dennis O’Connor, ancien juge de la Cour d’appel de l’Ontario et juge en chef associé
Dennis O’Connor, ancien juge de la Cour d’appel de l’Ontario et juge en chef associé
C’est ce qu’ont estimé Dennis O’Connor, ancien juge de la Cour d’appel de l’Ontario et juge en chef associé, ainsi que Thomas Cromwell, ancien juge à la Cour Suprême, au Canadian Lawyer Magazine.

Respectivement Barreau 1966 et 1979, les deux anciens juges croient que les avocats de leur époque étaient mieux encadrés dans leurs premières années de pratique. Comparant leur parcours à celui des avocats d’aujourd’hui, tous deux évoquent leurs débuts dans le métier, où ils étaient jumelés à un mentor.

« Je passais pratiquement l’entièreté de mon temps avec lui », raconte O’Connor à propos du criminaliste et premier ombudsman de l’Ontario Arthur Maloney. « Il m’a graduellement donné des responsabilités et j’ai eu des cas à moi. J’étais imprégné de sa manière de pratiquer et de penser - je ne sais pas si de telles opportunités existent désormais. »

Même son de cloche pour Cromwell, qui affirme qu’à ses débuts chez la firme WeirFoulds LLP, il passait 70% de son temps avec un mentor. Selon lui, il y a aujourd’hui plus d’avocats que dans les années 1960 et 1970, ce qui affecterait les relations interpersonnelles.

Trop de mentorés, pas assez de mentors

Thomas Cromwell, ancien juge à la Cour Suprême
Thomas Cromwell, ancien juge à la Cour Suprême
D’après le Canadian Lawyer Magazine, le nombre de jeunes avocats est plus élevé que le nombre d’avocats séniors, ce qui provoque un excès de mentorés pour le nombre de mentors. Une tendance qui ne semble pas ralentir, puisque le Barreau de l’Ontario a observé une augmentation de 60 % de nouveaux avocats en 2007 et 2012.

Est-ce que ce sont tous les jeunes avocats qui manquent de mentorat ? « Je crois que c’est inégal », affirme Thomas Cromwell. « Certains obtiennent un meilleur mentorat que d’autres. »

Les deux juges s’accordent sur le fait que les jeunes avocats devraient assumer de petites parties de dossiers en Cour pour débuter, afin d’apprendre l’art du métier. Ils conviennent toutefois que cette pratique n’est pas toujours favorisée par les cabinets, puisque les clients ne sont pas prêts à payer un gros montant pour le travail d’avocats juniors.

Ayant siégé à la Cour d’appel de l’Ontario de 1998 à 2012, Dennis O’Connor a vu à plus d’une reprise un jeune avocat développer ses habiletés auprès d’un senior. Il dit avoir « adoré » assister à de tels spectacles, particulièrement « les rares occasions où le jeune avocat était meilleur que le vieil avocat ».
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