Florence Ashley enfin reconnue par la profession.
Florence Ashley enfin reconnue par la profession.
Universitaire et militante, l’étudiante au diplôme de 2e cycle en droit à McGill Florence Ashley vient de se voir reconnaître par la profession.

En effet, le comité de direction de la Section sur l’orientation et l’identité sexuelles de l'Association du Barreau canadien (ABC) qui vient de la nommer Héroïne 2019 de la Section est composé d’avocats pratiquant au sein des ministères fédéral et provinciaux de la Justice de partout au pays.

Plusieurs avocats de pratique privée siègent également au comité de direction, qui décerne le prix. On y retrouve ainsi quelques avocats montréalais pratiquant chez Fasken ou Lavery.

Bref, celle qui s’est fait connaître comme théoricienne et comme militante des droits des personnes transgenres, bardée d’honneurs universitaires, récolte maintenant les honneurs de la profession.

« Moi je me sens particulièrement choyée d’avoir reçu le prix, parce que les lauréats précédents sont des personnes vraiment super. Et ce n’est pas vraiment commun pour une personne aux études de recevoir un tel honneur », confie à Droit-inc celle qui s’affirme comme transféminine, soit une personne assignée garçon à la naissance, mais dont l’identité est féminine.

Elle entrera bientôt au service de la juge Sheila Martin, de la Cour suprême, à titre d’auxiliaire juridique. « Ce sera une occasion de côtoyer des juges, d’apprendre et d’alimenter mes travaux », dit-elle.

Une personne de terrain

Ray Adlington, président de l’Association du Barreau canadien.
Ray Adlington, président de l’Association du Barreau canadien.
Parmi les lauréats précédents du prix, on retrouve des juges, des universitaires, des politiques… Instauré en 1999, le prix a été remis pour la première fois à l’ex-député néo-démocrate Svend Robinson.

« Les travaux de recherche en droit de Florence Ashley, son statut de modèle de rôle et son engagement à éduquer le public sur les enjeux des personnes transgenres contribuent considérablement à la cause des membres de la communauté LGBTB. Ses réussites universitaires et son dévouement à l’avancement de l’égalité pour les LGBTQ2 sont louables », affirme Ray Adlington, président de l’ABC. dans le communiqué annonçant la nomination de Mme Ashley.

Cette dernière soutient que malgré sa carrière universitaire, elle est d’abord une personne de terrain.

« Quand je me pose une question, dans un contexte universitaire, je la pose en fonction de ce que je constate dans la communauté », restant ainsi très terre-à-terre dans son approche théorique.

Son projet de maîtrise, dirigé par le doyen de la fac de droit de McGill Robert Leckey, est d’ailleurs une manière pour elle d’apporter une pierre à l’édifice des droits transgenres. « Mes textes universitaires sont guidés par les besoins concrets de la population trans, je n’aime pas écrire sur des affaires théoriques », assure-t-elle.

Elle se spécialise en bioéthique, notamment sur les politiques de santé et leur application à la population transgenre.

Une militante

Le doyen de la faculté de droit, Robert Leckey.
Le doyen de la faculté de droit, Robert Leckey.
Pour changer les choses et alerter la population aux enjeux qui touchent les milieux trans, elle milite. « D'ailleurs, je me considère d’abord comme une militante », précise-t-elle.

La jeune trans est membre du Comité trans du Conseil québécois LGBT depuis 2016 et s’est impliquée dans la clinique juridique trans à McGill dont elle a été codirectrice. Désormais elle siège au conseil consultatif.

Florence Ashley a terminé sa maîtrise en droit à McGill en 2017, et travaille actuellement à la rédaction de sa thèse « Torture Isn’t Therapy: The Legality of Transgender Conversion Therapy in Canada ». Membre du comité sur l’orientation sexuelle et le lexique sur l’identité de genre de l’Office québécois de la langue française, elle a occupé divers postes à la Clinique juridique trans de Montréal, en plus d’être multirécipiendaire de nombreuses bourses de recherches.