Borsellino a prêté un condo à Jocelyn Dupuis

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La Presse Canadienne

2013-02-05 11:57:00

Le président de Construction Garnier, Giuseppe Borsellino, a prêté à l'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis, un condominium dans le chic édifice du 1000 de la Commune, dans le Vieux-Montréal.

Borsellino a prêté un condo à Jocelyn Dupuis
Borsellino a prêté un condo à Jocelyn Dupuis
Devant la Commission Charbonneau, mardi, M. Borsellino a soutenu que Jocelyn Dupuis lui avait simplement demandé la clef de ce condo, acheté par une de ses entreprises, GB Argus, pour la somme de 320 000 $, et qu'il la lui avait donnée. L'entreprise a possédé ce condominium de mai 2007 à août 2010.

Le président de Construction Garnier a aussi payé un voyage en Italie à son "ami" Jocelyn Dupuis, de même que des billets de hockey, des billets pour des événements et des sorties au restaurant.

M. Borsellino s'est défendu en affirmant que M. Dupuis était pour lui "un ami" et que si son ami lui demandait quelque chose, il le lui donnait. Mais il assure ne jamais lui avoir donné d'argent. Plus tard, il a soutenu qu'il avait réalisé que Jocelyn Dupuis profitait de lui et ses sorties au restaurant se sont espacées. Aujourd'hui, dit-il, il est "un peu moins" son ami.

Il a également admis avoir donné des billets de hockey à des représentants d'autres organisations syndicales, notamment la CSN-Construction, qui est pourtant une rivale de longue date de la FTQ-Construction.

Et il a dit avoir également eu un autre ami au Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (international), la deuxième organisation syndicale en importance dans ce secteur, mais il "ne pense pas" avoir donné des billets de hockey à l'un de ses représentants.

Lors du voyage en Italie avec M. Dupuis, en octobre 2008, il s'est aussi retrouvé avec Robert Marcil, l'ancien directeur des travaux publics de la Ville de Montréal, et Yves Lortie, de la firme Génivar, avec leurs conjointes respectives. Construction Garnier a payé l'hôtel pour tous et les billets d'avion pour tous, sauf pour M. Marcil et sa conjointe, a-t-il affirmé.

La commission a déposé en preuve les factures. Il évalue le total de ce qu'il a dû payer à environ 50 000 $.

Le procureur de la commission a cherché à faire un lien avec le fait que le 27 août 2008, soit peu avant, M. Marcil avait approuvé le paiement final pour des travaux d'urgence effectués sur un collecteur d'égout de la rue Sherbrooke, au coût de 5,2 millions $. Comme il s'agissait de travaux d'urgence, il n'y a pas eu appel d'offres.

Ces cadeaux de Construction Garnier visaient à "développer les affaires", a martelé M. Borsellino. Même avec des représentants syndicaux, il voulait développer des affaires, être en bons termes, notamment parce que les syndicats pouvaient lui présenter la meilleure main-d'oeuvre dans le secteur requis, a-t-il soutenu.

Ces révélations ont été faites par le témoin après que la commission eut fait entendre des extraits de l'écoute électronique de la ligne téléphonique de Jocelyn Dupuis, dans le cadre de l'opération Diligence.

On y entend M. Dupuis discuter avec M. Borsellino, entre autres.

Dans certains extraits, M. Dupuis parle de projets auxquels l'une des entreprises de M. Borsellino pourrait s'intéresser, notamment la rénovation d'un Club Med en Floride, un terrain à vendre près de la Place Bonaventure à Montréal, et un investissement dans le designer de jeans Parasucco.

Aucun de ces projets ne s'est toutefois concrétisé, a-t-il affirmé.

M. Dupuis y prétend pouvoir présenter des projets au président de la FTQ et président du conseil d'administration du Fonds de solidarité, Michel Arsenault, en passant par un intermédiaire, Reynald Grondin.

M. Dupuis a perdu son poste de directeur général de la FTQ-Construction en septembre 2008, après que Michel Arsenault lui eut réclamé sa démission. Il est parti dans la foulée de la controverse concernant ses comptes de dépenses exagérés.

Collusion confirmée

Par ailleurs, M. Borsellino a confirmé l'existence d'un système de collusion entre entrepreneurs en construction dès 1995. Et il en avait entendu parler dès les années 1980, a-t-il affirmé.

Il a soutenu que c'est l'ingénieur Gilles Surprenant, de la Ville de Montréal, qui l'a initié à ce système, en approchant les entrepreneurs pour leur suggérer de s'entendre entre eux. M. Surprenant a rencontré au restaurant les entrepreneurs Paolo Catania, Joey Piazza et Giuseppe Borsellino, a relaté ce dernier. Il était prêt à les aider ensuite à obtenir des contrats pour la Ville. "On a fait quelques rencontres sans M. Surprenant et on savait ce que ça amenait", s'est-il rappelé.

"Ils avaient tellement de pouvoir. Il y avait des gens à la Ville qui étaient vraiment puissants", s'est exclamé le témoin en anglais. La Ville pouvait par exemple retarder les paiements et les entrepreneurs "souffraient", a-t-il rapporté.

M. Surprenant a déjà témoigné devant la commission des mêmes faits, mais en inversant la responsabilité. Il a soutenu que ce sont les entrepreneurs qui se sont entendus entre eux et l'ont approché ensuite pour le soudoyer.
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