Comment se préparer à un concours de plaidoirie?
Sonia Semere
2024-05-28 15:00:32
Une étudiante de l’UdeM vient de remporter le prix de la meilleure plaidoirie lors de la Coupe du juge Authier. Elle raconte à Droit-inc son expérience.
La plaidoirie est assurément un art qui se manie avec la pratique. Pour les étudiants de l’UdeM, la Coupe du Juge Authier organisée par le Comité de droit pénal est l’occasion idéale de s’exercer.
Pour cette deuxième édition, les étudiants ont eu l’opportunité de plaider au Palais de Justice de Montréal devant l’honorable Anne-Marie Manoukian, juge à la Cour du Québec.
C’est Alex Aubin, étudiante en deuxième année de droit, qui a remporté le prix de la meilleure plaidoirie.
« Je ne pensais vraiment pas gagner parce que je suis de nature un peu timide. Je ne suis pas la personne qui va parler le plus fort et finalement, je pense que c’est ça qui a convaincu la juge », confesse la jeune femme à Droit-inc.
« La juge m'a dit que j'avais le bon niveau de confiance, que je n'étais pas arrogante et que j'avais une belle posture ».
Une rigoureuse préparation
Il faut dire qu’avant de se lancer dans sa première plaidoirie, l’étudiante a bénéficié d’une rigoureuse préparation.
Huit étudiantes sélectionnées par le comité ont été réparties en équipes de défense et de poursuite. Tout au long de la session d’hiver, elles ont veillé à la préparation de leur dossier avec le soutien de leurs mentors.
Côté défense, elles ont bénéficié du soutien de Me Daphnée Creighton et Me Alexander Grey, avocats chez Yves Ménard Avocats.
Pour la poursuite, Me Simon Robin, procureur au Directeur des poursuites criminelles et pénales, était présent pour les épauler.
Le dossier fictif portait sur deux jeunes qui avaient une relation amoureuse. Un soir, la victime invite l’auteur des faits à une fête et ce dernier finit par l'intimider, ce qui a donné lieu à des voies de fait graves et de la légitime défense.
Chacune des participantes était chargée de préparer une composante du procès, soit la déclaration d’ouverture, l’interrogatoire en chef, le contre-interrogatoire ou la plaidoirie finale.
Pour sa part, Alex Aubin, épaulée par Me Robin, était chargée de la déclaration d’ouverture.
« Au début, on a travaillé en équipe pour voir quelle était la jurisprudence. On a essayé de voir quels pouvaient être les arguments potentiels de la défense. On avait quand même eu une lourde tâche pour essayer d'avoir un jugement en notre faveur », confie la jeune femme.
Me Robin leur a notamment donné une feuille de route avec toutes les étapes du procès : comment bien présenter la preuve, quelles étaient les possibles réponses que les témoins pourraient donner, les différents styles de plaidoirie…
Se faire confiance
Parmi les conseils donnés par l’avocat, Alex Aubin retient l’idée de toujours se faire confiance.
« Tout le monde va avoir son opinion préalable sur comment tu peux enrichir ton texte, comment tu peux présenter tes arguments… et c'est important de les prendre en considération. Mais comme mon mentor l'a dit, c'est toi qui plaides, c'est toi qui vas être seule devant la juge, ce ne sont pas tes collègues ».
La jeune femme rappelle qu’il est important « de plaider d'une façon qui te met à l'aise et qui te donne confiance en toi».
« Et puis, la confiance devant le tribunal, c'est important mais il ne faut pas être arrogant. Il faut faire preuve d'élégance et d'éloquence, surtout lorsqu'on incarne la couronne ».
Et si finalement les arguments de la poursuite n’ont pas convaincu la juge, cela n’a pas empêché la jeune femme de remporter le prix de la meilleure plaidoirie.
« Honnêtement, je ne pensais pas du tout que j'allais gagner, ça m'a vraiment surpris de savoir que j’avais ça en moi. Ça m’a sorti de ma zone de confort », finit-elle par conclure.