Les Uqamiens veulent se battre... à armes égales

Nicholas Teasdale
2011-01-24 14:15:00
Droit-Inc.com : Quelle est votre priorité pour 2011?
Mathieu Huchette : Nous voulons donner des outils méthodologiques et du support moral à nos étudiants, pour qu'ils puissent trouver une solution à leurs problèmes au lieu de quitter le droit. Nous travaillons donc à mettre sur pied un centre de mentorat pour les étudiants qui ont des difficultés.
Le centre va ouvrir à la fin janvier. Nous faisons présentement des entrevues pour choisir un coordonnateur et nous serons prêts à commencer.
Nous avons mis quatre mois pour monter le projet et trouver le financement. C'est un gros morceau de mon mandat. Je voulais laisser quelque chose de concret de mon passage, rester dans l’histoire de l’association.
D-I.com : Voyez-vous l’augmentation potentielle des frais de scolarité et l’endettement scolaire comme un problème ? Est-ce que vous vous positionnez comme les autres associations étudiantes de l’UQAM ?
M.H. : Nous sommes contre la hausse des frais de scolarité. Nous avons d'ailleurs voté pour trois jours de grève à l’automne pour protester contre la hausse des frais de scolarité. En ce moment, nous faisons des choix de société étranges: quelques avions militaires de moins, et on oublie le sous-financement des université.
Ceci dit, nous sommes proches de la position de la FEUQ, donc nous ne sommes pas aussi radicaux que d’autres. Il n’y a pas une énorme mobilisation parmi nos étudiants.
En ce qui concerne la différenciation entre les frais de scolarité selon le revenu moyen des professions, je ne crois pas que ce soit un bon moyen de redistribution de la richesse. Il y a déjà l'impôt pour cela. En plus, je vois un effet pervers : les diplômés de droit qui paieront plus pour étudier vont s’endetter. Ils vont ensuite vouloir rentabiliser leur investissement et travailler dans les firmes privées. Les carrières dans la fonction publique ou dans les associations seront moins attirantes. Comme la diversité est importante, je crois que ce serait un mauvais choix.

M.H. : Bien sûr. C'est vrai qu'il y a beaucoup d'avocats au Québec. Par contre, à l’UQAM, le marché de l’emploi est différent. Nos étudiants ne vont pas souvent dans les grandes firmes. Dans notre créneau actuel, soit le secteur public et les associations, les perspectives ne sont pas si mauvaises. Je ne vois pas pourquoi je déconseillerais à quelqu'un d'étudier en droit.
D-I.com : Y a-t-il quelque chose à faire au niveau de l’offre de cours pour améliorer l’employabilité de vos étudiants?
M.H. : L’UQAM est plus axée sur le droit du travail, sur le droit social. En général, il n’y a aucun problème avec l’offre de cours, elle est assez variée pour que les étudiants se choisissent un cursus qui leur convient et qui correspond à leurs objectifs de carrière. Ceux qui le veulent peuvent prendre 35 crédits en droit criminel, ou 30 crédits en droit international, par exemple. Nous avons eu un problème avec le cours de financement des entreprises cette année, mais c'est vraiment mineur.
D-I.com : Y a-t-il une situation particulière à votre association dont vous devez absolument tenir compte ?
M.H. : Oui, nous devons faire avec une situation plutôt particulière : notre centre de placement est financé par les étudiants de la faculté. Dans les autres facultés de droit, c'est l'université qui finance les services de développement professionnel. Notre service de placement, c’est notre ministère de la santé : ça prend 60% de notre budget.
Pour vraiment changer la perception des grands cabinets, nous avons besoin d’un effort de financement institutionnel. Nous essayons de convaincre l’université de nous permettre de nous battre à armes égales avec les autres universités. Les firmes commencent à voir que nos étudiants font aussi bien que les autres au Barreau. Dans notre dernière journée carrière, les stagiaires qui venaient recruter les étudiants étaient des anciens de l’UQAM. Les choses commencent à changer et il faut en profiter.