Carrière et Formation

Surcharge mentale: comment s’en libérer?

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Camille Dufétel

2024-01-10 14:15:45

Comment se libérer de la surcharge mentale dans un quotidien d’avocat souvent synonyme de longues heures de travail et de stress? Une experte livre quelques outils.

Maryse Audet est conférencière, auteure et coach et s’adresse régulièrement aux avocats québécois dans le cadre de formations. Droit-inc s’est déjà entretenu avec elle, notamment pour apprendre à démasquer d’éventuelles relations toxiques avec ses clients, ou pour comprendre comment trouver sa zone de génie quand on est avocat.

En cette nouvelle année 2024, le temps des résolutions est là! Et pour les avocats, a priori souvent débordés de travail, il est peut-être temps cette année de veiller à éviter la surcharge… mentale! Droit-inc s’entretient avec la coach à propos de ce concept, qu’elle aborde depuis une année en effectuant des parallèles avec la neuroscience.

La surcharge mentale, on en parle depuis peu de temps, non?

On parlait peut-être plus de gestion du stress avant, pour faire attention à ne pas être en épuisement professionnel. Mais oui, la thématique de la surcharge mentale, pour moi c’est nouveau. Et ça s’explique parce que la technologie avance énormément, on sauve donc beaucoup de temps dans nos tâches, mais on ne prend pas forcément le temps sauvé pour soi.

On va cumuler d’autres choses à faire avec le temps qu’il nous reste, on en fait beaucoup et tout s’accélère. Il faut faire attention en tant qu’individus, parce qu’on a plus d’éléments à traiter dans notre quotidien.

À quel moment peut-on estimer que l’on est en surcharge mentale?

Il faut savoir que ça peut venir de changements, de gestion de stress, de relations toxiques au travail. On parle de surcharge quand on voit que notre niveau de stress est vraiment affecté et que cela a un impact sur notre bonheur et notre efficacité au travail ainsi que dans différentes sphères de notre vie.

On a de la difficulté à gérer son stress et on commence à faire de plus en plus d’anxiété. On rentre inconsciemment dans un cercle et on peut en arriver à faire un épuisement professionnel.

Quand on est avocat, on peut s’habituer à du stress, donc on le tolère, on apprend à vivre avec. Mais quand ça commence à affecter notre humeur, notre bonheur, nos relations avec les autres et notre efficacité au travail, là on peut commencer à parler de surcharge mentale. Il y a aussi de la fatigue physique qui peut être ressentie.

Pourquoi les avocats peuvent-ils être particulièrement en proie à des problèmes de surcharge mentale selon vous?

Parce que la charge de travail est là, le stress de vivre avec les émotions du clients ou de la partie adverse, les délais serrés et l’anxiété de performance. Il y a la responsabilité professionnelle aussi, de bien présenter son dossier devant le juge. Tous ces éléments en font partie.

Cela n’est-il pas difficile dans leur cas de s’en apercevoir, la charge mentale faisant partie du quotidien?

Oui, c’est très insidieux car on apprend à vivre avec ce stress. Dans le cas des avocats, quand on commence à se rendre compte qu’il y a quelque chose, souvent ça fait déjà longtemps qu’il y a l’effet de ce stress. Je dirais donc que ça revient à s’écouter. Prendre du temps pour soi fait partie de la performance.

Pour éviter de vivre de la surcharge mentale, avez-vous des conseils?

Oui, avant d’en arriver là, de consulter ou d’avoir un arrêt forcé, il faut savoir que le cerveau a besoin d’environ 20 minutes de repos par jour. Ce n’est pas évident de se dire qu’on va prendre chaque jour 20 minutes dans son horaire pour s’occuper de soi, ne rien faire ou méditer, mais on peut au moins, deux à trois fois par semaine, se réserver un 20 minutes à faire ce que l’on aime pour mettre son cerveau sur pause.

Cela peut être de la lecture, idéalement pas sur une tablette, un sport, un loisir, une activité artistique. Ou juste prendre le temps de se permettre de ne rien faire.

C’est potentiellement un défi quand on est habitué à être beaucoup dans l’action.

Pour limiter la surcharge mentale, les bonnes habitudes de vie sont aussi importantes. On les connaît tous: bien manger, faire du sport, boire beaucoup d’eau… Ce sont des trucs de base qu’on nous répète depuis très longtemps mais ça a un réel impact sur le cerveau.

Plus on va apprendre à être dans une saine performance, plus ce sera payant pour nous, l’employeur et le client.

On parle aujourd’hui beaucoup de surcharge mentale, de quoi parlerons-nous de plus en plus demain, selon vous?

Je pense que de plus en plus, on parlera de l’importance de développer davantage son intelligence émotionnelle, tout ce qui a trait à l’empathie, la compassion, l’équilibre entre la tête et le cœur… C’est quelque chose qui va partir d’un travail sur soi, et ça va avoir un impact sur l’extérieur.

Je surveille par ailleurs beaucoup le projet de loi 42 au niveau du harcèlement psychologique en entreprise. Je propose une formation sur les relations toxiques en entreprise, d’ailleurs approuvée par le Barreau du Québec, et je pense que je vais la donner de plus en plus pour outiller les gens afin qu’ils puissent reconnaître ce type de profil.

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