Séance ciné: Au-delà des collines, passion et fanatisme

Céline Gobert
2013-06-14 17:00:00

On le retrouve cette fois en pleine campagne, entre les murs, la caméra au plus près d’une petite communauté religieuse : un père, une mère, des sœurs, tous dévoués à l’amour de Dieu.
Lorsqu’Alina débarque d’Allemagne pour retrouver Voichitja, son amie d’enfance (voire plus) depuis convertie à la religion, c’est le drame. Tout ce beau monde, à commencer par le spectateur, s’en trouve bouleversé : la jeune femme est soupe au lait, blasphème par son absence de foi, offre un amour inconditionnelle à Voichitja, amour-fou posé intelligemment en parallèle du fanatisme des uns et des autres.
La première voue une parfaite dévotion au Seigneur, la seconde à la première. Un triangle amoureux d’un genre nouveau. Pour autant, le film de Mungiu n’est pas une œuvre sur la religion, ni une peinture du quotidien des croyants (comme a pu l’être le français ''Des Hommes et des Dieux'' de Beauvois), il s’agit davantage d’un film sur l’amour, celui qui n’a pas de limite, celui qui pousse à la folie, et au déni de soi.
Des plans-tableaux

Mungiu- récompensé par le prix du scénario cannois, l’année dernière, a l’intelligence de ne pas juger ses protagonistes et de signer un film anti clérical : au contraire, il ne condamne pas la communauté religieuse, il ne fait qu’en dévoiler ses faiblesses. Ainsi, les personnages apparaissent-ils plus stupides que dangereux, plus aveuglés qu’intolérants. L’aveuglement : le cœur d’''Au-delà des collines'', un cœur qui lutte, qui se débat, qui finit par se perdre.
Les actrices Cosmina Stratan et Christina Flutur, justement auréolées d’un double prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes, ne sont que les deux faces d’une même médaille : il n’y a ni bien, ni mal. Simplement des circonstances, des attachements à perdre la raison, et des êtres qui, privés de leur sens critique, croient bien faire. Un film-constat étrangement osé donc, et non dénué d’humour.
Le film est diffusé au Cinéma du Parc