Action collective contre Air Canada

Thomas Vernier
2025-08-20 10:15:39
Des dizaines de milliers de voyageurs du monde entier réclament des millions en dommages après avoir été abandonnés lors de la grève d'août 2025

Une action collective visant des dizaines de milliers de passagers a été déposée contre Air Canada à la Cour supérieure du Québec, réclamant des millions de dollars en dommages-intérêts pour les préjudices subis lors de la grève des agents de bord en août 2025.
La poursuite, déposée le 18 août par les cabinets LPC Avocats et Renno Vathilakis Inc., allègue qu'Air Canada a violé ses obligations légales en ne fournissant pas aux passagers des réservations sur le « prochain vol disponible » ou des « arrangements de voyage alternatifs » comme l'exigent les réglementations canadiennes et internationales.
L'affaire illustre parfaitement l'ampleur des dégâts causés par cette grève : une famille suisse de neuf personnes a dû débourser 14 000$ pour des vols de remplacement avec Air Maroc, s'entassant dans un appartement de trois pièces et demie en attendant de pouvoir rentrer chez elle, mentionne la poursuite.
Des pratiques « systémiques » dénoncées
Au cœur de la poursuite se trouve une communication jugée « fausse et trompeuse » d'Air Canada. La compagnie aérienne avait promis aux passagers de chercher des options de réservation « jusqu'à trois jours après votre vol annulé », une pratique contraire aux Règlements sur la protection des passagers aériens (RPPA).
Selon la requête déposée par les avocats Joey Zukran (LPC Avocats) et Michael Vathilakis (Renno Vathilakis Inc.), Air Canada était légalement tenue de fournir une réservation confirmée sur le prochain vol disponible dans les 48 heures, ou à défaut, des arrangements alternatifs gratuits avec n'importe quel transporteur.
La demanderesse principale, Mari, étudiante en médecine vétérinaire, devait se rendre à Grenade pour la rentrée scolaire. Son vol du 17 août, acheté 440,95$ en janvier, a été annulé. Air Canada l'a finalement réservée sur un vol Caribbean Airlines partant le 20 août – soit 86 heures après l'annulation – l'obligeant à manquer ses cours.
Un service client défaillant
L'action collective dénonce également l'impossibilité pour les passagers de joindre un agent du service clientèle. Lors de tentatives répétées, un message automatisé indiquait : « Nous sommes désolés, mais nous ne pouvons pas vous connecter à un agent en ce moment en raison d'un volume d'appels exceptionnellement élevé », avant de raccrocher.
La poursuite révèle qu'Air Canada a continué à vendre des billets pendant toute la période de perturbation, tout en sachant qu'elle ne pourrait honorer ses obligations envers les passagers existants.
Des dommages multiples réclamés
Les demandeurs réclament :
- Le remboursement intégral des vols alternatifs payés par les passagers
- Des dommages-intérêts pour les représentations fausses et les omissions
- Une compensation pour la perte de jouissance des vacances, un préjudice reconnu par les tribunaux québécois dans l'affaire Herbert c. Air Canada (2018 QCCQ 3310)
La classe proposée inclut « toutes les personnes dans le monde dont les plans de voyage, depuis le 14 août 2025, ont été affectés par la grève d'Air Canada et à qui Air Canada n'a pas fourni de réservation pour le prochain vol disponible ou des arrangements de voyage alternatifs conformément à la loi ».
Air Canada dans la tourmente
Cette poursuite survient dans un contexte où Air Canada fait face à une pression croissante concernant ses pratiques de service clientèle. La grève des 10 000 agents de bord du SCFP, qui devait commencer le 16 août, avait poussé la compagnie à annuler préventivement des vols dès le 14 août.
Air Canada a finalement annoncé, mardi matin, la relance progressive de ses opérations trois jours après l’interruption complète de ses vols due à un conflit de travail avec ses agents de bord. Cette reprise fait suite à un accord conclu entre la compagnie aérienne et le Syndicat canadien de la fonction publique.
Les avocats estiment conservativement le nombre de membres de la classe « dans les dizaines de milliers », tous dispersés à travers le Canada et le monde. La demande d'autorisation sera présentée devant la Cour supérieure du Québec à une date qui sera fixée par le tribunal.
Air Canada n'a pas encore répondu à ces allégations, selon la poursuite rapportée dans les documents judiciaires consultés.