Avocats espionnés par des caméras dans les parloirs

Agence Qmi
2014-02-27 13:15:00
Injustifié

«On a fait part de nos inquiétudes aux dirigeants des deux prisons et on va continuer nos démarches pour que ces caméras soient enlevées», a déclaré au Journal le président de l’AADM, Me Richard Prihoda.
«Évidemment, cela soulève des interrogations et des préoccupations», a renchéri la Bâtonnière du Québec, Me Johanne Brodeur.
«La sécurité dans les prisons doit être assurée, a-t-elle ajouté. Mais, en même temps, on doit respecter les droits d’un accusé à une défense pleine et entière, ainsi que l’obligation déontologique des avocats d’assurer la confidentialité des discussions avec leurs clients.»
Accusations et soupçons

En janvier 2013, Le Journal avait appris que des gardiens à Bordeaux ont saisi de la marijuana, du haschisch et six cellulaires dans les sousvêtements de deux détenus, tout juste après que ceux-ci eurent reçu la visite de leur avocate.
Me Prihoda dit avoir été mis au fait des soupçons des autorités carcérales à l’endroit de certains avocats.
«Malgré cela, le fait que des fonctionnaires de l’État puissent visionner nos discussions et les documents qu’on montre à nos clients pour préparer leur défense, c’est injustifié», a-t-il insisté.
Selon lui, des procès risquent même d’être compromis parce que ces enregistrements vidéo pourraient soulever d’épineux débats devant les tribunaux.
Le ministère de la Sécurité publique du Québec n’était pas en mesure de commenter, hier.
157 téléphones cellulaires saisis à la prison de Rivières-des-Prairies en 2012-2013, soit deux fois plus que l’année précédente.
L’ex-avocate Carole Lepire serait la dernière membre du Barreau du Québec reconnue coupable de trafic de drogue en milieu carcéral. Elle a été condamnée à 32 mois d'incarcération en 1998 pour avoir introduit de l’héroïne à la prison de Bordeaux et au pénitencier de Donnacona