Chagnon répond à Bertrand

Droit-inc.com :En février dernier, Guy Bertrand vous adressait un rapport comportant une série de recommandations susceptibles d’éviter et/ou de résoudre les cas d’enlèvement et/ou de disparition d’enfants au Québec. Que pensez-vous de ce rapport?

Pierre Chagnon : Me Bertrand, qui le dit lui-même, a agi comme père et grand-père dans ce dossier et a fait un travail considérable à titre bénévole. C’est tout à fait remarquable. Personne ne peut être insensible à la disparition d’un enfant.

Me Bertrand est de plus un excellent avocat et un avocat honnête.

Maintenant, il y a un moment où l’ardeur et la passion doivent rejoindre la réalité.

Que voulez-vous dire ?

Dans son rapport, Me Bertrand propose la mise en place d’un procureur indépendant.

C’est un non sens.

Comment peut-on être procureur et indépendant à la fois? Au niveau même de la définition du terme procureur, ça ne colle pas.

Ce statut créerait en outre de multiples dysfonctionnements par rapport au principe de confidentialité et à l’utilisation des comptes en fidéicommis, par exemple.

Je pense que Me Bertrand aurait pu atteindre le même but dans le cadre du mandat qui lui était confié en se déclarant enquêteur.

Guy Bertrand vous reproche d’avoir ignoré son rapport au point de ne pas en accuser réception ?

Je le conteste. Il y a quelques mois, Me Bertrand m’a appelé pour m’indiquer qu’il allait m’adresser son rapport, en me demandant de respecter un embargo de quelques jours à réception, le temps qu’il donne une conférence de presse.

C’était un échange très courtois et je l’ai remercié pour la délicatesse.

Nous avons passé 20-30 minutes au téléphone, ce qui lui a permis de m’expliquer les tenants et aboutissants de son travail.

Si je n’ai pas accusé réception de son travail par écrit, c'est parce que je l’avais fait verbatim.

Quand j'ai ensuite disposé du rapport, je l'ai analysé avec soin, ainsi que d'autres membres du barreau.

Guy Bertrand considère que son travail a reçu un bien meilleur écho de la part de la Ministre de la Justice, et même du Premier Ministre ?

Nuance, il dit que Mme Kathleen Weil et M. Jean Charest en ont accusé réception.

Rien ne dit la suite qu’ils réserveront à ce rapport.

D’ailleurs, il y a eu des communications entre le barreau et le ministère de la justice relativement aux recommandations de Me Bertrand, et notre conclusion était identique : l’idée d’un procureur indépendant est un non sens.