Dons aux partis, portable et machine à espresso

La Presse Canadienne
2013-01-29 14:13:00

Les dons étaient plus élevés pour le parti qui était au pouvoir, mais il a expliqué que Génius voulait quand même maintenir ses liens avec le parti dans l'opposition.
"Je n'ai jamais eu cette idée-là de ne pas payer; j'ai toujours contribué à tous les partis politiques", a lancé le témoin, qui expliquait aux commissaires France Charbonneau et Renaud Lachance qu'il voulait ainsi favoriser le développement de ses affaires, bien se "positionner" pour de futurs contrats et, pourquoi pas, favoriser "la vie démocratique" en se montrant généreux envers tous les grands partis provinciaux.
Lorsque ses associés et cadres avaient versé des contributions aux partis politiques, généralement sous la forme d'achats de billets pour des cocktails ou autres activités de financement, ceux-ci étaient compensés à même leur compte de dépenses ou par des bonis ou en argent comptant, a admis M. Lalonde.
Les contributions étaient faites par chèque, en respectant les limites prescrites par la loi, parfois grâce à des prête-noms.
Le MTQ

Cet homme, Claude Millaire, a reçu des cadeaux: une caméra de 500 $, un cellier d'appartement de 1500 $, une machine à café espresso de 1500 $ et "un petit portable". De 2004 à 2010, il a même joui d'un appareil téléphonique portable dont la facture mensuelle était acquittée par Génius. Le relevé de Bell Canada a même été déposé en preuve devant la commission, confirmant les dires de M. Lalonde.
"À un moment donné, Gilles m'a dit 'écoute, peut-être qu'on pourrait lui donner un petit peu d'argent, style un pour cent ou quelque chose comme ça', alors j'ai dit okay", a raconté M. Lalonde. De "petits montants" de 2000 $ ou 3000 $ se sont donc ajoutés aux cadeaux, à l'occasion.
En février 2008, M. Lalonde lui a même donné 25 000 $ après que Génius eut remporté un appel d'offres pour un contrat de 3 millions $ sur l'autoroute 13, à Montréal.
M. Millaire lui avait dit avoir "travaillé fort" pour que Génius remporte ce contrat, mais le procureur de la commission, Me Denis Gallant, lui a appris que ce n'est même pas M. Millaire, au sein du comité de sélection, qui lui avait donné la note la plus élevée.
De façon générale, M. Lalonde a estimé que le ministère des Transports était beaucoup mieux équipé que les municipalités pour faire face aux tentatives de corruption. Le cas de M. Millaire au sein du comité de sélection était "un cas d'exception", selon lui.
Ainsi, M. Lalonde a dit disposer de moins de marge de manoeuvre pour "accommoder" des entrepreneurs en construction pour des contrats du ministère, parce que ces contrats sont plus encadrés, que des fonctionnaires y participent et que chaque "extra" doit être débattu avec un représentant du ministère.
Néanmoins, il est arrivé qu'un entrepreneur, plutôt que de lui demander de l'argent pour des "extras", lui demande d'acheter des billets pour une activité politique, a-t-il admis.
Marcil nie

M. Marcil assure n'avoir jamais reçu de somme d'argent de la part de M. Lalonde ni de qui que ce soit dans le cadre de ses fonctions.
Il a confirmé avoir rencontré les enquêteurs de la Commission Charbonneau en octobre dernier, mais insiste pour y être entendu "dans les plus brefs délais", afin, dit-il, de rétablir sa réputation.
Il a aussi précisé que pour ne pas nuire à son employeur actuel, le Groupe SM, il a décidé de se retirer complètement de la gestion des dossiers municipaux.