Faire acte de contrition

Je dois avouer que la chose me fascine. Après une carrière couronnée de succès, après une décennie passée à nier l’évidence, Lance Armstrong passe à la table des aveux.

Tous les spécialistes se prononcent sur cette sortie publique, en utilisant la lorgnette de leurs domaines respectifs.

Pour ma part, les questions d’enjeux liés à la réputation, sont mon dada et c’est sous cet angle que je propose d’analyser l’affaire.

L’auditoire cible

Toute communication a un destinataire. Qui donc est le public visé par cette opération ?

J’en déduis, de par le choix du forum, qu’il cherche à se faire pardonner du public américain.

La raison est fort simple ; la sympathie du public veut dire « ascendant » sur des consommateurs, ce qui pourrait le rendre à nouveau « désirable » pour des publicitaires… ceci explique cela.

Que vise son message

Cherche-t-il à se faire pardonner ? Ce n’est pas clair. Si tel avait été le cas, on aurait davantage entendu des excuses, des justifications sincères et une volonté de « réparer le tort causé ». Or, rien dans ce sens... Qu’une vague explication voulant qu’il contribue à perpétuer un système sans chercher à le réformer ».

J’ai beau réécouter des extraits, y repenser sans cesse, quelque chose ne colle pas. Et c’est justement là le problème. Les mots ne collent pas au personnage.

Le consultant en communications et auteur du livre « When the Headline Is You », Jeff Ansell, a une lecture semblable de la situation : « ramener à la vie la réputation de Lance Armstrong est pratiquement impossible. Armstrong a trop longtemps joué les victimes et a menti pendant de nombreuses années. Un peu d'humilité lui aurait sans doute rendu la tâche plus facile mais il a bâti sa réputation sur l'arrogance. S’il est resté un temps de la sympathie pour Armstrong, le délai de prescription a depuis longtemps été atteint. »

On a tous déjà menti. Qu’il s’agisse de pieux mensonges ou de mensonges professionnellement répréhensibles, le processus mental est le même.

On doit d’abord se convaincre soi-même avant d’arriver à tromper les autres. Hélas pour Lance Armstrong, il est probable qu’il ait cru à ses propres mensonges trop longtemps.


Note sur l'auteur :
Mathieu Rompré est le directeur Communication et Marketing chez Blakes à Montréal.