Comment se préparer à un concours oratoire?

Me Josée Therrien, avocate et médiatrice chez JTA vient de remporter le Rabat d’Or, le concours oratoire du Jeune Barreau de Québec.

Parmi les sujets on retrouvait notamment : « Les influenceurs sont-ils nos nouveaux journalistes? » ou encore « Peut-on faire confiance aux horoscopes pour prendre des décisions de vie ».

Mais c’est un sujet plus inattendu qui a permis à Me Therrien de se démarquer : « Les pâtes doivent-elles être mises dans l'eau avant ou après l'ébullition? ».

Comment s’est-elle préparée au concours? Pourquoi, selon elle, l’art oratoire est-il essentiel dans la profession? Droit-inc s’est entretenu avec la lauréate.

Pourquoi avoir choisi ce sujet sur la cuisson des pâtes? Et surtout, quel angle avez-vous décidé d’adopter?

J’ai défendu l’idée qu’on doit les mettre après l’ébullition. C’était une prestation assumée, pleine d’humour, et comme les juges l’ont souligné, assez audacieuse. Tenir dix minutes sur un sujet aussi inattendu, ça demande un certain culot… et beaucoup de créativité!

Comment vous êtes-vous préparée à ce type de concours? Est-ce que vous aviez une méthode particulière?

Dès mon entrée à la faculté de droit, je me suis tout de suite intéressée aux concours oratoires et aux compétitions juridiques. C’est une forme d’expression que j’ai toujours adoré. Je me souviens avoir remporté les débats à la faculté, ça m’a donné le goût de continuer dans cette voie. Pour ce concours en particulier, je dirais que je n’ai pas suivi une méthode traditionnelle.

Je me suis plutôt laissée guider par la créativité. Je voulais vraiment sortir des sentiers battus, aller au bout de mes idées, dépasser mes propres limites. Le discours que j’ai construit, c’est presque une suite continue d’allégories et d’images. Tout était très imagé, avec des doubles sens, des références cachées… Le public a beaucoup ri parce que chaque phrase pouvait être interprétée à plusieurs niveaux. Mon objectif, c’était que ce soit à la fois réfléchi et divertissant, que tout le monde y trouve son compte.

Si vous deviez donner quelques conseils à une jeune avocate ou un jeune avocat qui aimerait participer à un concours oratoire, qu’est-ce que vous lui diriez?

Je lui dirais de ne surtout pas hésiter. C’est une occasion unique de développer ses talents oratoires, et ça, peu importe le type de droit que l’on pratique, c’est un atout précieux. Les juges sont d’ailleurs très généreux de leur temps.

Ils offrent des commentaires constructifs et des conseils personnalisés après les prestations, ce qui rend l’expérience encore plus enrichissante. Mon principal conseil : lance-toi. Tu n’as absolument rien à perdre, et vraiment tout à gagner.

Pourquoi, selon vous, l’art oratoire est-il un outil essentiel, même au-delà de la salle d’audience? Qu’est-ce qui en fait une compétence si fondamentale dans la profession?

Parce qu’au fond, peu importe notre champ de pratique, on est toujours la voix de nos clients. Que l’on plaide ou non, on est leur porte-parole. Et pour bien défendre leurs intérêts, il faut savoir s’exprimer avec justesse, clarté et conviction. Cela dit, l’éloquence ne veut pas dire parler fort ou être théâtral. Ce n’est pas une performance sur commande.

Il ne faut pas chercher à imiter un style qui ne nous ressemble pas. Pour moi, l’authenticité est essentielle. Mon style passe souvent par une touche d’humour, parce que c’est naturel chez moi. Pour d’autres, ce sera la sobriété, ou la rigueur.

L’éloquence, c’est avant tout savoir transmettre un message avec sincérité et impact. Et quand on reste fidèle à soi-même, c’est là qu’on devient réellement percutant.