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France Charbonneau : « Le crime organisé va toujours exister »

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Radio Canada

2025-10-03 14:15:36

Aujourd’hui à la retraite, France Charbonneau a été la huitième femme à devenir procureure au Québec. Rencontre…

France Charbonneau - source : Radio Canada


Entre la lutte contre le crime organisé et celle contre la corruption, France Charbonneau a eu une carrière juridique déterminante pour le Québec. En 2002, en tant que procureure de la Couronne, elle a fait condamner le chef des Hells Angels Maurice « Mom » Boucher à la prison à vie.

Elle a ensuite été nommée juge à la Cour supérieure, en 2004, avant de présider la Commission d'enquête sur l'octroi et la gestion des contrats publics dans l'industrie de la construction, en 2011, qui sera à jamais associée à son nom.

« Je suis une femme intense », admet-elle avec le sourire.

Un procès qui a marqué le Québec

En pleine guerre des motards, France Charbonneau se joint, à titre de procureure de la Couronne, à l’escouade Carcajou et dirige le deuxième procès de Maurice « Mom » Boucher.

« La peur était omniprésente à ce moment-là au Québec », raconte-t-elle. (Les membres du crime organisé) étaient très puissants et on voyait l’arrogance de M. Boucher. Pourtant, la procureure n’avait pas peur. « Je crois au destin », explique-t-elle.


Stéphane Gagné - source : Radio Canada
Grâce aux aveux du délateur Stéphane « Godasse » Gagné, un ancien membre des Hells Angels, France Charbonneau parvient à convaincre les jurés de la culpabilité de Maurice « Mom » Boucher, ce qui mettra éventuellement fin à la guerre sanglante entre les groupes de motards.

Stéphane Gagné avait fait une introspection et il était vraiment repentant, se souvient-elle. Je savais qu’il témoignerait honnêtement, en disant toute la vérité, et c’est ce qui s’est passé.

Malgré tout, l’ancienne procureure est convaincue que le crime organisé va toujours exister. On ne réussira jamais à l’éliminer, (mais) il faut le contenir et je pense que les policiers font bien leur travail, souligne-t-elle.

Commission Charbonneau : « Ça a été le défi de ma vie »

En 2011, le gouvernement de Jean Charest annonce la tenue d’une commission d’enquête sur l’octroi des contrats publics, en réponse aux pressions populaires et politiques. C'est France Charbonneau qui est choisie pour la présider. Selon elle, l’ampleur de la corruption qui a été mise en lumière par la commission Charbonneau n’était pas anticipée.

« C’est devenu un téléroman », affirme-t-elle. « C’était pire que ce tout le monde pensait. Tout le monde est demeuré estomaqué ».

France Charbonneau à l'époque de la commission Charbonneau - source : Radio Canada / La Presse canadienne / Paul Chiasson

Dix ans après la remise du rapport final, qui contenait 60 recommandations, France Charbonneau est convaincue que la commission a eu des effets positifs. Dans les années qui ont suivi, les prix des contrats publics ont diminué de 30 %.

Elle soutient aussi que l’exercice en a été un de transparence envers les contribuables québécois.

« Le plus important, c’est ce que les gens ont vu, c’est la preuve qui a été étayée devant la population », indique-t-elle.

« Ça n'a pas été caché et ça a permis aux gens de se faire leur propre opinion ».

Que pense-t-elle de la commission Gallant qui se penche aujourd’hui sur la transition numérique de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ)? « Quand je regarde la commission Gallant, je trouve ça un peu décourageant », admet-elle.

Le juge Gallant - source : Radio-Canada / Ivanoh Demers

« J’aimerais que l’argent public soit géré comme si c’était notre propre argent », dit la juge à la retraite.

« Les personnes qui sont responsables, si elles géraient cet argent-là comme si c’était le leur, je ne suis pas certaine qu’elles alloueraient autant d’argent allègrement ».

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