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Gilbert Rozon « regrette d’avoir plaidé coupable » en 1998, ayant été « mal conseillé »

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Radio Canada

2025-06-06 10:30:50

L’ex-magnat de l'humour est poursuivi au civil par neuf femmes qui lui réclament un total de 14 millions de dollars.

Gilbert Rozon - source : Radio Canada


Au palais de justice de Montréal, jeudi, le témoignage de l'ex-magnat de l'humour Gilbert Rozon s'est poursuivi sur les regrets qu'il dit avoir pour le plaidoyer de culpabilité qu'il avait déposé, en 1998, dans une affaire d'agression sexuelle. Dans ce procès civil que lui ont intenté neuf femmes et qui a débuté en décembre dernier, le fondateur de l'empire Juste pour rire a relaté durant l'essentiel de la matinée les faits marquants de sa carrière de producteur et d'homme d'affaires, à la demande de son avocate.

Une histoire de succès et d'audace brutalement interrompue, en 1998, par « l'histoire du Manoir Rouville-Campbell », comme l'a lui-même appelée Gilbert Rozon devant la juge Chantal Tremblay de la Cour supérieure du Québec.

L'homme d'affaires a raconté qu'il était à l'étranger lorsqu'elle avait éclaté. « Mon frère m'appelle et me dit il faut que tu rentres, ça sort partout dans les médias ».

À l'aéroport, il dit avoir été accueilli par une meute de journalistes qui voulaient en savoir plus sur cette accusation d'agression sexuelle sur une jeune femme de 19 ans, qui a été déposée contre lui. Rapidement, cette histoire revêt aussi un coût financier. Elle lui fait perdre notamment le rôle de juré dans une populaire émission télévisée de divertissement en France. Surtout ses affaires en souffrent :

« On perdait quelques dizaines de milliers (de dollars) par jour. Ça a atteint 2 millions rapidement ». Gilbert Rozon dit alors avoir été mal conseillé : « On a commencé à me dire tu devrais plaider coupable », a-t-il raconté jeudi.

M. Rozon dit « en avoir voulu longtemps à ceux qui l'avaient enjoint » à déposer cet aveu de culpabilité. Il nie les allégations – allant jusqu'à la séquestration – qui avaient alors plané sur cette affaire. « Ce n'était pas vrai », a-t-il protesté jeudi en cour.

Cet épisode a jeté une ombre sur le portrait éclatant et triomphant qu'il trace de sa carrière, lui, le petit gars de la campagne, l'enfant de la Révolution tranquille qui voulait faire de Montréal la capitale mondiale de l'humour.

Une cible facile dans la foulée de #MoiAussi

Gilbert Rozon prenait la barre au lendemain du témoignage de l'ex-premier ministre du Québec Pierre Marc Johnson, durant lequel ce dernier a déclaré « ne pas avoir été surpris » que son ami soit devenu une cible dans la foulée du mouvement #MoiAussi. « C'était un homme riche, séduisant (et un) womanizer (coureur de jupons) », a dit M. Johnson en contre-interrogatoire. Jeudi, sur l'esplanade du palais de justice de Montréal, avocats, témoins et badauds ont été accueillis par une quinzaine de personnes qui dénonçaient bruyamment le témoignage de Gilbert Rozon et ceux des témoins appelés en Cour pour le soutenir.

Longue saga judiciaire

Dans l'affaire du Manoir Rouville-Campbell, la justice a accordé l'absolution à Gilbert Rozon, mais ses déboires judiciaires ne faisaient que commencer. Parallèlement, 14 femmes avaient porté plainte contre lui à la police, mais le Directeur des poursuites criminelles et pénales n’avait retenu que la plainte d’Annick Charrette. Dans cette deuxième affaire au criminel, Gilbert Rozon a été acquitté en 2020 sur la base du doute raisonnable.

Puis survint l'actuel procès : les neuf demanderesses – Patricia Tulasne, Lyne Charlebois, Anne-Marie Charrette, Annick Charrette, Sophie Moreau, Danie Frenette, Guylaine Courcelles, Mary Sicari et Martine Roy – lui réclament près de 14 millions de dollars pour des attouchements et des agressions sexuelles qu'elles disent avoir subis et qui se seraient déroulés entre 1982 et 2004.

Patricia Tulasne, qui agissait comme porte-parole des Courageuses, avait été la première à déposer une poursuite civile contre M. Rozon en avril 2021. Les huit autres femmes avaient suivi et l’ensemble des poursuites avaient été regroupées pour mener au procès qui s’est ouvert en décembre dernier et qui a été interrompu à maintes reprises en raison de débats sur des questions de droit.

Jusqu’ici, 42 témoins ont été entendus en poursuite, y compris les neuf plaignantes et sept autres femmes, dont Julie Snyder, Salomé Corbo, Pénélope McQuade et l’ex-conjointe de Gilbert Rozon, Véronique Moreau, qui ont toutes soutenu avoir aussi subi des abus de nature sexuelle de la part du défendeur. Gilbert Rozon a toujours nié les allégations qui le visaient.

Jeudi après-midi, les avocats du défendeur doivent appeler à la barre Serge Postigo, que Gilbert Rozon a décrit plus tôt jeudi comme le metteur en scène qui avait succédé à Denise Filiatrault dans la production de comédies musicales, un genre que le fondateur de Juste pour rire dit avoir toujours adoré.

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