La DPJ veut la faire taire!

Élisabeth Fleury
2025-06-18 15:00:18
La DPJ veut faire taire une avocate bien connue sur les réseaux sociaux. Pourquoi?

En plus de réclamer que Me Vivan Nguyen se conforme à un jugement, la DPJ demande à la Cour supérieure d’ordonner à l’avocate de communiquer avec Droit-inc pour… faire retirer un article.
L’article en question faisait état d’une poursuite de 2,5 millions de dollars intentée contre la DPJ par une cliente de Me Nguyen, une mère de famille qui accuse l’organisme de lui avoir fait «perdre» ses deux filles.
La DPJ a déposé le 13 juin un avis de gestion de la défenderesse dans lequel elle demande au tribunal d’ordonner à Me Nguyen et à sa cliente de se conformer à une ordonnance de non-publication, de non-diffusion et de confidentialité rendue le 9 juillet 2024.
L’organisme allègue que l’avocate a fait fi de cette ordonnance dans des vidéos diffusées sur ses réseaux sociaux. Selon la DPJ, la cliente de Me Nguyen peut facilement être identifiée dans ces vidéos et, partant, les enfants aussi.
La DPJ demande également au tribunal d’ordonner à l’avocate de communiquer avec Droit-inc afin de faire retirer l’article sur la poursuite de 2,5 millions de dollars mis en ligne le 7 juin 2024.
L’article, déplore l’organisme, identifie clairement les initiales de la demanderesse et le fait que celle-ci est la mère de jumelles.
Dans des échanges écrits avec Droit-inc et dans une vidéo, l’avocate précise que les initiales K.P. utilisées dans l’article ne sont pas celles de la mère de famille.
Me Vivan Nguyen a dénoncé la procédure de la DPJ sur ses réseaux sociaux et a répliqué avec le dépôt, le 17 juin, d’une demande en déclaration d’abus de procédure judiciaire.
Selon elle, la DPJ l’accuse faussement de violer l’ordonnance de non-publication, de non-diffusion et de confidentialité.
«Aucun nom ni visage ni information de nature à révéler l’identité des enfants n’a été révélé au public», écrit-elle dans une vidéo.
Me Nguyen souligne que le dossier de la Cour supérieure en cause est sous scellé car le nom des enfants et des parents s’y trouvent. Elle ajoute que le tribunal l’a autorisée à produire sa demande introductive caviardée sans les noms et que «le débat judiciaire demeure donc public».
L’avocate insiste: les noms sont confidentiels, pas le dossier.
«Le principe de la publicité des débats judiciaires est un pilier dans notre État de droit. La primauté du droit doit régner pour donner confiance aux justiciables», écrit encore Me Nguyen.
L’avocate estime que la procédure de la DPJ est «une tentative de baillon déguisée sous le couvert de la protection des enfants».
Me Vivan Nguyen dérange, et pas seulement la DPJ. En février dernier, l’avocate a été contrainte de fermer sa section commentaires sur Tik Tok après qu’une plainte eut été déposée auprès du Barreau concernant des témoignages positifs laissés sous ses publications, une entorse à l’article 145 du Code de déontologie des avocats.