L’art du scrum

Mathieu Rompré
2012-11-22 13:15:00

Être sur la défensive sans perdre la face, contrôler son message sans parler la langue de bois, décocher des flèches sans avoir l’air hystérique, l’équilibre n’est pas évident. Mais ici comme dans toute chose, le fait de se livrer à des exercices pratiques présente de grands avantages.
D’ailleurs, le scrum est à ce point important en politique, que les candidats à une élection, qu’ils soient candidats-poteaux ou candidats-vedettes, s’y soumettent au même titre que les policiers en formation subiront le fameux jet de poivre de Cayenne.
À l’instar des politiciens, les avocats, surtout ceux qui pratiquent le litige, doivent parfois se prêter au jeu du scrum. Les grandes causes médiatisées, les commissions d’enquête et les stratégies de négociations sur la place publique nécessitent parfois d’affronter la meute. Voici quelques conseils pour en sortir indemne :
1. Donnez des réponses courtes
Le scrum est à la fois une courte entrevue tout azimut et une compétition entre journalistes. Évitez d’engager une conversation ou un débat avec un seul journalistes Vous risqueriez d’irriter tous les autres et diminuer ainsi vos chances de faire passer votre message.
2. Ne tombez pas dans le panneau
Certains journalistes, en particulier ceux couvrant la scène politique et judiciaire, excellent dans l’art de questionner en provoquant. Ne tombez pas dans le panneau. Restez ancré à vos messages clés et à ce que vous souhaitez que l’on retienne de votre intervention. Ne réagissez pas avec agressivité et ne le prenez pas « personnel ».
3. Dictez les règles du jeu
Dans le cadre d’un scrum, l’interviewé a plus de contrôle qu’on ne pourrait le penser de prime abord. Vous pouvez déterminer dans une certaine mesure à quelles questions vous allez répondre. Des journalistes tenteront de vous accaparer en vous bombardant de sous-questions. Vous avez tout le loisir de décider de mettre un terme à cet échange bilatéral et « d’entendre » les questions des autres. Le temps peut par ailleurs être un allié précieux. Il n’est écrit nulle part que vous avez l’obligation d’attendre qu’il n’y ait plus de questions. Lorsque vous avez communiqué vos messages importants, il peut être sage de mettre fin à l’entretien en soulignant que « le devoir vous appelle ».
4. Aucune loi ne vous oblige à vous prêter à l’exercice
On a beau vouloir bien faire, il vaut mieux parfois éviter de se placer en situation où la partie est perdue d’avance. Certaines personnes ne sont tout simplement pas faites pour ce type d’entrevue en rafale. Débit lent ? Type cérébral qui prend son temps pour répondre ? Type sanguin qui prend la mouche à chaque fois qu’un reporter tente de le provoquer ? Pour ceux-ci, les inconvénients outrepassent de beaucoup les avantages. Indiquez à la « meute » que vous serez heureux de prendre rendez-vous avec chacun d’entre eux pour une entrevue sur le sujet. Et évitez ainsi la catastrophe…
Note sur l'auteur : Mathieu Rompré est le directeur Communications et marketing chez Blakes à Montréal.