Le juge veut assurer un procès juste et équitable à Jacques Delisle
Radio -canada
2021-10-22 14:46:00
Une pièce en particulier, qui fait l’objet d’un débat quant à son admissibilité en cour, a aussi été placée sous scellé. Elle ne pourra être consultée par personne, à l’exception des parties et du juge Jean-François Émond.
Le magistrat a émis ces ordonnances, vendredi matin, afin de garantir à Jacques Delisle la tenue d’un procès juste et équitable. Il répond ainsi à une requête faite par le procureur de la Couronne, Me François Godin.
Sélection du jury
Le procureur a souligné que la médiatisation des éléments de preuve, avant un éventuel procès, pourrait nuire à la sélection d’un jury impartial.
« Il s’agit d’un dossier ultra médiatisé. La publication pourrait influencer des jurés, renforcer certains préjugés et idées préconçues », a plaidé Me François Godin.
Le procureur a également rappelé que le premier procès de Jacques Delisle, où il a été retrouvé coupable du meurtre de sa conjointe, Nicole Rainville, s’est terminé en 2012.
« Des gens qui, à l’époque, avaient 10, 12 ou 15 ans, pourront être candidats jurés. S'il y a une publicité intense, il pourrait y avoir des difficultés à trouver des candidats impartiaux », a ajouté le procureur.
Nouveau procès
En avril dernier, le ministre de la Justice, David Lametti, a ordonné la tenue d'un nouveau procès parce qu'il avait des motifs de croire qu'une erreur judiciaire avait été commise dans l'affaire Delisle.
L'ex-juge de 86 ans est en liberté provisoire depuis ce temps.
Jacques Delisle a toujours clamé son innocence, affirmant que Nicole Rainville s'est suicidée avec une arme à feu lui appartenant.
Lors de son procès, le jury l’avait déclaré coupable du meurtre prémédité de sa conjointe. La défense avait alors soutenu que l’ex-juge avait été condamné à tort, en raison d’une preuve balistique erronée.
Arrêt des procédures
Il n’est pas encore certain que ce deuxième procès, où des nouveaux faits seraient présentés, aura lieu.
Jacques Delisle réclame l’arrêt des procédures judiciaires pour délai déraisonnable et abus.
Dans une requête en arrêt des procédures de 25 pages, les avocats de Jacques Delisle soutiennent que de graves fautes ont été commises.
Ses avocats souhaitent également que soient pris en considération l'état de Jacques Delisle, déjà affaibli par l'âge et 9 ans de détention, ainsi que le soutien de sa famille.
Remède draconien
La Couronne estime de son côté que l’arrêt des procédures judiciaires serait un remède draconien surtout dans le cas d’une accusation de meurtre, l’accusation la plus grave prévue au Code criminel.
Me François Godin fera valoir que la solution qui s’impose est la tenue d’un nouveau procès. Trois jours d’audience sont prévus au palais de justice de Québec, à compter du 22 novembre prochain, pour entendre la requête en arrêt des procédures.