Le témoignage d'Éric Salvail « doit être rejeté en totalité », plaide la poursuite

Jessica Chaput-Turcotte
2020-11-12 14:15:00

Selon Me Amélie Rivard, qui livre sa plaidoirie devant le juge Alexandre Dalmau de la Cour du Québec, l’ex-animateur vedette a grossièrement menti au tribunal en tentant de se présenter comme un travailleur acharné qui aimait créer des malaises dans un but humoristique.
« Il est clair que l’accusé a menti pour donner une image faussement positive. Un travailleur acharné, qui peut faire des blagues un peu limite », a-t-elle dit pour s’attaquer à la crédibilité de son témoignage. Ce dernier n’est ni crédible ni fiable, et « ne mérite pas d’être cru par le tribunal ».
« Le témoignage de l’accusé doit être rejeté en totalité et on ne doit rien retenir de ce que M. Salvail a dit au tribunal comme étant crédible. » - Amélie Rivard, procureure du DPCP
Me Rivard s’est aussi attaquée à la déclaration faite par Éric Salvail l'hiver dernier selon laquelle il « n'agresse pas les gens dans la vie », en s’appuyant sur les trois témoignages qu’elle a présentés en contre-preuve au début de la semaine.
Ces témoignages d’ex-collègues faisaient aussi état de propos sexuels déplacés, d'attouchements non désirés de la part d'Éric Salvail, qui se serait aussi exhibé devant l'un d'entre eux.
Avec ces témoignages, dit la procureure du DPCP, « vous avez la preuve qu’il agresse les gens dans la vie », a-t-elle asséné.
Me Rivard s’est aussi appliquée à assurer la crédibilité du témoignage de Donald Duguay, l’homme dont la plainte est à l’origine du procès. Il s’agit d’un ex-employé de Radio-Canada qui affirme avoir été agressé par Éric Salvail dans une toilette de son siège social montréalais en octobre 1993.
Son témoignage, durement attaqué mercredi par l’avocat de M. Salvail, est fiable « à tous les niveaux », et les contradictions qui ont pu y être relevées « n’ont pas d’impact majeur » sur sa crédibilité, a-t-elle fait valoir. « Sa mémoire est bonne, son souvenir est précis. »
L’avocate du DPCP a notamment plaidé qu’il importait peu que le dossier d’employé d’Éric Salvail montre que son lien d’emploi avec Radio-Canada avait cessé en août 1993, soit deux mois avant l’agression alléguée, puisque l’accusé avait une foule de raisons d’y revenir.
Lors de sa plaidoirie, l’avocat de l’ex-animateur, Michel Massicotte, a tenté de démolir la crédibilité de Donald Duguay, arguant qu’il était un homme capable de mentir, de répandre des faussetés et même de se parjurer. Selon lui, l’agression alléguée est une « pure invention ».
« Son témoignage n'est pas crédible et ne peut être retenu. Donc mon client doit bénéficier du doute raisonnable », a-t-il déclaré.
Me Rivard a maintenant terminé sa plaidoirie. Me Massicotte devrait présenter sa réplique en après-midi, avant que le juge Delmau ne mette la cause en délibéré.