Les 303 accusés du G20

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La Presse Canadienne

2010-08-23 20:23:00

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Ca s'est bousculé aux portes du palais de justice à Toronto. Ce lundi, les 303 personnes accusées de délits se rapportant au G20 étaient en effet toutes appelées à comparaître.
Le groupe de 303 personnes accusées de divers crimes en lien avec les manifestations au dernier sommet du G20 en juin a été revu à la baisse, lundi, après que plusieurs poursuites eurent été abandonnées lors de leur comparution devant un tribunal de Toronto.

Les personnes qui se sont présentées en cour lundi en compagnie de leur famille sont accusées d'une série de crimes reliés au sommet des 26 et 27 juin derniers, où plusieurs individus vêtus de noir ont incendié au moins cinq voitures de police et vandalisé des succursales bancaires.

Les autorités ont signalé que la majorité des prévenus défilant au tribunal avaient été arrêtés lors d'une manifestation devant le parlement ontarien, le 26 juin.

Avec 303 personnes devant défiler devant les juges, la police a indiqué qu'il s'agissait de l'une des plus importantes comparutions de masse de l'histoire de Toronto.

En dépit du nombre impressionnant de comparutions, les précédures ont été complétées vers 15 h.

Tandis que des informations circulaient à l'effet que les poursuites avaient été abandonnées contre des dizaines de personnes, un porte-parole du Bureau du procureur général a indiqué que ces données ne seraient pas disponibles avant mardi.

Les accusés se sont présentés dans trois petites salles du tribunal, où ils se massaient sur les bancs. Les files s'étendaient jusque dans le hall, où les accusés attendaient d'être appelés.

Si certains accusés n'ont fait que passer devant le magistrat, ceux dans une autre salle de cour y sont demeurés pendant presqu'une heure. Plusieurs affaires ont été reportées aux mois de septembre et octobre. D'autres ont rapidement été blanchis après que le procureur de la Couronne eut dit le mot "abandon".

Enfin, d'autres accusés se sont vus offrir une entente "de diversion", ce qui signifie que les accusations ont été abandonnées en retour d'un don à un organisme de charité.

Marc Laramée, dont le dossier a été reporté au mois d'octobre, a souligné qu'il avait reçu cette offre, mais qu'il l'avait refusée.

"Je dois payer des frais de 25 $, mais en faisant ça je reconnais que je suis coupable de quelque chose", a dit Laramée.

"Mais je ne le suis pas, alors je veux continuer le combat parce que je veux laver mon nom à 100 pour cent."

Robert Gamble, qui a vu son accusation d'avoir troublé la paix être abandonnée, a répliqué en déclarant qu'il n'aurait jamais dû être accusé.

M. Gamble a confié qu'il avait été arrêté le 27 juin à l'extérieur du domicile d'un copain au centre-ville de Toronto après avoir crié: "Arrêtez les criminels de guerre. Enquêtez sur le 11 septembre" à un groupe de policiers qui passaient par là.

"Je suis frustré qu'ils aient déposé des accusations, a commenté Gamble. Je n'ai pas l'impression que justice a été rendue."

John Norris, un avocat représentant les deux photographes du quotidien National Post qui ont vu leurs accusations d'entrave au travail d'un policier et de regoupement illégal être retirées, a déclaré qu'il était satisfait, mais que les poursuites n'auraient jamais dû être déposées contre eux.

L'avocat Peter Rosenthal a dit qu'il aimerait entendre les motifs pour lesquels la Couronne avait demandé aux 300 accusés de comparaître à la même date.

Il représentait notamment l'activiste montréalais Jaggi Singh, l'un des accusés de complot en vue de se livrer à des voies de fait, d'obstruction aux forces de l'ordre et de voies de fait contre des policiers.

Me Rosenthal a expliqué que cette décision faisait du sens pour ce groupe en particulier, mais pas pour l'ensemble des accusés.

"Il n'y a aucune raison valable pour expliquer que tous les autres accusés soient forcés de comparaître au cours de la même journée, créant ainsi le chaos, ici en cour", a-t-il confié.

Un porte-parole du Bureau du procureur général a justifié cette décision par le fait que c'était la façon la plus simple d'effectuer ces procédures.

"Lorsque nous avons rencontré les responsables judiciaires, qui sont en charge des dates de comparution, il a été déterminé qu'il était plus simple de traiter tous les dossiers le même jour", a commenté Brendan Crawley par courriel.

Des manifestants à l'extérieur du tribunal ont appelé à l'abandon de toutes les accusations.

"Ces procédures criminelles sont coûteuses, inutiles et inconvenue", a lancé Jessica Denyer lors d'une conférence de presse.

Même si la majorité des accusations ont été abandonnées dans une salle de cour, à l'autre bout du hall, dans une autre salle où les opérations se déroulaient principalement en français, plusieurs des accusés présents originaire de Montréal ont vu leur affaire être reportée à octobre.

À l'extérieur de la salle de cour, plusieurs des prévenus se sont plaints de la difficulté de devoir parcourir 550 kilomètres jusqu'à Toronto pour comparaître à différentes reprises.

"C'est vraiment ennuyeux, parce que c'est un trajet d'environ huit heures (en voiture)", a confié Marc-Antoine Baker, qui a été arrêté lors d'une descente dans une résidence de l'Université de Toronto.

La première dizaine de personnes à comparaître _ dont plusieurs proviennent du Québec _ ont vu leur affaire reportée au 14 octobre.

Un groupe de militants organise une série de collecte de fonds pour aider les accusés à payer leurs frais juridiques.

Les policiers ont indiqué que parmi les 303 accusés lors du G20 se retrouvaient une vingtaine de personnes qui avaient été arrêtées après que leur photo eut été diffusée parmi les suspects "les plus recherchés".

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6 commentaires
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Troublant
    En reportant en octobre, la Couronne a-t-elle décidé d'utiliser des mesures dilatoires avant de retirer ses accusations contre nombre de francophones qui doivent se taper plus de 1000 kilomètres de transport?

    Il est évident que le nombre d'accusations est excessif. Qu'on laisse en paix les personnes accusées à tort!

  2. Olivier
    Olivier
    il y a 15 ans
    Ça fait du sens
    "Me Rosenthal a expliqué que cette décision faisait du sens pour ce groupe en particulier, mais pas pour l'ensemble des accusés"

    Bravo!

  3. Me
    Me
    Le plus grand rêve d'un manifestant: se faire taper dessus par la Popo. Ils font tout pour y parvenir.

    Une fois cette objectif atteint, il ne reste plus qu'à se plaindre de l'autorité et de rattacher le tout aux vilains capitalistes et à la méchante mondialisation (qui a par ailleurs largement contribué à leur qualité de vie).

    En espérant que quelques uns d'entre eux se fassent coffrer...

  4. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re : Me
    > Le plus grand rêve d'un manifestant: se faire taper dessus par la Popo. Ils font tout pour y parvenir.
    >
    > Une fois cette objectif atteint, il ne reste plus qu'à se plaindre de l'autorité et de rattacher le tout aux vilains capitalistes et à la méchante mondialisation (qui a par ailleurs largement contribué à leur qualité de vie).
    >
    > En espérant que quelques uns d'entre eux se fassent coffrer...

    Oh là là là, quel délire! Que ce soit là l'objectif d'un casseur, c'est bien possible, mais étendre cette affirmation à l'ensemble des manifestants, dont le millier arrêtés à Toronto, relève d'une parfaite ignorance, à la fois de ce milieu et des règles de la démocratie élémentaire.

  5. Me
    Me
    >>>Oh là là là, quel délire! Que ce soit là l'objectif d'un casseur, c'est bien possible, mais étendre cette affirmation à l'ensemble des manifestants, dont le millier arrêtés à Toronto, relève d'une parfaite ignorance, à la fois de ce milieu et des règles de la démocratie élémentaire.


    C'est vrai que les 303 manifestants devaient se tenir loin des policiers et devaeint manifester paisiblement à la Tibétaine. D'autant plus qu'ils ignoraient sans aucun doute les larges pouvoirs confiés à la police (dieu merci) au G-20....

  6. Anonyme
    Anonyme
    il y a 15 ans
    Re : Me
    > >>>Oh là là là, quel délire! Que ce soit là l'objectif d'un casseur, c'est bien possible, mais étendre cette affirmation à l'ensemble des manifestants, dont le millier arrêtés à Toronto, relève d'une parfaite ignorance, à la fois de ce milieu et des règles de la démocratie élémentaire.
    >
    >
    > C'est vrai que les 303 manifestants devaient se tenir loin des policiers et devaeint manifester paisiblement à la Tibétaine. D'autant plus qu'ils ignoraient sans aucun doute les larges pouvoirs confiés à la police (dieu merci) au G-20....

    En fait, plusieurs d'entre eux ont été arrêtés pendant leur sommeil (digne des événements d'Octobre 70 au Québec), d'autres l'ont été alors qu'ils étaient très loin du périmètre de sécurité. Des quidams ont aussi été pris dans les mailles des filets policiers. Des journalistes se sont fait dire: "la prochaine fois qu'on vous voit, on vous arrête!"

    Bref, comme l'écrit Marie-Claude Lortie dans La Presse de ce matin, "Quand même Dalton McGuinty, premier ministre de l'Ontario (...) désavoue publiquement le travail des policiers, c'est que quelque chose a dérapé."

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