Les faits, selon le Barreau
Emeline Magnier
2015-08-19 15:00:00

Dans ce document qui comporte 411 paragraphes, le Barreau revient notamment sur les événements qui se sont déroulés les 30 juin et 1er juillet dernier.
Voici un résumé du fil des événements selon les défendeurs à la procédure :
30 juin 2015
À 11h15, la bâtonnière accorde une entrevue d'entrée de mandat à Philippe Teisceira-Lessard du Journal La Presse. Elle est alors en compagnie de Martine Meilleur, du service des communications de l'Ordre. Après une quinzaine de minutes, le journaliste lui pose une « question plus personnelle » ; « ''une rumeur court depuis un certain temps à votre sujet à l’effet que vous auriez récemment bénéficié d’un programme de déjudiciarisation, est-ce exact ?'' »;
Le visage de la bâtonnière se serait tendu et son langage non verbal aurait démontré un inconfort évident. L'échange entre Me Khuong et le journaliste aurait été le suivant :
Me Khuong : « ''Je ne suis pas sûre de comprendre de quoi vous parlez, j’essaie de comprendre ce que vous dites.'' »;
Teisceira-Lessard : « ''Est-il vrai Me Khuong que vous avez bénéficié récemment du programme de déjudiciarisation?'' »;
« ''Que voulez-vous dire?'' »
(Le journaliste fournit une définition sommaire du Programme de traitement non-judiciaire)
« ''Est-ce que vous êtes en train de dire que j’aurais fait l’objet d’une accusation pour une infraction criminelle? Je n’ai jamais fait l’objet d’aucune accusation. Vous pouvez aller voir au plumitif et vous constaterez que mon nom ne figure dans aucun dossier judiciaire'' »;
« ''On parlerait d’un vol à l’étalage'' »;
« ''Je ne sais pas à quoi vous faites allusion mais ce que je peux vous dire, c’est que je n’ai pas fait l’objet d’accusation. Je n’ai aucun dossier judiciaire''. »;
« ''Avez-vous reçu récemment une lettre du Directeur des poursuites criminelles et pénales, le DPCP?'' »;
« ''Je n’ai pas reçu de lettre du DPCP personnellement'' ».
Mme Meilleur serait par la suite intervenue pour suggérer au journaliste de revenir au sujet principal de l'entrevue, ce que ce dernier aurait accepté. Elle aurait également envoyé un message à la directrice des communications, France Bonneau :
« ''Philippe Lessard vient de sortir tout un squelette… Lu a pédalé et j’ai dû intervenir pour ramener au projet d’entrevue. On va avoir quelque chose à gérer je crois.'' »

À 12h31, la DG a envoyé un message texte à la bâtonnière lui indiquant qu'elle devait lui parler. Ce ne serait qu'une heure plus tard qu'elle aurait reçu une réponse. Lors de leur rencontre à 13h35, Me Khuong aurait indiqué qu'il s'agissait d'une erreur d'inattention, que c'était une affaire privée et qu'il était probable qu'un article soit publié.
Selon la défense, la bâtonnière aurait refusé que le CA soit convoqué comme le suggérait la DG qui lui recommandait également de s'entretenir avec ses avocats. Finalement, les administrateurs ont été convoqués pour une réunion à 16h00.
Lors de la réunion, Me Khuong aurait indiqué qu'elle s'adressait aux CA de manière confidentielle et aurait livré sa version des faits soulignant que l'événement était survenu en février ou mars 2014 et qu'elle avait reçu la proposition de déjudiciarisation en juin 2014. Elle aurait indiqué également ne jamais avoir donné sa version des faits ni fait de déclaration écrite relatant son erreur d'inattention. Elle aurait aussi refusé de fournir le « constat d'infraction » relatif auxévénements.
Selon les défendeurs, les explications fournies par Me Khuong au conseil d’administration pour établir sa distraction étaient invraisemblables et seraient incompatibles avec la version des faits qu’elle a transmise aux autorités dans une déclaration datée du 27 mai 2014.
Lors de cette réunion, Me Louis-François Asselin, cinq autres membres du CA et la directrice générale auraient questionné la bâtonnière sur les événements survenus au Simons de Laval.
Ils auraient demandé à la bâtonnière de ne plus s'adresser aux médias et de ne pas exercer de fonction officielle le temps de faire la lumière sur les événements, ce qu'elle aurait accepté.
Lors de la réunion du CA, Me Khuong aurait indiqué que le journaliste risquait de se servir des informations qu'il détenait tôt ou tard et se serait montrée inquiète quant à la sortie d'un article.
1er juillet 2015
La Presse a publié un article à 6h38 relatant que la bâtonnière avait bénéficié du programme de non-judiciarisation à la suite d' «une plainte pour vol à l'étalage » en avril 2014.
Séance de 10h15 :
À la suite de cette parution, une autre réunion du CA est convoquée ; elle débute à 10h15 et dure 45 minutes. Plusieurs administrateurs interrogent Me Khuong et lui demandent les raisons pour lesquelles elle n’a pas respecté son engagement de ne pas communiquer avec les médias, les dates de son arrestation au magasin Simons de Laval et de la réception de la lettre du DPCP lui offrant de traiter l’infraction de manière non-judiciaire et l’interrogent sur l’opportunité de sa démission.
Elle aurait de nouveau refusé de fournir « le constat d'infraction » de « peur qu'il y ait du coulage ».
Une deuxième partie de la réunion s'est alors tenue sans la bâtonnière et aurait duré près de trois heures. Une résolution visant sa démission a été prise. Pendant ses délibérations, la DG aurait reçu un courriel lui indiquant que l'arrestation avait eu lieu le 17 avril 2014, alors que Me Khuong était la vice-présidente du Barreau.
À 14h21, la DG a envoyé à Me Khuong la résolution qui traitait d'une demande de démission, faisant l'objet de la réunion spéciale de 15h00.
Séance de 15h00
La bâtonnière a refusé de démissionner après s'être « exprimée devant le conseil (…) pendant une dizaine de minutes », peut-on lire dans la défense.
Le CA a alors tenu une nouvelle séance sans elle et a décidé de la suspendre avec rémunération et avantages sociaux. Il lui aurait été permis d'être de nouveau entendue à ce sujet.
Selon la défense, l'article paru dans La Presse à 14h41 ne rapportait pas la suspension de la bâtonnière mais traitait de la demande de démission faite par le CA.
La résolution de suspendre la bâtonnière lui a été communiquée à 15h51 à la suite de la séance du CA lors de laquelle Me Khuong a refusé de démissionner.
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DSG
il y a 10 ansThe problem is that she lied. She has the right to remain silent and not answer the question. But she lied and she was caught lying. It's like Bill Clinton not invoking the 5th and stating "I did not have sexual relations with that chubby woman." It's not a question of whether the act itself is a crime. Fact of the matter is that she lied. It was enough to have Clinton impeached, it should be enough to have the Batonniere suspended.
Avocat
il y a 10 ansC'est bien beau tout ça, mais en droit c'est nul.
Le pouvoir de la suspendre de son poste de président de CA existe. Il a été exercé.
Le pouvoir de la suspendre de son poste de bâtonnière n'existe pas. Le Barreau a commis une faute grave.
Ils peuvent justifier tant qu'ils veulent l'assise solide des bases de leurs décisions... en l'absence d'un pouvoir de faire quelque chose, c'est une faute gravissime.
Point final.
Anonyme
il y a 10 ansLe pouvoir de sanctionner un membre du CA est prévu à l'article 30 du Code de déontologie des membres du CA. L'article 10 de la Loi sur le Barreau prévoit:
«Le Barreau est administré par un Conseil d'administration formé des administrateurs suivants:
a) le bâtonnier du Québec;(...)»
Le bâtonnier est membre du CA. Il est visé`par l'article 30.
Avocat
il y a 10 ansC'est deux postes distincts. Elle perd un chapeau, pas deux.
J.
il y a 10 ansCongédiement rapide sans indemnité aucune et plainte au syndic.
stéphane Minson
il y a 10 ansMerci aux membres du CA du Barreau qui se livrent sous nos yeux ébahis à une très belle démonstration du principe de Peter.
Merci de cette belle procédure que l'on peut résumer par la cultissime chanson de Gilbert Bécaud:
L'orange
de GILBERT BECAUD
(Choeur CA du barreau)
Tu as volé as volé as volé l'orange du marchand
[Bâtonnier]
Vous êtes fous, c'est pas moi, je n'ai pas volé l'orange
J'ai trop peur des voleurs, j'ai pas pris l'orange du marchand
Oui, ça ne peut être que toi
Tu es méchant et laid
Y avait comme du sang sur tes doigts
Quand l'orange coulait
Oui c'est bien toi qui l'as volée
Avec tes mains crochues
Oui c'est bien toi qui l'as volée
Y a quelqu'un qui t'a vu
[B.]
Vous vous trompez
Je courais dans la montagne
Regardant tout le temps
Les étoiles dans les yeux
Vous vous trompez
Je cherchais dans la montagne
L'oiseau bleu
Tu as volé as volé as volé as volé as volé as volé l'orange
Tu as volé as volé as volé l'orange du marchand
Y avait longtemps qu'on te guettait
Avec tes dents de loup
Y avait longtemps qu'on te guettait
T'auras la corde au cou
Pour toi ce jour c'est le dernier
Tu n'es qu'un sale voleur
D'abord tu n'es qu'un étranger
Et tu portes malheur
[B.]
Vous vous trompez
Je courais dans la montagne
Regardant tout le temps
Les étoiles dans les yeux
Vous vous trompez
Je cherchais dans la montagne
L'oiseau bleu.
J'ai pas volé pas volé pas volé pas volé pas volé pas volé l'orange
J'ai pas volé pas volé pas volé l'orange du marchand
[C.A.]
Tu as volé as volé as volé as volé as volé as volé l'orange
Tu as peur. Jamais plus tu ne voleras l'orange
[B.]
J'ai pas volé pas volé pas volé l'orange du marchand
[C.A.]
Tu as volé as volé as volé l'orange du marchand
Tu la vois elle est là
La corde qui te pendra
La corde qui te pendra.
Anonyme
il y a 10 ansA little more decorum please.
Je parle au nom de toute la profession, ébahie.
LD
il y a 10 ansLa décision du Barreau de suspendre la bâtonnière semblait prématurée mais à la lecture de ces faits, on comprend mieux!
BPL
il y a 10 ansSelon cette version, la Bâtonnière aurait menti 2 fois: d'abord au journaliste en disant ne pas avoir recu de lettre du DPCP et ensuite au CA en disant ne pas avoir fait de déclaration écrite. On se posait la question de savoir si elle avait un devoir de transparence l'obligeant d'aviser le Barreau, alors qu'elle était Vice-Présidente, de son arrestation. On se posera maintenant la question si elle avait un devoir d'honnêteté en répondant aux questions. Mieux vaut ne rien dire que de mentir, ce qui ne semble pas avoir été le cas. Le CA a peut-être été expéditif, et possiblement agit sans autorité (un juge en decider) mais la Bâtonnière ne semble pas sans reproche.
Plaideur agacé
il y a 10 ansTous ces gens nous font honte, d'un côté comme de l'autre. Qu'ils s'en aillent tous et foutent la paix aux 98% des membres qui n'ont pas voté pour eux.
Il y en a marre à la fin!
rodrigue
il y a 10 ansLa séquences des événements est encore plus négative envers le C.A. que ce que je croyais.
D'une part, il est évident que le journaliste arrivait en mission commandée. 15 minutes après l'entrevue, il talonnait déjà la Batonnière avec une information illégale.
La réaction de la D.G. donne la nausée. "cette rumeur lui « était venue aux oreilles » et qu'elle « n'osait pas les prendre au sérieux". Quoi de plus méprisant et indigne comnme réaction.
"J'avais cette information depuis longtemps, je n'ai pas eu le professionnalisme de t'en parler mais je joue maintenant à l'offusquée en l'utilisant contre toi! "
Khuong traite l'affaire correctement et maintient son droit à la confidentialité.
Les administrateurs veulent voir des documents confidentiels. Allo? Pardon? Est-ce des avocats ou des amuseurs de foule?
Khuong savait alors qu'elle avait été piégée. Certaines de ses réactions témoignent manifestement d'une certaine panique alors qu'elle comprend le degré de turpitude des gens devant elle.
Le reste est connu.
C'est absolument perturbant. Notons toutefois que le C.A. et les trolls qui publient ici lancent une nouvelle offensive et demandent ni plus ni moins la radiation de la Batônnière. Pourquoi pas, quand on est rendu là, aussi bien s'enfoncer un peu plus.
DB
il y a 10 ansMon cher Rodrigue,
Nous savons déjà que vous n'êtes pas avocat. Bien que vous ayez le droit de vous intéresser à cette palpitante affaire, il serait bien de laisser les questions de droit à ceux qui sont qualifiés pour en discuter.
Le mensonge n'est pas tolérable pour n'importe quel avocat. Il est maintenant clair que Mme Khuong a menti et doit en subir les conséquences en droit. Y compris de perdre toute capacité pour présider le Barreau. Clair? Pas besoin d'être avocat pour comprendre. Mes enfant l'ont compris.
rodrigue
il y a 10 ansLe problème, cher Monsieur, est que d'une part, ce n,est pas à vous de dire qui peut écrire sur ce site. Vous vous octroyez un droit, un peu comme le c.a. a fait en suspendant la Batônnière. On voit toute de suite les affinités.
Deuxièmement, s'il-vous-plaît, si vous n'avez pas de commentaires plus intelligent que "elle a menti", j'espère que vous comprendrez le ridicule qui vous amène ensuite à critiquer les commentaires des autres.
Jean Lord
il y a 10 ansEst-elle la seule et unique personne parmi tout ce beau monde qui est le Barreau depuis ces débuts à avoir bénéficié du programme de déjudiciarisation, je crois que non, c'était supposé resté confidentiel mais là tout le monde voit le squelette!
Michael Louvet, PEng
il y a 10 ansLe Barreau du Québec a trébuché – cela vaut mieux que de renter dans le mur!
Toute cette histoire, si on la regarde avec lucidité – en fait il y avait rien là – c’est du 30 juin au matin que tout peu repartir – de cette leçon d’histoire le Barreau peut y acquérir un sens de la responsabilité et de la cohésion inégalé et y gagner de la crédibilité et le pouvoir d’améliorer le Barreau et tout le système judiciaire Québécois avec – avocats, juges et citoyens ont tout à gagner d’une justice plus accessible et plus efficace – mais attention c’est comme si vous croyiez avoir sauté d’un avion avec votre sac à doc, et que l’on attende que vous ayez fini de vous querellez, pour vous dire que le problème n’est pas tant de savoir qui aurait pris volontairement ou non le sac à dos de l’autre, mais de ne pas s’être rendu compte que c’était pas vraiment un sac à dos, mais un parachute. (Les faits sont clairs: Les deux se ressemblaient mais le prix n’était pas le même – celui dont le prix est le plus bas ira le plus vite à descendre, ce n’est dont pas celui qui est le mieux pour apprendre à voler)!
Amusant non - maintenant si vous voulez l’ouvrir vous pouvez le faire!
Si vous avez croisé des oies sans tenter de les suivre - Bienvenue sur terre!
Pour les autres, continuez tout droit et vous arriverez en Chine!
Et voilà, ce qu’Émile Zola pourrait en dire de mieux:
«J’accuse la Ministre de la Justice du Québec de s’être rendue complice, tout au moins par faiblesse d’esprit, d’une des plus grandes iniquités du siècle.
J’accuse le procureur aux poursuites criminelles et pénales de la province de Québec d’avoir eu entre les mains les preuves certaines de l’innocence de Me Lu Chan Kuong et de les avoir étouffées, de s’être rendu coupable de ce crime de lèse-humanité et de lèse-justice, dans un but politique et pour sauver la partisannerie au sein d’un état compromis.
Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice»