L’ex-juge Delisle en procès pour meurtre

Le 12 novembre 2009, Marie-Nicole Rainville, 71 ans, était retrouvée sans vie, morte d’un coup de feu à la tête, dans sa résidence du chemin Saint-Louis. Sept mois plus tard, un mandat d’arrestation était lancé contre son conjoint, accusé d’avoir mis fin à ses jours.

Celui qui a été nommé juge à la Cour supérieure en 1983 puis juge à la Cour d’appel en juin 1992 comparaissait le 15 juin 2010. Sa présence dans le box des accusés avait créé une onde de choc dans le milieu : c’était la première fois au pays qu’un juge faisait face à une accusation de meurtre.

Du jamais-vu

« Quant à moi, c’est du jamais-vu. Ça fait 30 ans que je pratique et je n’ai jamais vu un juge être accusé de meurtre. On a déjà vu des facultés affaiblies, d’autres qui se sont trouvés dans des maisons de débauche, mais un meurtre, jamais », confirme l’avocat criminaliste Rénald Beaudry, qui a plaidé à de nombreuses reprises devant l’accusé, par le passé.

La défense de Jacques Delisle, qui a célébré ses 77 ans la semaine dernière, a été confiée à Me Jacques Larochelle, avocat bien connu au Québec pour avoir pris part à différentes causes fortement médiatisées. Le 23 juin 2010, l’accusé, qui n’a cessé de clamer son innocence dans cette affaire depuis, était remis en liberté provisoire sous différentes conditions.

Démission d’un procureur

S’en sont suivi quelques requêtes devant le juge Claude Gagnon, dont les contenus sont frappés d’une ordonnance de non-publication à ce jour. L’enquête préliminaire, prévue pour mars 2011, s’est finalement tenue deux mois plus tard, à la suite de la démission d’un des procureurs de la Couronne dans cette affaire.

Le dossier avait finalement été relayé à Me Steve Magnan, pour la poursuite. Alors qu’une dizaine de témoins avaient été entendus lors de l’enquête préliminaire, Me Larochelle causait la surprise générale en annonçant le mois suivant que son client renonçait à la poursuite de cette étape et qu’il était prêt à passer directement au procès.

Une première date de procès avait donc été fixée pour mars 2012. Des problèmes de santé évoqués par l’avocat de la défense avaient toutefois forcé un report en mai, le menant à ce matin.

Jurés neutres

Le procès, d’une durée prévue d’un mois, devrait débuter avec la sélection des 12 jurés, qui auront à trancher de la culpabilité ou non de l’accusé. L’exercice pourrait toutefois être un peu plus ardu qu’à l’habitude, selon Me Rénald Beaudry, étant donné que l’affaire a fortement été médiatisée. « C’est de trouver des jurés qui, même s’ils ont entendu parler de l’affaire, sauront rester neutres », a-t-il expliqué.