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Plus de diversité sexuelle diversité sexuelle et de genre dans la communauté juridique

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Audrey Bonaque

2021-11-04 10:15:00

Un jeune avocat de McCarthy Tétrault siège à la direction d’un comité provincial de l’Association du Barreau canadien. Entrevue exclusive avec…
Me Karl Boulanger. Source: Shutterstock et site web de McCarthy Tétrault
Me Karl Boulanger. Source: Shutterstock et site web de McCarthy Tétrault
Depuis octobre dernier, Me Karl Boulanger copréside la section de la conférence sur l’orientation et l’identité sexuelles (CORIS) de l’ABC.

Créée en 2013, cette section rassemble les juristes gais, lesbiennes, bisexuels et transgenres. Elle traite des questions juridiques liées à l’orientation sexuelle et l’identité des genres. Elle offre à ses membres des formations et des évènements pour se développer professionnellement.

En plus de pratiquer au sein du groupe de litige au cabinet McCarthy Tétrault, Me Boulanger s’implique à la direction du comité exécutif de la section CORIS.

Droit-inc s’est entretenu avec lui pour en savoir plus sur son nouveau mandat.

Qu’est-ce que la section CORIS et quelle est sa principale mission ?

Cette sous-section de l’ABC-division Québec regroupe des membres qui ont intérêt à promouvoir les enjeux et la diversité sexuelle des genres dans le milieu juridique. Elle permet aux membres appartenant à la même communauté LGBTQ+ de se rejoindre et de développer des affinités.

Nous avons pour mission de rendre la CORIS plus active dans le milieu juridique et de prendre des prises de paroles pour se prononcer sur les enjeux qui concernent non seulement nos membres, mais aussi la population en général.

Pourquoi êtes-vous engagé dans cette section en particulier ?

Je suis un avocat gai. Depuis 2018, je siège aussi au Conseil d’administration de Fierté Montréal. Cette implication était moins juridique et j'ai toujours eu à cœur les enjeux qui visaient la communauté sur la diversité sexuelle et des genres.

Être dans la CORIS est une façon de poursuivre cette implication auprès de membres de la communauté LGBTQ+ avec un angle un peu plus juridique. C’est aussi l’occasion de prendre la parole sur des enjeux importants et de réfléchir à comment le droit peut affecter les gens.

En quoi consiste votre mandat à titre de co-président ?

Avec mon collègue et coprésident Terry K. Lapierre, notre mandat est de coordonner les activités du comité exécutif, composé de membres pratiquant dans toute la province. Avec la pandémie, les activités pour de nombreuses personnes ont été réduites. Il y a eu une surcharge de travail et les avocats avaient moins de temps pour s'impliquer.

Je souhaite ainsi dynamiser cette section en organisant davantage d'activités socio-politiques et des discussions dans les universités. Quand j’étais étudiant, j'ai cofondé le Comité diversité de la Faculté de droit à l'Université de Sherbrooke parce que je trouvais qu'il manquait cette diversité. On ne voyait pas assez de personnes de la profession juridique qui étaient actives dans ce domaine.

En organisant des conférences et cocktails dans les universités, les étudiants ou autres personnes intéressées par le droit seront plus rassurés et verront une certaine évolution dans la profession juridique. Mon mandat sera rempli si je réussis à coordonner le tout et si je réussis à apporter un petit vent nouveau dans la CORIS.

Quels sont les projets à venir ?

Le projet de loi 2 a changé l'orientation qu'on souhaitait donner à la section. Présentement, on voulait travailler sur la programmation des activités en 2022. Mais, d’ici la fin 2021, on va se concentrer sur les enjeux soulevés dans le projet de loi 2.

Ce projet de loi est un recul immense pour les communautés transgenres et non-binaires. On ramène la nécessité possible de procéder à une intervention chirurgicale pour avoir un changement de mention de sexe. On ne reconnaît pas la pluriparentalité et on oblige la détermination du sexe des bébés intersexes à la naissance, bien que les marqueurs sexuels puissent être ambigus.

Avec les autres sections de l’ABC, on a l'intention de produire en mémoire. Je vais m'assurer qu'on y ajoute tous les témoignages et réalités des personnes visées. J'ai évidemment plein d’idées et souhaite les soumettre à mes collègues.

Pour l’année prochaine, je vais travailler pour que la CORIS se retrouve dans les universités et qu’elle soit plus fréquemment consulté pour discuter des différents enjeux. On a besoin de juristes qui réfléchissent sur les enjeux identitaires. J’aimerais que la CORIS devienne un petit panel d'experts qui se spécialisent sur les questions identitaires en matière juridique.

Quels sont les principaux enjeux qui touchent la communauté dans les milieux juridique et sociétal ?

Il y a un manque de représentativité et de diversité incluant la diversité sexuelle et d’identité des genres dans la société. Il y a peu de gens issus de la diversité dans les universités et dans les milieux de travail. C’est paradoxal car il y a de plus en plus de clients qui requièrent avoir recours à des prestateurs de services oeuvrant dans la diversité.

Personnellement, mon employeur fait preuve d'énormément d'initiative à cet égard. Cependant, il y a un manque de représentativité dans la profession juridique. Je ne suis pas une personne transgenre ou non-binaire mais ces personnes en particulier sont les moins représentées et on ne les voit pas du tout. Il faudrait trouver une façon de faciliter leur coming out.

Selon vous, est-ce qu’il y a d’autres enjeux qu’on oublie de mentionner ?

Oui, il y a un manque d'éducation et de sensibilisation dans le milieu juridique. Certains membres de la CORIS ont commencé à offrir des formations, à la demande de l’ABC, sur la question de la diversité sexuelle et des genres.

D’autres membres offrent des formations aux juges de la Cour du Québec, de la Cour d'appel et aux juges administratifs. C’est une avancée magique ! Les juges cherchent de plus en plus à s'éduquer sur ces questions pour éviter d'avoir des préjugés.

Mais il y a encore beaucoup de travail à faire. Il faut adopter des politiques d'inclusion et les appliquer. En se concentrant sur ces enjeux, le nombre de personnes issus de la communauté LGBTQ+ va augmenter dans la profession.

Qu’avez-vous à dire aux membres qui souhaitent s’impliquer dans la CORIS ?

Nous invitons tous les membres qui se sentent concernés par les enjeux identitaires. On aimerait avoir des juristes, des avocats, des étudiants en droit qui ont envie de commenter et de prendre une position sur ces différents sujets.

Il nous fera plaisir de les intégrer au groupe et de les impliquer au sein des activités sociales ou plus politiques. C’est important de retrouver des gens qui partagent une identité similaire, qui partagent les mêmes enjeux, les mêmes problèmes et les bons coups. Et ce peu importe l’âge, la position professionnelle et d'autres facteurs.
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 3 ans
    "On a besoin de juristes qui réfléchissent sur les enjeux identitaires."
    Les enjeux identitaires signifiaient une chose dans les années 60-80, même si les avis étaient partagés, entre Me Paul Gérin-Lajoie, Me Bernard Landry, Me Claude Béland, Me Marc-André Bédard, ..., d'une part, et Me Trudeau, Me Chrétien, Me Lalonde, ..., d'autre part, et ça donnait lieu a des débats publics passionnés, et une couverture médiatique diversifiée.

    Aujourd'hui il n'y qu'un enjeu identitaire ayant droit de cité dans les débats publics et les médias, tous sont priés d'avoir le même avis, et il est centré sur la maison close LGBTiste plutôt que sur l'intérêt national.

    Quel progrès !

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