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Un avocat, bon samaritain, libère de l’enfer une vingtaine de copropriétaires

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Bruno Montpetit

2024-02-07 15:00:58

Après cinq années de longues procédures, un avocat vient à bout d’un propriétaire véreux. Il explique tout à Droit-inc…

Me Vincent Ranger

Une vingtaine de copropriétaires résidant au 10355 avenue Bois-de-Boulogne à Montréal ont remporté une longue bataille judiciaire face à un propriétaire véreux. Le 15 janvier dernier, après une saga juridique de cinq ans, Me Vincent Ranger, avocat principal chez Per Curiam, a obtenu gain de cause en Cour supérieure du Québec, face à Maher Balabanian.

Me Ranger a représenté pro bono des résidents à bout de ressources et au bord de la déprime. Il a supporté moralement durant ses longues années des copropriétaires qui ont subi les pires insultes.

« Cette cause venait me chercher comme avocat. Je n’en croyait pas mes oreilles lorsque j’écoutais les histoires des gens », souligne Me Ranger.

Maher Balabanian, propriétaire de la tour d’habitation de 119 condos, vendait des unités et agissait aussi à titre de prêteur hypothécaire privé.

Un plan machiavélique

Épaulé par son frère, Jean Balabanian, Maher Balabanian refusait de collaborer avec les autres copropriétaires. Il était l’actionnaire majoritaire et décidait de tout. Il imposait des frais de copropriétés très élevés alors que lui, qui possédait 80 unités, ne payait pas sa juste part. Son frère insultait, criait et épiait même des conversations aux portes des résidents..

Un coup totalement épuisés, plusieurs ont vendu leur appartement pour la somme restante de l’hypothèque contractée auprès de Maher Balabanian. Tatiana Safanova a payé 198,000$ et elle l’a cédé pour la somme restante de l’hypothèque, soit 146,460$ à Maher Balabadian, sept ans plus tard. Ce stratagème s’est répété plusieurs fois.

Droit-inc a tenté de joindre M. Balabanian, sans succès.

Une grande libération et des compensations

La Juge JANICK PERREAULT a ordonné dans son jugement à Monsieur Balabadian de mettre l’édifice en vente afin de compenser les copropriétaires qui ont intenté des recours juridiques. Au total la somme de 5,9 M$ sera versée aux demandeurs en guise de compensation pour les dommages psychologiques et la perte de valeur des condos.

« J’ai senti un grand soulagement lorsque le jugement a été prononcé. On a réussi à garder le moral durant tout ce temps. Les copropriétaires ont été très courageux dans cette affaire», ajoute Me Ranger.

Six questions à Me Ranger

Pourquoi avez-vous défendu gracieusement les plaignants?

Cela dépasse le droit. Je ne pouvais pas accepter que des gens subissent du harcèlement psychologique. Les condos étaient en mauvais état et le propriétaire, Monsieur Maher Balabanian ne faisait rien. Ce n’est qu’un petit exemple de ce que les copropriétaires ont enduré durant cinq ans.

Pourquoi la cause a duré si longtemps?

Monsieur Balabanian faisait de l'opposition systématique.C’était très lourd. Les copropriétaires ont beaucoup douté devant une telle lenteur. On a finalement obtenu une instance en procédure dilatoire. Cela signifie qu’un juge est nommé afin de permettre le bon déroulement du dossier étape par étape. La juge Chantal Tremblay a pris les choses en main et cela a grandement accéléré les démarches suivantes.

Comment avez-vous bâti votre dossier?

Ce fût un travail de moine. Il y avait tellement de procédures, de demandes et de plaintes de tous genres de la part des copropriétaires. Le temps de colliger l’information et de monter un dossier solide. C’était compliqué, Monsieur Balabanian agissait de façon très cavalière. Plusieurs copropriétaires étaient carrément terrorisés. On devait démontrer qu’ils ont vécu un long cauchemar.

Les copropriétaires ont-ils douté du système de justice?

Ils ont douté par moment car c’était très pénible. Ils ont dit que la justice était une arme que le propriétaire utilisait pour les épuiser. C’est un point majeur. On ne veut pas comme avocat que les gens craignent le système de justice. Finalement, la décision a soulagé tout le monde. Ils ont repris confiance envers l’appareil judiciaire.

Avez-vous obtenu des compensations importantes pour les copropriétaires?

Le jugement rendu par la juge Janick Perreault ordonne la vente de l’immeuble. Les demandeurs se partageront la somme globale de 5,900,014$ pour compenser la perte de valeur des condos et pour les dommages psychologiques qu’ils ont subi. Cela peut paraître un montant important mais ils ont vécu dans l’angoisse durant cinq longues années.

Que retenez-vous de toute cette saga?

La patience est le mot clé. On ne doit jamais abandonner lorsqu’on est convaincu d’être honnête dans notre démarche. J’espère que cela pourra aider d’autres personnes embourbées dans de longs processus juridiques. On peut penser qu’on pourra instaurer une instance en procédure dilatoire plus aisément dans des causes qui s’étirent en longueur. C’est très frustrant pour des citoyens de traverser une telle épreuve. Le temps use les gens.

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