Un ex-avocat prend le chemin de la prison

Le juge Christian Boulet a mentionné qu'il n'avait pas le choix d'envoyer Stéphane Fortin en prison, car il s'agit d'abus de confiance provenant d'un officier de justice et la sentence doit être un moyen dissuasif.

Stéphane Fortin, âgé de 30 ans, a été trouvé coupable de fraudes et de fabrication de faux documents, tels des jugements, déclarations sous serment, chèques et faux mandat d'aide juridique.

L’accusé a été assermenté comme avocat en janvier 2006. Son premier employeur a été la firme d’avocats Paradis Dionne de Thetford Mines.

L'un de ses premiers clients voulait contester une simple contravention à la cour municipale. Stéphane Fortin ne s'est pas occupé du tout du dossier de son client et un jugement le condamnant a été émis contre lui. La police l’a arrêté et sa voiture a été remisée pendant un mois et demi. L'avocat a rédigé une fausse rétractation de jugement en imitant la signature du juge de la cour municipale et l'a fait parvenir à la Société de l'assurance automobile du Québec.

Pour une autre de ses clientes en matière matrimoniale, il a fabriqué « une convention intérimaire sur mesures provisoires ». Ce genre de document signé par un juge commande le versement sur-le-champ d'une pension alimentaire en attente d'un jugement final.

La plus grave de ses frasques est survenue lorsqu'un couple voulait obtenir un dédommagement pour vice caché sur un immeuble qu'il venait d'acquérir. Fortin a fait croire au couple pendant plusieurs mois qu'il négociait avec l'avocat de la partie adverse et qu'un règlement de 23 500 $ était sur le point de survenir. Finalement, Fortin leur a donné un chèque de 23 500 $ qui était faux.

Le couple s'est aperçu que Stéphane Fortin n'avait fait aucune démarche et le prétendu avocat de la partie adverse ne pratiquait même pas, étant un professeur de droit à l'université de Sherbrooke. Le couple a porté plainte au Barreau et M. Fortin a été radié pour une période de neuf ans.

Le psychiatre Pierre Gagné est venu témoigner en juin dernier pour dire que Fortin, après son stage dans un cabinet d’avocats, n'a pas été en mesure d'assumer son rôle et a pris panique. Il s'est retrouvé en dépression.

La procureure aux poursuites criminelles et pénales, Caroline Munger, réclamait de la prison ferme.

« Je suis satisfaite de la décision. Le message est clair : on est des officiers de justice et il faut se comporter pour que le public ait confiance en nous. »

Pendant ses démêlés judiciaires, Fortin est retourné sur les bancs d’école pour obtenir un baccalauréat en enseignement de l’histoire. À la fin du prononcé de la sentence, il a été immédiatement conduit en cellule.