États-Unis: le juge progressiste de la Cour suprême Stephen Breyer va se retirer
Didier Bert
2022-01-27 12:00:00
Le magistrat de 83 ans, qui occupe ce poste depuis près de 28 ans, a l'intention de se retirer à la fin de la session en cours, qui se termine le 30 juin. Il devrait annoncer sa décision à la Maison-Blanche d'ici peu, ont rapporté mercredi plusieurs médias américains en s'appuyant sur des sources anonymes.
La porte-parole de la présidence, Jen Psaki, a assuré dans un tweet « ne pas avoir de détails ni d’informations" à ce stade, soulignant qu'il revenait aux juges de la Cour suprême de décider quand ils veulent partir et « de l'annoncer comme ils l’entendent ».
La Cour suprême n'a pas répondu aux sollicitations de l'Agence France-Presse.
Mais, sans attendre, le chef démocrate du Sénat, Chuck Schumer, s'est dit prêt à organiser « rapidement » une audience de confirmation pour son successeur.
Course contre la montre pour les démocrates
Stephen Breyer, un magistrat brillant connu pour son ton espiègle, est depuis des mois sous une intense pression, plusieurs voix à gauche l'appelant à démissionner avant le scrutin de novembre lors duquel les démocrates risquent de perdre le contrôle du Sénat.
La Constitution américaine prévoit en effet que les neuf sages de la Cour suprême soient nommés à vie par le président et confirmés par la chambre haute du Congrès.
Et les républicains ne cachent pas qu'ils pourraient bloquer un candidat choisi par Joe Biden s'ils reprennent la majorité au Sénat, comme ils l'ont fait en 2018 quand Barack Obama a tenté de pourvoir un poste ouvert par le décès d'un des magistrats.
Stephen Breyer a jusque-là refusé de dévoiler ses intentions, déclarant simplement qu'il n'avait « pas l'intention de mourir à la Cour ». Si son départ se confirme, une femme noire devrait, pour la première fois dans l'histoire, faire son entrée au sein du temple du droit américain.
Joe Biden, qui a été élu grâce au soutien des électeurs noirs, a en effet promis que, s'il en avait l'occasion, il nommerait une Afro-Américaine au sein de la haute juridiction. Les noms de Ketanji Brown Jackson, magistrate à la Cour d'appel fédérale de Washington, et de Leondra Kruger, juge à la Cour suprême de Californie, circulent avec insistance.
Un net virage à droite
Les nominations à la Cour suprême, qui arbitre la plupart des grands sujets de société aux États-Unis, sont l'objet depuis quelques années de féroces batailles politiques.
Lors de son mandat, le républicain Donald Trump a fait entrer trois juges en son sein, ce qui a solidement ancré l'institution dans le conservatisme. Leur influence s'est fait particulièrement ressentir depuis septembre, avec un net virage à droite.
Le temple du droit a déjà invalidé l'obligation vaccinale dans les grandes entreprises décrétée par Joe Biden et semble prêt à revenir sur le droit à l'avortement, à élargir le droit au port d'armes ou encore à démanteler certaines régulations environnementales.
Même si le remplacement du juge Breyer ne modifie pas les équilibres en son sein, l'annonce de son probable départ a immédiatement mis Washington en ébullition.
Le sénateur républicain Lindsey Graham a déjà laissé entendre qu'aucun membre de son parti ne soutiendrait le futur candidat de Joe Biden. Son confrère démocrate Dick Durbin espérait, lui, que le prochain juge « apporte diversité, expérience et une approche équilibrée de la justice » au sein de la Cour.
Pirlouit
il y a 2 ansAmusant ça, juste quand la Cour va se repencher sur la discrimination dite positive.
Anonyme
il y a 2 ansSi le juge Breyer ne s'était pas retiré il aurait donc entendu l'affaire portant sur la discrimination positive ? Puisqu'il est décrit comme un juge progressiste on peut penser qu'il aurait rendu un jugement similaire à celui ou celle que Joe Biden nommera pour le remplacer ? Donc ça ne change absolument rien ? Alors c'est quoi votre point au juste ? Outre de tirer le débat vers le bas ? Très, très faible (comme toujours).
Pirlouit
il y a 2 ansJe ne sais pas si c'est une (mauvaise) blague mais je vais répondre quand même.
Donc mon point c'est que la femme noire qui sera une future juge à la Cour suprême des États-unis bénéficiera de discrimination soi-disant positive pour obtenir son poste et qu'elle jugera justement sous peu une cause de discrimination soi-disant positive sous peu. Conflit d'intérêts ou juste un fait coquace, à vous de choisir, si vous avez compris cette fois.