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Guerre en Ukraine : l'absence de femmes à la table de négociation est une grave erreur

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Pascal Paradis

2022-03-31 11:15:00

Un article du Directeur général d’Avocats sans frontières Canada…
Pascal Paradis, l’auteur de cet article. Source: LinkedIn
Pascal Paradis, l’auteur de cet article. Source: LinkedIn
La semaine dernière se tenait la quatrième séance de négociation de pourparlers entre le conseiller présidentiel ukrainien, Mikhaïlo Podoliak, et son homologue russe, Vladimir Medinski.

Attardez-vous à la photo et à celles des trois premières séances. On ne peut qu’être frappé par l’absence de femmes à la table de négociation.

L’invasion de la Russie en Ukraine a un impact dévastateur sur les femmes et les filles qui, en temps de conflit, sont particulièrement exposées à des violations des droits humains. Les attaques illégales perpétrées par les forces armées russes contre les établissements de santé pourraient priver jusqu’à 80 000 Ukrainiennes enceintes d’accès à des soins de santé essentiels, brimant leurs droits reproductifs. L’utilisation de violences sexuelles visant les femmes comme tactique de guerre a déjà été rapportée dans certains villages occupés par l’armée russe. De plus, les femmes représentent la majorité des déplacé.e.s internes et sont fortement à risque de subir des violences basées sur le genre. Les prochaines décisions qui affecteront leur vie et leur sécurité ne devraient pas être prises pour elles, mais par elles.

Depuis les premiers événements survenus en Crimée en 2014, les Ukrainiennes jouent un rôle primordial au sein d’organisations de la société civile et participent activement aux mouvements pour le maintien de la paix. Elles mènent de front la réponse humanitaire, que ce soit comme psychologues, militantes, journalistes ou au sein du personnel médical. Elles représentent plus de 20% de l’armée ukrainienne et du Parlement ukrainien.

Alors, pourquoi aucune femme ne se trouve-t-elle autour de la table de négociation?

La participation des femmes dans tous les aspects liés au maintien, au rétablissement et à la consolidation de la paix est un concept fortement ancré dans le droit international. En 2000, le Conseil de sécurité a adopté à l’unanimité la résolution 1325 et a demandé expressément aux États de renforcer la participation des femmes et des filles à toutes les actions pour le maintien de la paix et de la sécurité. Depuis, neuf autres résolutions ont été adoptées par le Conseil de sécurité – solidifiant l’Agenda Femmes, Paix et Sécurité des Nations unies et les engagements pris par les États.

Par ces résolutions, tant la Russie que l’Ukraine sont légalement tenues d’assurer une plus grande représentation des femmes au sein des mécanismes et institutions décisionnels pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, à tous les niveaux. Respecter l’Agenda femmes, paix et sécurité signifie également que les deux États sont tenus d’intégrer une perspective de genre dans toutes leurs stratégies et opérations visant la sécurité et la paix et de s’assurer que les besoins spécifiques des femmes et des filles soient pris en compte.

Au-delà du droit international, l’expérience des dernières années a également mis en évidence l’importance d’inclure les femmes au sein des processus de maintien de la paix et de la sécurité. En Colombie, l’inclusion des femmes aux pourparlers de paix, à la suite des pressions exercées par des groupes féministes, a permis de faire entendre leurs demandes et de consolider un processus de paix qui considère les questions de genres. En Afghanistan, l’exclusion des femmes du processus de négociations, fortement décriée depuis des années par les militantes afghanes, a été jugée comme l’une des causes de l’échec d’un processus de paix.

En excluant les femmes, en Ukraine ou ailleurs, ce sont les préoccupations de plus de la moitié de la population qui sont ignorées.

Tous les regards sont maintenant tournés vers les négociations entre l’Ukraine et la Russie. Le Canada, qui s’est doté d’une Politique d’aide internationale féministe, ne devrait pas hésiter à suggérer à ses homologues ukrainien et russe la participation active des femmes à la table de négociation: une condition essentielle pour une paix durable et la construction d’une société plus inclusive.

À propos de l’auteur

Pascal Paradis est l’un des trois membres fondateurs d’ASFC, dont il est également le secrétaire du Conseil d'administration.
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1 commentaire
  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a 2 ans
    Annoyed
    People are dying and your concern is that there are no women at the negotiation table?? Get a grip Lefties; you people need to realize that this type of argument is hurting your point of view more than helping. You are insinuating that whatever outcome from these negotiations are going to be bad because women were not involved (failed! it's because no women were involved / successful but aid is taking longer than expected! must be because not enough women where there to negotiate the right timeline).

    Are you saying that the men who are there do not care about the bombs hitting maternity wards? or refugees?

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