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Les avocates aux gros bras
Agnès Rossignol
2014-09-23 15:00:00
Le casque sur la tête, armées de perceuses et marteaux, neuf avocates se sont transformées en ouvriers de la construction pour offrir une maison à des familles dans le besoin ...
Mes Mira Gauvin, Mylène Lemieux, Suzie Lanthier, Véronique Éthier, Francine Martel, Josée Gervais, Julie Desrochers, Laura-Emanuela Gheorghiu et Mila Badran ont relevé leurs manches et mis leur casque de chantier, armées de perceuses et marteaux.
« J'ai été contacté par une personne de mon entourage qui avait aidé à la construction d'une maison avec Habitat pour l'humanité à l'extérieur du Canada. J'ai immédiatement dit oui et j'en ai informé les avocates du cabinet avec qui nous avons formé un petit groupe », explique Me Suzie Lanthier, avocate en litige civile et commercial et responsable de l'équipe Les Bâtisseuses de Gowlings.
Elles ont fait partie des 100 femmes qui se sont relayées pendant 10 jours sur les chantiers de deux maisons - l'autre étant située à Saint-Eustache -, afin d'offrir un toit à des familles dont les revenus sont insuffisants pour se procurer un logement acceptable.
Une grande première
C'est la première fois que le programme Les Bâtisseuses se déploie au Québec. Il vise aussi à promouvoir la présence des femmes dans le secteur de la construction en organisant des chantiers où la majeure partie de la planification et de l’exécution sont menées par des femmes bénévoles.
Les neuf avocates étaient divisées en trois équipes, supervisées par deux professionnels de la construction et épaulées par une étudiante au doctorat en urbanisme qui s'assurait que Les Bâtisseuses mangent bien et prennent des pauses.
De 8h30 à 16h, l'une des équipes a travaillé à la construction d'un sous plancher au sous-sol, une autre à l'installation du gypse au plafond et la troisième dont faisait partie Me Lanthier s'est attachée à construire la charpente d'un mur de l'édifice.
« Les personnes d'Habitat pour l'humanité n’avaient pas trop d’attentes comme nous sommes avocates », indique Me Lanthier reconnaissant que de leur côté elles ne savaient pas trop à quoi s'attendre non plus.
Prêtes à renouveler l’expérience
Il s'agissait en effet d'une première expérience dans le domaine pour chacune d'elle. « Mais nous sommes habituées à travailler de longues heures et lorsque nous avons quelque chose en tête, nous allons jusqu'au bout », souligne l'avocate.
« Au début nous avions de la difficulté à décrocher de notre travail, nous regardions notre téléphone, mais au bout d'une heure nous étions complètement dans notre projet. Nous ne voulions pas prendre de pause, et lorsqu'est venu le temps de ranger les outils nous voulions continuer à travailler. »
À la fin de la journée, les membres de l’équipe étaient enthousiastes, contentes d'avoir participé. Certaines ont même fait part de leur souhait de créer un groupe avec leur entourage pour retourner sur un autre chantier.
Malgré l’engouement, l'activité n'a toutefois pas suscité de vocations. Les avocates ne sont pas prêtes à troquer leurs manuels de droit contre une perceuse. « Je vais appliquer mes nouvelles connaissances chez moi la fin de semaine », indique Me Lanthier qui avoue avoir eu quelques courbatures.
Agir plutôt que de signer un chèque
En plus de donner temps et efforts, chaque participante devait collecter un minimum de 250 dollars pour soutenir la cause d'Habitat pour l'humanité. Au total, 7 500 dollars ont été amassés en cinq jours à l'issue d'une campagne effectuée par courriels au sein du cabinet.
« L'appel a été fructueux. Les gens ont beaucoup donné en peu de temps et nous avons reçu beaucoup d’encouragements ! », se réjouit Me Lanthier.
Mais au-delà des dons, c'est l'aspect concret de l'activité que l'avocate retient : « Il ne s'agit pas uniquement d'une levée de fonds, nous avons aussi donné de notre temps à aider des familles dans le besoin. On voit ainsi l'impact direct dans la communauté. Ce n'est pas un engagement très exigent et c'est plus gratifiant que de signer un chèque. »
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