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Insatisfaits de leur hôpital, des vétérans poursuivent Québec et Ottawa

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Radio -canada

2019-06-05 08:45:00

Plusieurs d'entre eux ont bravé le feu des Allemands pendant la Deuxième Guerre mondiale. Soixante-quinze ans plus tard, ils combattent pour maintenir le niveau de service à l'ancien hôpital militaire…
Wolf Solkin, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale Photo : Radio-Canada / Davide Gentile.
Wolf Solkin, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale Photo : Radio-Canada / Davide Gentile.
Ottawa a cédé l'établissement militaire au Québec en 2016 et a versé des millions pour que les anciens combattants y conservent des services de haute qualité. Mais ces vétérans affirment que le niveau des services décline et qu'il manque de personnel anglophone.

Earl Kennedy a encore une flamme au fonds du regard quand il évoque le débarquement du 6 juin 1944. « On a fait du bon travail », dit celui qui a notamment été décoré de la Légion d'honneur par la France.

Vendredi à 18 h, il quittait Montréal pour assister aux commémorations en France. Mais quelques heures plus tôt, l'homme de 95 ans était en réunion avec d'autres vétérans, qui veulent préserver la qualité des services à l'hôpital Sainte-Anne.

« Les gens sont négligés », affirme M. Kennedy. Comme plusieurs autres, il note un déclin de la qualité des services depuis qu'Ottawa a cédé l'établissement au Québec en 2016. Et ce, malgré le fait qu'Ottawa ait versé au moins 30 millions depuis trois ans pour maintenir le niveau de service qui existait jusqu'en avril 2016.

Détérioration des services

« Il s'avère que ce n'est pas le cas et c'est pour cela que la poursuite a été démarrée », précise l'avocat Laurent Kanemy.

Il y a d'abord le niveau de service qui aurait décliné abruptement après la cession d'Ottawa à Québec. « 40 % du personnel a quitté », explique le vétéran Wolf Solkin.

Des problèmes de recrutement et de roulement de personnel ont commencé immédiatement. Ce qui aurait sérieusement affecté le service pour M. Solkin, qui a besoin d'aide pour tous ses besoins de base.

Earl Joseph Kennedy a participé au débarquement en Normandie, en 1944. Photo : Radio-Canada / Davide Gentile
Earl Joseph Kennedy a participé au débarquement en Normandie, en 1944. Photo : Radio-Canada / Davide Gentile
« Il m'est arrivé de rester dans mes excréments pendant presqu'une heure », affirme l'homme de 96 ans. Son voisin Earl Kennedy affirme que les préposés sont débordés. « Ils courent souvent dans toutes les directions parce qu'ils ne sont pas assez nombreux », dit-il.

L'entente entre Québec et Ottawa prévoyait aussi du service bilingue, mais plusieurs préposés ne parleraient pas anglais. « C'est un problème parce qu'environ 40 % des anciens combattants parlent peu ou pas le français », relate M. Solkin.

« Des gros montants d'argent se sont promenés du fédéral au provincial mais on ne les a pas eus », croit Jean Trempe, lui aussi vétéran du débarquement de Normandie. Une impression partagée par plusieurs employés de l'établissement, qui ont préféré parler sous le couvert de l'anonymat.

Le temps presse

Le recours collectif a été accepté par le Cour Supérieure en février dernier. Il vise entre autres à déterminer si les millions versés par Ottawa ont bien servi aux services pour les anciens combattants. « Leur impression, c'est que cet argent-là a été dépensé ailleurs dans le réseau », dit Laurent Kanemy. Les plaignants souhaitent obtenir un dédommagement.

« Mais la demande primordiale serait que le niveau de service soit ramené à ce qu'il devait être », dit l'avocat.

Par courriel, Anciens combattants Canada affirme que l'argent d'Ottawa vise à garantir que les vétérans reçoivent le niveau de service auquel ils ont droit, dans la langue officielle de leur choix. Le fédéral dit vouloir faire respecter les paramètres de l'entente intervenue avec le Québec.

Le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal, maintenant responsable de l'hôpital Sainte-Anne, n'a pas voulu commenter l'affaire.

Plusieurs vétérans comme Wolf Solkin affirment que le temps presse. « On le fait aussi pour les plus jeunes qui restent », dit-il. Depuis trois ans, plus de la moitié des anciens combattants de l'hôpital Sainte-Anne sont décédés. Ils seraient maintenant environ 130.

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