Qui prendra la tête de Gowlings?

Si la désignation officielle est intervenue le 25 octobre dernier, c'est le 1er janvier que Me Joëlle Boisvert prendra ses fonctions d’associée-directrice du bureau de Montréal chez Gowlings. Elle succèdera à Me Robert Dorion, qui occupe le poste depuis le 1er janvier 2008. Actuel chef du secteur des litiges, Me Boisvert compte près de 25 ans d'expérience en litige commercial et civil.

Avez-vous été surprise par l'annonce de votre nomination?

J'ai été très heureuse et stimulée d'apprendre la nouvelle. Elle fait suite à l'aval de l'ensemble de nos associés et c'est une belle constatation du sentiment d'appartenance à notre entreprise.

J'ai toujours eu un intérêt pour une implication active dans l'organisation à laquelle j'appartiens. Plus jeune, j'ai été chef de camps, et quand j'étais chez Desjardins Ducharme avant de rejoindre Gowlings, en 2004, je m'impliquais également.

Cette nomination est un challenge additionnel sur le plan professionnel, qui s'inscrit dans la continuation de ce que j'ai fait depuis 2008. Je fais partie du comité responsable de l'orientation globale du cabinet au niveau national et sur le développement professionnel de nos avocats.

J'interviens aussi dans le comité de détermination, qui fixe l'allocation de la participation des associés partout dans le monde. Au bureau à Montréal, je suis membre du comité qui travaille sur l'avenir des jeunes.

J'aime avoir le nez partout! Tout ce que j'ai fait m'a amenée progressivement à ce rôle. Pour les associés, c'est dans l'ordre des choses que j'arrive à la direction du bureau. Et la transition sera très facile, j'ai beaucoup travaillé avec Robert. La passation de pouvoirs est demandée, acceptée et recherchée.

Ces nouvelles responsabilités ne sont-elles pas un peu effrayantes?

Cette question, je me la suis posée et j'ai eu le même feeling quand j'ai su que j'étais enceinte de mon premier enfant. Je me suis dit: «Mon dieu, comment je vais faire?». Mais par la suite, les choses se font, non pas sans heurts, mais sans qu'on s'en rende compte. C'est le principe du moulin sur une colline: quand il y a du vent pour un, il y en a pour deux!

Je n'ai pas peur, je crois au leadership collaborateur. Il faut simplement bien s'entourer, et c'est ce que j'ai fait. Je me vois comme un chef d'orchestre et j'ai déjà prévenu mes premiers violons pour qu'il n'y ait pas de fausses notes.

Quelles seront vos grandes orientations?

J'ai un plan de bataille bien établi, l'objectif étant de continuer de coordonner l'organisation dans la même lignée, de faire mieux quand c'est possible et différemment si c'est approprié.

Notre bureau est très dynamique et a évolué de façon significative depuis 2000 et la fusion avec Gowlings. Je veux travailler à poursuivre notre progression, qui est aussi le point qui nous démarque. Nous serons toujours à l'affût des tendances du marché et nous continuerons d'innover tant dans la fourniture de nos services que dans nos domaines de pratique.

Je veux aussi mettre l'accent sur le passage de relais entre les jeunes du bureau et nos avocats d'expérience. Les jeunes ont besoin de notre aide pour s'imposer sur le marché. Au bureau, des personnes de toutes les générations se retrouvent sur différents comités. Notre philosophie: «one team, one vision».

Allez-vous poursuivre votre pratique?

Je n'ai pas l'intention d'arrêter, et je l'ai dit aux clients. J'ai toujours eu un grand intérêt pour la pratique et le litige depuis le premier jour et j'ai toujours le feu sacré.

Je veux trouver un équilibre entre les deux. J'aurai un rôle important pour l'entreprise mais je ne laisserai pas de côté ma pratique, je continuerai à plaider devant les tribunaux.

Avez-vous un message à adresser aux femmes qui aspirent à occuper de hautes fonctions?

Je suis souvent arrivée dans des réunions ou des salles de conférence où j'étais la seule femme, et on m'a déjà appelée «mademoiselle» devant la Cour. Même si quelque fois j'ai eu l'impression que parce que j'étais une femme c'était plus difficile, il faut toujours suivre son instinct et ses objectifs. Si une femme prend sa juste place, les appréhensions se dissipent rapidement.

Ce n'est pas parce qu'on a des enfants qu'on ne peut pas aspirer à des postes à responsabilités. La profession ne rend pas facile la vie de famille, mais toute personne engagée dans son travail doit faire une conciliation. Il faut aussi accepter que, pour une femme, le tempo peut être différent. J'ai pris des congés maternité et pendant ce temps, j'ai progressé moins rapidement, mais j'ai rattrapé par la suite. Il faut se faire seconder et choisir ses batailles.

Quelle sera la prochaine étape de votre cheminement professionnel?

(Rires) Il y a d'autres étapes au niveau national, mais je vais déjà m'atteler à bien remplir la tâche qui m'est confiée. Si après les quatre ans on m'invite à une autre fonction, je considérerais en conséquence, mais ce serait prétentieux de présager l'avenir.

Les prochaines années vont être très occupées, et je vais mettre toute mon énergie et ma candeur à faire avancer le cabinet.