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J’aurais voulu qu’on me parle

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Simon Jolicoeur

2014-04-10 12:30:00

Étudiant en troisième année du baccalauréat en droit, l’auteur revient sur les thèmes oubliés qu’il aurait souhaité voir abordés par les candidats lors de la campagne électorale...

Simon Jolicoeur est étudiant en troisième année du baccalauréat en droit
Simon Jolicoeur est étudiant en troisième année du baccalauréat en droit
La majorité des gens se sont entendus sur cette campagne électorale: elle fut terne, sans enjeu véritable, disgracieuse. Alliant populisme et attaques personnelles de bas niveau, les trois principaux partis politiques auront réussi l'exploit, une fois de plus, de cultiver encore un peu plus la médisance envers la chose politique et de parfaire leur maîtrise en contournement des enjeux prioritaires.

Permettez-moi de leur dire de quoi j'aurais aimé qu'on me parle, moi, jeune universitaire de 22 ans.

J'aurais voulu qu'on me parle d'éducation. De ce qu'on fait avec tous ces garçons qui décrochent de l'école. Des dizaines de milliers d'analphabètes au Québec. Des mesures que l'on pourrait prendre pour pallier le manque de ressources des intervenants auprès des élèves en difficulté.

Des factures étudiantes qui ont augmenté sans que les prêts et bourses aient fait de même. Des suites d'une crise qui a mobilisé des centaines de milliers d'étudiants, qu'on a «cannée», scellée puis expédiée dans un petit sommet de deux jours. De la nécessité d'un cours de politique obligatoire au secondaire.

J'aurais voulu qu'on me parle de jeunesse. De mesures qui favoriseront l'embauche d'étudiants à l'obtention de leurs diplômes. De l'importance d'avoir une jeunesse éduquée et impliquée. Qu'on lui réservera des places dans les comités de consultation, les conférences, les événements, les conseils d'administration.

Le chômage chez les jeunes

Qu'on m'explique le taux élevé de chômage des jeunes travailleurs. J'aurais voulu qu'on propose, à l'instar d'autres provinces, d'abolir les stages en entreprise non rémunérés. Au lieu de donner la parole à une vieille dame qui exprime ses craintes xénophobes, j'aurais aimé qu'on donne une tribune à un jeune adolescent pour qu'il parle de ses aspirations et de ses rêves pour la province.

J'aurais voulu qu'on me dise, concrètement, comment on allait s'y prendre pour créer des emplois et de la richesse. Pas qu'on «s'ostine» en plein débat télévisé à savoir s'il s'est créé en vérité 48 367 emplois et non 48 384. J'aurais voulu entendre des réponses franches, personnelles et bien senties, et non pas avoir l'impression que vous vomissiez des kilomètres de rubans à cassette.

J'aurais voulu qu'on parle moins (ou pas!) de référendum. J'aurais voulu qu'on n'élève pas un malaise et une mal-compréhension de l'Autre en une crise identitaire. J'aurais aimé qu'on arrête de critiquer l'autre parti le matin et de demander des excuses l'après-midi. J'aurais voulu qu'on me parle de mesures pouvant être mises en place pour intégrer les nouveaux arrivants et améliorer notre vivre ensemble.

En fait, j'aurais aimé qu'on me parle. Tout simplement. Pas que les chefs se parlent entre eux, à coups de sophismes et de dialogues de sourds. Car on semble avoir oublié que j'existe, moi, jeune électeur, et que nous existons, dizaines de milliers de jeunes Québécois. J'aurais voulu que le discours du vendeur de char arrête un peu, et qu'au lieu de cela, on écoute ce que nous avons à dire.

J'aurais voulu qu'on nous écoute un peu, tout simplement.
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