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Affaire Awada: le blogueur condamné pour diffamation

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Céline Gobert

2018-07-16 16:00:00

Il devra payer 60 000 $ à la jeune femme pour l’avoir associé au mouvement islamiste chiite…

La militante Dalila Awada
La militante Dalila Awada
Le blogueur Philippe Magnan, responsable du site «Poste de veille», versera plus de 60 000 $, plus intérêts et frais de justice, à la militante Dalila Awada pour l’avoir diffamée à plusieurs reprises sur internet.

Plus précisément, il devra verser dans les 30 jours suivant la date du 10 juillet, la somme de 50 000 dollars pour dommages moraux et 10 000 dollars pour dommages punitifs.

C’est la juge Carole Julien, de la Cour supérieure, qui a rendu ce jugement le 10 juillet.

Philippe Magnan se représentait lui-même. Me Marie-Hélène Dubé de Goldwater Dubé et Me David Grossman de IMK représentaient la défenderesse.

Retour sur l’affaire

En plein débat sur la charte des valeurs qui a secoué le Québec en 2013, Mme Awada avait défendu le droit des femmes à porter le voile à l’émission'' Tout le monde en parle'' et a déclaré refuser qu’elles puissent être privées de travail ou congédiées pour ce motif.

Le blogueur avait ensuite publié, sous différents noms, des informations et des vidéos associant Mme Awada à une mouvance islamiste chiite qu’il estimait dangereuse.

Mme Awada a nié tout lien avec des groupes islamistes et a souligné les conséquences négatives de ces accusations sur sa réputation et sa vie personnelle.

Elle le poursuivait pour 70 000 dollars en dommages moraux et 15 000 dollars à titre de dommages punitifs, moins que ce que la Cour supérieure du Québec lui a finalement accordé.

Très affectée et humiliée

Le jugement détaille les dommages subis par la femme. Il est notamment indiqué que ses relations interpersonnelles ont été altérées.

«Des personnes ont pris des distances avec elle. (...) Awada, souvent sollicitée par les médias pour discuter du voile ou d’autres sujets, a vu se tarir ses contacts. Elle a abandonné ses études pendant un an, étant très affectée et humiliée par ces propos. Elle a ressenti de la peur après avoir été interpellée par des inconnus de façon négative sur la voie publique ou dans des événements publics.»

Le blogueur a pour sa part tenté de faire valoir son droit à la liberté d’expression, ce qui n’a pas convaincu la juge Carole Julien.

Elle l’a souligné dans sa décision : «les actions de Magnan n’ont rien à voir avec la liberté d’expression garantie par la Charte (des droits), mais participent au contraire de la faute civile».

«Le débat public sur le PL 60 (projet de charte des valeurs) et sur les droits et devoirs des citoyens du Québec et du Canada, qu’ils soient nés ici ou qu’ils aient choisi de s’y installer, est un débat qui doit se faire dans le respect des personnes et avec un minimum de civilité, souligne la juge. C’est ce que Magnan n’a pas su faire. Ce faisant, il a causé un tort irrémédiable à Awada et en a fait un objet de ridicule et de suspicion. Elle méritait mieux.»
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