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« Injustice criante » au Nunavik dans l'administration de la justice

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Radio -canada

2018-08-31 10:15:00

La Cour supérieure considère que les citoyens du Grand Nord sont victimes de discrimination...

Le palais de Justice de Kuujjuaq, au Nunavik, dans le Nord du Québec.
Le palais de Justice de Kuujjuaq, au Nunavik, dans le Nord du Québec.
Un jugement de la Cour supérieure du Québec conclut que les citoyens du Nunavik sont victimes d'une « injustice criante » dans l'administration de la justice. Puisqu'il n'existe pas de centre de détention à proximité, les condamnés ne peuvent suivre une peine discontinue, soit de quelques jours par semaine.

Dans un jugement rendu le 28 août dernier, le juge Richard Grenier de la Cour supérieure du Québec considère que les citoyens du Grand Nord sont victimes de discrimination et que le ministère de la Sécurité publique fait preuve de négligence. C'est son analyse d'un dossier porté en appel qui a mené à ces conclusions.

Les événements remontent à septembre 2017, lorsqu'une femme de Kuujjuaq avait plaidé coupable de conduite avec les facultés affaiblies. Son avocate réclamait une peine discontinue, étant donné la nature de l'infraction.

Le juge de la Cour du Québec n'avait pas répondu favorablement à cette requête, puisque l'établissement de détention le plus proche se situe à Amos, soit à 1237 kilomètres de Kuujjuaq. L'avocate de la défense avait donc décidé de faire appel de cette décision.


Un jugement déposé

Dans son jugement, le juge Richard Grenier de la Cour supérieure martèle que tout citoyen a le droit de purger une peine discontinue et que les motifs administratifs ne justifient pas la violation des droits prévus dans la Charte des droits et libertés. Cette situation discriminatoire et inadmissible nécessite l'intervention immédiate de cette Cour, peut-on lire dans le jugement.

« Cette Cour estime que ce problème perdure depuis trop longtemps et constate qu'à ce jour, rien n'a été fait de façon concrète pour trouver l'amorce d'une solution à cette injustice flagrante », peut-on lire dans le jugement du juge Grenier.

La Cour supérieure ordonne donc que la peine de la contrevenante soit suspendue et exige une intervention du ministère de la Sécurité publique.


Des établissements adéquats

Le juge donne un délai de six mois au ministère de la Sécurité publique pour qu'il désigne des établissements adéquats au Nunavik pour permettre les peines discontinues.

Il s'agit d'un problème dénoncé par plusieurs institutions, dont le Barreau du Québec et le Protecteur du citoyen. En entrevue, le vice-président du Barreau du Québec, Marc Lemay, s'est réjoui des conclusions du juge, rappelant que cet enjeu est soulevé depuis plusieurs années par le Barreau.

« (C'est un) laxisme qui existe depuis longtemps dans le Nord, on ne s'en occupe pas. C'est la première sentence qui vient d'être rendue, mais selon moi, il pourrait y en avoir d'autres », a-t-il affirmé en entrevue avec l'animateur David Chabot.

Selon Me Lemay, des solutions existent. On pourrait transformer les quartiers cellulaires des postes de police en centre de détention, leur donner les mêmes pouvoirs, a-t-il expliqué.

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