Me Philippe H. Bélanger est l’un des fondateurs de l’organisme Welcome Collective-Collectif Bienvenue
Me Philippe H. Bélanger est l’un des fondateurs de l’organisme Welcome Collective-Collectif Bienvenue
Me Philippe H. Bélanger est du genre à mettre les mains dans le cambouis pour aider son prochain.

De juin à septembre, après un petit séjour familial en Corse, l’associé chez McCarthy a ainsi pris sa fourgonnette pour apporter des meubles à des demandeurs d’asile installés à Côte-des-Neiges, à Montréal.

Le professionnel est l’un des fondateurs de l’organisme Welcome Collective-Collectif Bienvenue qui a pris forme il y a presque un an, mais qui est incorporé seulement depuis mars 2018.

Au début, c'était surtout des personnes qui apportaient leur aide de manière artisanale et qui ont finalement décidé de s'organiser.

Leur but : aider les demandeurs d’asile les plus vulnérables à se procurer des biens de base pour qu’ils puissent intégrer leur nouveau logement.

Comment? En passant ramasser des meubles ou des petits appareils électroménagers chez ceux qui veulent s'en débarrasser, puis les porter chez ceux qui en ont le plus besoin.

Son réseau, une force

À chaque fois qu’une famille a besoin d’un lit, d’une commode ou d’une table, Me Bélanger envoie un courriel à ses collègues.
À chaque fois qu’une famille a besoin d’un lit, d’une commode ou d’une table, Me Bélanger envoie un courriel à ses collègues.
La force principale de Me Bélanger pour poursuivre cette quête, en plus de son grand cœur, c’est son réseau professionnel.

À chaque fois qu’une famille a besoin d’un lit, d’une commode ou d’une table, il envoie un courriel à ses collègues de bureau pour leur demander leur aide.

« Ce sont des gens défavorisés, qui traversent la frontière à pied, avec une seule valise et quatre enfants. Tandis que nous, nous sommes favorisés, privilégiés. J’ai pu constater que notre communauté est très généreuse », dit-il.

Le plus souvent, ce sont des familles monoparentales, des femmes avec leurs enfants, qui sont prioritaires.

« Elles arrivent avec leurs six enfants dans un 3 ½ et tout ce qu’il y a dedans, c’est une chaise pliante. Si on ne leur apporte rien, on sait qu’ils vont tous dormir par terre», raconte l’avocat.

Il témoigne de ces vagues successives de réfugiés qui tentent de s’installer tant bien que mal au Canada. Certains ont fui les États-Unis. Ils sont musulmans et ne s’y sentent plus en sécurité. « Le nom de Donald Trump revient souvent », dit Me Bélanger.

Ils sont Soudanais, Tchadiens, Mauritaniens, Congolais, parfois Mexicains ou Pakistanais. « Ce sont des gens qui ont vécu des choses atroces dans leur pays d’origine et qui font preuve d’une résilience extraordinaire », assure-t-il.

Très touché par l’actualité des réfugiés, Me Bélanger dénonce les discours de haine et d’intolérance dont ils sont parfois victimes.
Très touché par l’actualité des réfugiés, Me Bélanger dénonce les discours de haine et d’intolérance dont ils sont parfois victimes.
C’est à leur rencontre qu’il est allé durant tout l’été, alors que la canicule frappait le Québec. Dans la fourgonnette qu'il utilisait pour «livrer la marchandise», il y avait son fils de 17 ans.

« J’aime dire que c’est un peu comme si je l’avais emmené à la pêche », blague-t-il pour évoquer ces moments de « qualité ». Pour l’avocat, il était important que son fils aille à la rencontre de ces gens et qu’il voit « une réalité qui se déroule à quelques pas de chez nous seulement ». Aujourd’hui, il continue d’être bénévole.

Philippe H. Bélanger a lui-même bénéficié de cette transmission de valeurs de la part de ses parents lorsqu’il était plus jeune.

Le dialogue à la place de la peur

Très touché par l’actualité des réfugiés, Me Bélanger dénonce les discours de haine et d’intolérance dont ils sont parfois victimes.

« Ce qui est important, c’est qu’on arrête de parler d’eux comme si on parlait de bétail. On ne parle que des chiffres, de leur nombre... J’aimerais qu’on les humanise, qu’on se rende compte qu’ils ne sont pas ici par choix, mais bien parce qu’ils ont quitté leur pays dans lequel ils vivaient des choses affreuses », raconte l’associé.

« Si certains les rencontraient et parlaient avec eux, ils seraient gênés de ne pas vouloir les aider », ajoute-il.

Il voudrait que son implication inspire d’autres membres de la communauté juridique qui pourraient mettre à la disposition de ces nouveaux arrivants leurs sofas et chaises qui prennent la poussière au fond d’un garage.

Deux mois après son retour dans les bureaux feutrés de McCarthy Tétrault, Me Bélanger avoue que son retour à la pratique se fait de manière « graduelle ». En effet, l’organisme lui demande encore beaucoup de temps pour se structurer.

« Peut-être que les associés diraient même un peu trop… », conclut-il en riant.

Pour en savoir plus sur l'organisme Welcome Collective-Collectif Bienvenue.