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De Doc à Langlois!

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Gabriel Poirier

2021-09-23 15:00:00

La plupart choisissent entre le doctorat et l’exercice du droit, mais pas cette avocate. Sa thèse bientôt complétée, elle retourne à la pratique privée chez…

Me Andrea Talarico. Source : Site web de Langlois
Me Andrea Talarico. Source : Site web de Langlois
Conjuguer théorie et pratique, c’est le pari un peu fou de Me Andrea Talarico. La Barreau 2009, retourne à la pratique privée. Et c’est Langlois qu’elle a choisie, avec son département de droit du travail.

Elle a opté pour le cabinet spécialisé en litige civil et commercial puisqu’il lui permet d’exercer le droit différemment.

À l’emploi du cabinet, elle n’exclut pas de retourner enseigner à temps partiel, comme le font déjà plusieurs de ses nouveaux collègues.

Droit-inc lui a parlé.

Après 4 ans aux études de doctorat en droit et 4 ans comme chargée de cours à l’Université d’Ottawa, pourquoi retourner à la pratique privée ?

En fait, il faut retourner un peu en arrière. Quand je m’apprêtais à débuter mon congé de maternité, un arbitre de grief que j'appréciais beaucoup m’a suggéré de le remplacer dans son cours de droit administratif durant sa sabbatique à l’Université.

J’ai accepté d’enseigner à l’Université durant mon congé de maternité. Ça devait être juste un cours. J’ai dit à tout le monde que j’étais seulement présente pour enseigner un cours, mais j’ai adoré. J’ai vraiment eu la piqûre de l’enseignement.

Avec une très jeune enfant, j’ai décidé de me lancer dans les études doctorales. Et j’ai également adoré cela. C’est un énorme privilège de pouvoir faire de la recherche sur des sujets qui nous intéressent. J’ai beaucoup, beaucoup enseigné dans les quatre dernières années, mais la pratique du droit me manquait.

Le litige, par contre, ne me manquait pas. J’ai donc cherché une façon de concilier mes intérêts pour la formation et la recherche, tout en laissant de côté le volet plus litigieux des relations de travail. C’est pour cette raison que je me suis retrouvé chez Langlois. La pratique du droit me manquait énormément, et je cherchais une façon différente de pratiquer - ce que Langlois m’apporte.

Nous sentons, dans votre réponse, que vous aimez enseigner. Comptez-vous retourner éventuellement vers le domaine de l’enseignement ?

J’aimerais beaucoup obtenir des charges occasionnelles dans l’avenir, donc pas cette année. Cette année, je veux me consacrer à mes nouvelles fonctions. Je constate d’ailleurs que plusieurs de mes collègues chez Langlois le font. Et je dois avouer que je voue une très grande admiration aux gens qui réussissent à concilier le côté plus académique - recherche, charge d’enseignement - avec la pratique du droit.

Et pourquoi avoir choisi Langlois ?

En fait, Langlois a retenu mon attention il y a quelques années, vers 2017 ou 2018, lors de l’arrivée massive d’un groupe de femmes dans leur département de droit du travail. Ces femmes sont très engagées, extrêmement intelligentes, très professionnelles, des femmes que je mets au “top” de la pratique juridique québécoise.

J’ai été marqué à l’époque, sans trop y repenser par la suite. Lorsque j’ai eu l’envie de retourner à la pratique privée, je recherchais un cabinet qui pourrait m’offrir quelque chose d’atypique, soit de faire du droit du travail sans faire de litige, me concentrer à la recherche et au développement du savoir et aussi de travailler depuis ma demeure à Ottawa. Je me suis rappelé de ces femmes de Langlois qui m’ont tant marqué en 2017-2018, et j’ai décidé de les contacter.

Ç’a été le déclic, ça s'est super bien passé et nous avons conclu une entente rapidement après ça.

Parlons brièvement de votre thèse. Pourriez-vous nous résumer vos objets d’étude ainsi que votre problématique de recherche ?

Oui, avec grand plaisir ! Je suis très contente que vous me posiez la question. Ma thèse porte sur la liberté syndicale - plutôt la liberté d’association - et sur comment cette reconnaissance de la dimension des rapports collectifs du travail de la liberté syndicale a évolué.

Lorsque la liberté d’association a été incluse dans la Charte canadienne, en 1982, il y avait un énorme débat à savoir s’il fallait inclure ou non la liberté d’association et de négocier collectivement. Cela n’a pas été inclus.

En 1987, la Cour suprême a dit, dans une trilogie de décisions, que la liberté d’association, prévue à la Charte canadienne, ne protégeait pas le droit de négocier collectivement. De fil en aiguille, avec une certaine ouverture en 2001, et, ensuite, un plus gros revirement en 2007, ils ont conclu que, oui, elle protège le droit de négocier collectivement ces conditions de travail.

Maintenant, il existe une controverse entourant deux choses. Premièrement, comment la Cour est-elle parvenue à cette conclusion ? Et, deuxièmement, comment cette reconnaissance d’un droit que nous pouvons qualifier de collectif s'inscrit-elle ou non dans la vision libérale traditionnelle des instruments de droits de la personne ? On dit souvent que les instruments de droit de la personne, comme la Charte, sont des instruments individuels, axés sur une liberté individuelle, qui ne comportent pas nécessairement des droits positifs, et qui s’inscrivent dans une relation étatique et non pas privée comme la relation de travail.

La Cour suprême, en 2007, a utilisé des arguments au niveau des valeurs, ce qu’elle appelait des valeurs sous-jacentes à la Charte, pour modifier cette perception du droit de négocier collectivement. Ma thèse porte sur la façon dont nous utilisons ces valeurs. Comment faisons-nous des choix normatifs à partir d’instruments de droit naturel pour modifier l’approche traditionnelle libérale de la Charte et la faire évoluer vers un modèle que nous pourrions qualifier de néo-républicain de droit?

Croyez-vous que votre expérience en droit vous a aidé dans le cadre de vos activités de recherche ?

Elle m’a beaucoup aidé dans le cadre de mes activités de recherche. Avec la recherche, il est très facile de tomber dans l’abstraction pure. De pratiquer le droit m’a forcé constamment à me demander quelles sont les portées pratiques de mes idées. Ça m'a permis d’éviter de tomber dans un trop haut degré d'abstraction. Il y a plusieurs problématiques qui ont retenu mon attention grâce à ma pratique du droit.

J’ai eu la chance d’écrire et de faire des recherches là-dessus, c’est-à-dire sur des questions qui me "chicotait" lorsque je pratiquais. Maintenant, en faisant de la recherche, j’ai eu la chance de les explorer davantage et de les explorer sous un angle différent.

Il est sans doute un peu tôt pour poser la question, mais croyez-vous que l’inverse soit aussi vrai ?

J’ose espérer (rires). Je dirais que le fait d’écrire une thèse demande énormément de rigueur et d’organisation de son temps. Surtout, la rédaction d’une thèse implique d’absorber une énorme quantité d’informations, de la synthétiser et de la traduire. J’ose espérer que j’ai acquis une certaine habileté qui pourrait m’être utile dans ma pratique du droit.

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