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De retour en fac de droit, elle lutte contre les erreurs judiciaires

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Katia Tobar

2022-06-03 15:00:00

Étudiante en droit, elle passe deux sessions à travailler sur le dossier d’un accusé qui clame son innocence…

Valérie Couturier
Valérie Couturier
Valérie Couturier est étudiante au baccalauréat en droit à l’UQAM. Inscrite au cours ''Activités juridiques appliquées'', elle a rejoint l’équipe du Projet Innocence Québec, dirigée par Me Lida Sara Nouraie, et vient de passer les deux dernières sessions à travailler sur le dossier d’un accusé qui clame son innocence. Elle a partagé son expérience à Droit-inc.

« À l’école, on apprend la théorie qu’on applique à des situations exposées, explique Valérie. Là, il faut avoir constamment à l’esprit que c’est réel. Ce n’est pas juste pour les crédits à la fin. On s’implique par conviction déjà à la base et on peut avoir un impact réel et direct dans la vie d’une personne qui compte sur notre pratique ».

Comme Valérie, des dizaines d’étudiants rejoignent l’OBNL chaque année dans le cadre de ce cours. S’il leur permet d’obtenir entre trois et six crédits, il offre surtout aux étudiants l’opportunité d’acquérir une expérience terrain du métier d’avocats de la défense, et des compétences en droit criminel et administratif, en assistant les avocats bénévoles dans les dossiers en cours.

Plonger dans un dossier réel

Valérie Couturier a travaillé sur un dossier actuellement à l’étape de l’analyse. Sans l’accord de l’accusé, elle ne peut pas nous dévoiler les faits entourant l’affaire.

« C’est une nouvelle demande qui n’est pas encore adoptée par Projet Innocence Québec, mais qui est actuellement à l'étude par les étudiants et les avocats afin de décider si la demande sera adoptée », explique-t-elle.

Cette étude implique une révision complète des dossiers, à savoir l’analyse des différentes théories de la cause, des éléments de preuves, des témoignages, des faits et des rapports d’experts. Bref, tous les détails du dossier sont passés à la loupe, affirme l’étudiante.

« C’est une grande responsabilité. Il faut faire preuve de beaucoup de rigueur. On a l’occasion d’échanger avec le client, avec les témoins, on consulte des experts. C’est ce contact humain qui donne l’énergie de poursuivre. On sent l’aide dont le client a besoin », raconte-t-elle.

Tout ce travail d’enquête et de reconstitution, à la recherche d’un nouvel élément de preuve, peut prendre plusieurs mois, voire des années, sans savoir si une procédure pour révision judiciaire pourra être lancée, avaient confié il y a quelques semaines Me Nicholas St-Jacques, vice-président du Projet Innocence Québec, en entrevue pour Droit-inc.

Rigueur et travail d’équipe

Valérie a été sensibilisée aux erreurs judiciaires par les reportages à la télé, mais ne s’était jamais impliquée personnellement. Avec cette expérience, elle a pris le temps de pousser ses connaissances.

En plus de faire preuve de rigueur, il faut aussi être bien organisé, bien gérer son temps, et avoir un bon sens de l’analyse. Quant à la collaboration d’équipe, « c’est la clé », insiste-t-elle.

« On doit travailler en symbiose avec les autres personnes sur le dossier. Les documents, on les lit, on les relit, on doit se répartir les tâches et communiquer avec rigueur sur l’évolution des travaux ».

Reconversion professionnelle

Valérie Couturier, 41 ans, est en reconversion professionnelle. Elle a travaillé dans la fonction publique au municipal et au fédéral avant d’entamer un retour aux études à temps plein, explique la mère d’une famille recomposée de sept enfants.

Il lui reste une session pour valider son baccalauréat en droit. Lors de la Course aux stages, elle a été recrutée par le cabinet Bélanger Sauvé pour l’année 2023-2024, où elle pratiquera en droit administratif. Un intérêt qu’elle a confirmé en collaborant avec l’équipe de Projet Innocence Québec.

« Cela touche aux droits fondamentaux. Le Projet sert à sensibiliser le gouvernement qu’il existe des erreurs judiciaires et permet d’offrir des solutions pour améliorer l’accessibilité à la justice », affirme l’étudiante.

Cet été, Valérie va assurer la transition du dossier dans lequel elle s’est investie au cours des derniers mois, aux futurs étudiants inscrits au cours.

« À partir du moment où l'on s’implique dans un dossier, on tient à ce qu’il soit mené à terme », insiste la future juriste, inspirée par le contact des avocats dévoués et passionnés qu’elle a côtoyés.

Le Projet Innocence Québec a été créé en 2002 par Me Lida Sara Nouraie. En 20 ans, l’OBNL a examiné environ 150 demandes, traité une dizaine de dossiers susceptibles d’être rouverts, et fait acquitter un client. Actuellement, quatre dossiers déposés par le Projet sont devant le ministre fédéral de la justice pour révision judiciaire.
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1 commentaire

  1. Anonyme
    Anonyme
    il y a un an
    "Le Projet sert à sensibiliser le gouvernement "
    A chaque erreur judiciaire, ce sont les mêmes causes qui sont identifiées, car l'ADN du système judiciaire est de se considérer infaillible, et l'ADN est de l'exécutif est de se laver les mains de tout dossier où il a obtenir une condamnation. Une fois ceci fait, ce sont ses Commissions de libération conditionnelles qui prennent le relais, en maintenant la posture d'infaillibilité des tribunaux.

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