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Écrire pour un journal étudiant: Oui ou non?

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Camille Dufétel

2022-11-11 15:00:00

Écrire au sein du journal étudiant en droit de sa faculté peut se révéler être un vrai plus sur son C.V, selon un avocat passé par là. Voici pourquoi…

Tess Scott Giasson et Me Xavier Morand Bock. Sources: Sites web de Robinson Sheppard Shapiro, de BCF, du Flagrant Délit et du Pigeon Dissident
Tess Scott Giasson et Me Xavier Morand Bock. Sources: Sites web de Robinson Sheppard Shapiro, de BCF, du Flagrant Délit et du Pigeon Dissident
C’est une activité à laquelle s’adonnent de nombreux étudiants en droit chaque année dans leur université : écrire pour la revue de droit étudiante.

À titre d’exemple, ''Le Flagrant Délit'', à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, ou ''Le Pigeon Dissident'', à l’Université de Montréal, qui dit rejoindre aujourd’hui environ 20 000 lecteurs provenant notamment de la communauté juridique.

Me Xavier Morand Bock, avocat en pratique privée chez Robinson Sheppard Shapiro, connaît d’ailleurs bien ''Le Pigeon Dissident'', puisqu’il en a été le rédacteur en chef pendant son baccalauréat en droit, en 2015-2016.

« Ça a contribué à améliorer ma candidature, assure-t-il. Toute implication étudiante peut contribuer à faire un peu mousser la candidature d’un candidat pour un stage ou pour un emploi. »

Pour ce Barreau 2017, cela démontre tout d’abord nécessairement un intérêt pour les affaires juridiques, mais aussi des capacités en rédaction, en vulgarisation, et « forcément une compréhension des règles de droit qui s’appliquent », des compétences qu’il juge « fondamentales » dans une pratique privée.

Pour Tess Scott Giasson, directrice des talents étudiants et stagiaires chez BCF Avocats d’affaires, pas de doute sur l’importance de cette implication, qui peut notamment « dénoter une curiosité intellectuelle, une attitude engagée, une soif d’apprendre, toutes des qualités recherchées chez nos étudiants et stagiaires ».

Un exercice rigoureux ?

Dans un article consacré à ce sujet, le média américain ''LiveAbout'' fait toutefois remarquer que « les personnes extérieures à la profession juridique sont parfois surprises d’apprendre que le domaine juridique n’a pas toujours de revues à comité de lecture comme le font d’autres spécialités universitaires ». Par exemple, comme certaines revues de médecine ou de sciences humaines.

Un journal étudiant en droit, à la différence d’une revue scientifique, est effectivement généralement encadré par des étudiants, comme le confirme Me Morand Bock.

« Mais c’est souvent ou à peu près toujours un étudiant de 3e année qui est à la tête du journal, en tout cas selon mon expérience au ''Pigeon Dissident''. C’est donc quelqu’un censé être en mesure de s’assurer qu’on ne publie pas n’importe quoi. »

Si cela « reste un journal étudiant », cela demeure aussi et surtout selon l’avocat « un bon outil, lu et commenté par le corps professoral ». « On écrivait des articles sur des questions de droit pur ou des questions plus complexes, je faisais des entrevues avec des professeurs, des avocats ». Ce qui, d’après lui, se rapproche d’un travail professionnel et permet de se faire un réseau.

L’avocat, qui a travaillé chez Robinson Sheppard Shapiro en pratique privée, groupe litige commercial, pendant presque quatre ans avant de devenir conseiller juridique au sein du Groupe CH jusqu’en octobre dernier, puis de fraîchement retrouver Robinson Sheppard Shapiro, ajoute que cet exercice permet aussi de sortir du cadre du droit pur.

Il donne l’exemple d’un article que lui-même avait écrit sur la consommation de « tout ce qui est Ritalin, Concerta, à l’intérieur de l’école », qui avait eu de nombreux échos à l’extérieur de l’Université.

Attention aux opinions

Me Morand Bock conseille toutefois aux actuels étudiants en droit de prêter attention à ce qu’ils écrivent, notamment en termes d’opinion, même s’il affirme en avoir beaucoup écrit sans que cela lui nuise pour autant.

« Le milieu juridique, surtout à Montréal, peut être encore assez conservateur, même si cela évolue et que ce n’est pas dit de manière péjorative, c’est la réalité de certains grands bureaux », souligne-t-il.

Aussi, dans la mesure où un avocat « se doit de regarder un dossier de façon neutre, sans biais, pour conseiller le client de manière objective », l’avocat précise qu’il aurait tendance à aller dans l’opinion sans « prendre de positions très tranchées ».

« Je me serais gardé d’avoir des opinions très marquées sur des cas pour éviter que l’on me perçoive comme quelqu’un qui a des idées préconçues, remarque-t-il. J’éviterais d’aller dans la controverse ou dans quelque chose qui vise à avoir des clics ».

L’avocat estime que cela « n’en vaut pas la peine » et qu’il est préférable de se diriger vers des sujets prêtant à une réflexion intellectuelle. Il se tournerait plutôt, à la place des futurs candidats, vers de la compréhension et de l’exploration vis-à-vis de certaines questions de droit.

Très utile pour la suite

De nombreux avocats publient aujourd’hui des textes pour éclaircir une question de droit sur leur propre blogue, ou sur le site Web de leur cabinet et même sur Droit-inc. Un exercice que n’a pas tellement eu l’occasion de faire Me Morand Bock, mais qui selon lui est de plus en plus demandé aux jeunes avocats et aux avocats seniors.

L’expérience passée au sein d’un média peut ainsi s’avérer très importante dans ce cadre, selon le professionnel, car elle permet notamment de savoir vulgariser un sujet et d’être en mesure de proposer « un titre accrocheur ».

« Ces réflexes vont te permettre de proposer un texte plus intéressant, affirme l’avocat. Le droit peut être assez opaque pour certains clients qui ne sont pas nécessairement outillés dans tel ou tel domaine, alors il peut être intéressant de proposer un petit 500 mots, facile à comprendre. »

Un atout avéré, croit-il, par rapport à un professionnel « très intellectuel et féru de droit ». « Lui ne va pas être capable d’utiliser un vocabulaire adapté à quelqu’un qui lit cela dans sa voiture sur son téléphone et qui ne veut pas se faire perdre dans des termes constitutionnels. »

Si cette implication universitaire peut sembler chronophage, elle risque d’être ainsi payante, à en croire Tess Scott Giasson de chez BCF Avocats.

« Lorsque nous procédons au tri des candidatures, nous analysons l’ensemble des dossiers des étudiants, rappelle-t-elle. Le dossier académique, les implications parascolaires, les expériences professionnelles ou encore les intérêts personnels sont autant de facteurs qui permettent aux candidats de se démarquer. »

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