Vox populi: les avocats Pour et Contre la loi spéciale
Céline Gobert
2012-05-18 15:30:00
Les avocats présents au Congrès annuel de l’AJBM ont débattu de la loi 78 dans les couloirs. Une chose est sûre : le sujet est sur toutes les lèvres. Sont-ils pour ? Contre ? Ils se confient à Droit-Inc…
Selon elle, qui se déclare « très fâchée contre les étudiants », il existe d’autres batailles bien plus importantes à mener, telle celle contre la corruption.
« Je les trouve infantiles. S’ils perdaient leur semestre, je serai heureuse !, dit-elle, Moi-même j’ai 34 000 $ de prêts au gouvernement. Si j’ai pu avoir une excellente éducation, c’est grâce au gouvernement du Québec. Je lui en suis reconnaissante. »
Ces derniers temps, alors qu’elle se rendait à son bureau à 8h30, elle n’a même pas pu aller travailler. Selon elle, les étudiants ne pensent pas aux travailleurs.
« Il y a des millions de personnes dans le monde qui aimeraient avoir accès à l’éducation. Il faut payer les frais de scolarité ! »
Elle précise que ses propos n’engagent qu’elle, et pas la Commission des droits de la personne, son employeur.
« Je suis d’accord avec les mesures prises par le gouvernement, indique également Me Stéphanie Beauchamp, il y a un moment où il faut faire quelque chose. »
« Peut-être que d’autres étudiants veulent pouvoir poursuivre les cours, renchérit une avocate solo qui souhaite rester anonyme, je crois que nous avons donné trop de libertés à certaines personnes.»
Pour elles, bloquer les CEGEP et les Universités, ce n’est pas normal.
Militants
Mais, ce n’est pas l’avis des avocats qui lunchent, à la table d’à côté.
En effet, Mes Diego Gramajo, Vikie Ménard, et, Audrey Limoges-Gobeil soutiennent le mouvement de grève étudiante.
« La façon dont est formulé cette loi est agressive, dit Me Limoges-Gobeil, qui s’interroge notamment sur l’article 29 qui stipule que « quiconque par un acte ou une omission aide, ou par encouragement, un conseil, un consentement, une autorisation ou un ordre amène une autre personne à commettre une infraction visée par la présente loi commet lui-même cette infraction et est passible de l'amende prévue.»
Si elle milite sur Facebook, est-elle également hors la loi ?, se demande l’avocate, qui arbore son carré rouge avec conviction.
« Cela fait un peu peur pour la liberté d’expression », déclare Me Vikie Ménard.
Ils confient qu’au lieu d’assister à la conférence donnée par Mme Linda Fortin autour de la thématique conciliation travail/famille- qui a d’ailleurs remplacé au pied levé la Ministre de la famille Yolande James, occupée à débattre de la loi à l’Assemblée Nationale- ils étaient dans le couloir à décortiquer le texte, à tenter de donner une réponse « rapide » à cette loi que Me Gramajo compare à un « requin ».
Selon eux, même si le texte fait très « choc » sur le papier, les étudiants ont tout de même la possibilité de lire entre les lignes afin de s’organiser autrement.
« Ils ne peuvent pas interdire la manifestation, et si on lit vraiment le texte, on peut voir certaines façon de le contourner et s’organiser en fonction », dit Me Limoges-Gobeil.
Un avocat, qui souhaite rester anonyme, nous précise par ailleurs qu’à midi, 150 avocats auraient déjà contacté la clinique Juripop par courriel pour signer la requête en nullité mise en ligne sur leur site web.
Plusieurs groupes tels Non à la loi spéciale ou Nous sommes contre la loi 78 commencent à fleurir sur les médias sociaux.
Cet après-midi 40 000 personnes avaient demandé à s’ajouter à la requête en nullité qui sera déposée contre ce projet, moins de trois heures après la mise en ligne du formulaire, indique Radio Canada.
La lutte, selon les trois avocats interrogés, n’est pas terminée.
Une lutte dont certains se réjouissent, à l’instar de Me André Ewert, avocat solo, qui prend position pour le mouvement étudiant et réclame la gratuité des frais de scolarité:
Écoutez-le se prononcer sur la question :
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