La Presse

Mon ami Jean…Gagnon

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Rene Lewandowski

2008-02-01 07:00:00

Jean Gagnon est devenu en octobre le premier vice-président, Affaires juridiques, de l'histoire de Groupe Jean Coutu.

Sa mission? Bâtir un service juridique interne de première qualité.

Jean Gagnon n'aurait jamais cru être aussi populaire. Après avoir roulé sa bosse en pratique privée pendant une trentaine d'années, dont les cinq dernières à son compte, cet avocat de 56 ans se doutait bien qu'il avait acquis une bonne réputation dans la communauté juridique montréalaise. Mais à ce point?

Il s'en est rendu compte, en octobre dernier, le jour où il a pris la direction des Affaires juridiques du Groupe Jean Coutu, après avoir accepté cet été l'offre du PDG, François-Jean Coutu. Durant deux mois, à peu près tous les grands et moyens cabinets de la métropole ont tenté d'entrer en contact avec lui dans l'espoir de s'en faire un client. Il a reçu des dizaines de coups de téléphone et de courriels d'avocats dont il n'avait pas eu de nouvelles depuis bien longtemps, et même des lettres de proposition de services.

"Je me suis soudainement découvert plein de nouveaux amis!" dit, amusé, ce grand gaillard, alors qu'il reçoit La Presse dans son bureau du siège social de l'entreprise, à Longueuil.

Il faut dire que ses nouvelles fonctions le rendent particulièrement important aux yeux des fournisseurs de services juridiques. Car en acceptant le poste de vice-président, Affaires juridiques - le premier dans l'histoire du Groupe Jean Coutu - il est devenu, en quelque sorte, le grand patron pour tout ce qui concerne le domaine juridique des opérations canadiennes de l'entreprise.

Créer une équipe
Chez Jean Coutu, il dirige une équipe de six avocats. Une de ses fonctions est de créer de la cohésion au sein de ce groupe de juristes. Avant son arrivée, les avocats étaient dispersés dans les différents départements, deux aux affaires juridiques courantes, trois dans le secteur immobilier, en plus de la secrétaire corporative. Aujourd'hui, tous se rapportent à lui.

"Les gens ne travaillaient pas ensemble, il y avait un manque de communication", dit Me Gagnon. Il explique que ce manque de coordination pouvait mener quelquefois à des situations cocasses, comme le fait de choisir deux cabinets externes sur un même dossier, simplement parce que les gens ne se parlaient pas ou peu.

Ceux qui le connaissent ne doutent aucunement qu'il pourra relever ce défi. "Jean est un très bon leader, un homme capable d'aller chercher le meilleur des membres de son équipe", dit l'associée Pascale Cloutier, chef du groupe national de franchisage chez Miller Thomson Pouliot. Elle a eu l'occasion de travailler avec lui quelques années, du temps où les deux pratiquaient chez Pouliot Mercure.

"Un type très généreux, et un mentor pour beaucoup d'avocats", ajoute Frédéric Gilbert, associé chez Fasken Martineau.

Stéphane Teasdale, associé chez Fraser Milner Casgrain, souligne que Jean Gagnon connaît bien l'entreprise, puisqu'il en était l'avocat externe en droit du franchisage depuis plus de 20 ans. "C'est un atout important", dit-il, d'autant plus que Jean Gagnon est, selon lui, l'un des meilleurs avocats au Québec, sinon le meilleur, en droit de la franchise.

Choisir les bons cabinets
Une des tâches qui ont particulièrement occupé Jean Gagnon depuis son embauche est de déterminer le processus d'attribution des mandats externes. La plupart du travail juridique se fait à l'interne (négociation de contrats avec les propriétaires immobiliers, contrats de franchises, opinions légales, etc.), mais il arrive que le groupe requière l'expertise de cabinets externes dans certains domaines ou dossiers.

Depuis bien longtemps, Jean Coutu distribue ses mandats à trois principaux cabinets: Fasken Martineau pour les volets corporatif, fusions et acquisitions et valeurs mobilières; Borden Ladner Gervais, pour les affaires courantes en litige, propriété intellectuelle et une partie du droit immobilier; Loranger Marcoux, pour le droit du travail. Mais parce qu'il y avait peu de coordination parmi les avocats de l'entreprise, une quinzaine d'autres cabinets pouvaient recevoir du boulot ici et là.

"Nos mandats à l'externe étaient trop éparpillés", admet Jean Gagnon. Depuis octobre, il a donc entamé un processus d'évaluation des cabinets, dans le but de ne garder que les meilleurs. Avec son équipe d'avocats et les autres dirigeants de l'entreprise, ils évaluent les forces et les faiblesses de chacun des cabinets. Tout a été regardé à la loupe: les coûts, la qualité des services, la communication et, surtout, la manière dont les cabinets délèguent leurs avocats sur un dossier. Le processus est presque terminé, et certains cabinets écoperont.

L'idée, explique Jean Gagnon, est de déléguer le bon avocat au bon dossier. Car il arrive parfois qu'un cabinet place un avocat sans expérience sur un dossier important, ou, à l'inverse, un avocat trop expérimenté - et donc trop cher - sur une cause mineure. "On cherche l'équilibre entre l'importance du dossier et les coûts", dit-il.

Il donne l'exemple d'un cas, l'automne dernier, où l'entreprise avait donné un mandat à un cabinet de négocier les points litigieux avec une partie adverse. Le problème: le cabinet avait délégué un avocat junior, excellent pour la rédaction de contrats, mais peu expérimenté en négociation. Résultat? "L'avocat n'avait rien réglé, on a dû reprendre toutes les négociations depuis le début", raconte Me Gagnon.

Jean Gagnon l'admet, son arrivée a suscité quelques questionnements parmi les avocats du groupe. Certains se voyaient peut-être occuper ce poste, après plusieurs années à l'emploi de l'entreprise.

Mais, dit-il, il a rapidement mis les choses au clair avec eux. "Je ne suis pas ici pour 15 ans, explique-t-il. Au plus 3 ou 4 ans, le temps de bien roder le département juridique. Après, je laisserai ma place aux plus jeunes."
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