Milioto remettait de l'argent à Rizzuto

Natacha
2013-02-19 07:00:00
Après avoir dit qu’il connaissait Rizzuto « depuis toujours », Nicolo Milioto a expliqué que c'est principalement au club Consenza qu'il a côtoyé l'homme par la suite. Sa relation avec le défunt patriarche de la mafia montréalaise se limitait à jouer aux cartes et à boire du café, a-t-il dit, niant avoir eu une quelconque relation d'affaires avec lui.

Me LeBel a dit à M. Milioto qu'il avait été vu à 236 reprises, en quelques années seulement, au club Consenza par la Gendarmerie royale du Canada (GRC). En guise de réponse, Milioto a dit qu'il y allait parfois deux fois par jour. « J'aime l'espresso ; j'en prends beaucoup », a-t-il expliqué. Il a aussi affirmé que la GRC a pu se méprendre en croyant qu'il se rendait au Consenza alors qu'il allait plutôt chez le boulanger et le boucher qui se trouvent « la porte à côté ».
Le témoin a finalement admis qu'il avait apporté de l'argent à Nicolo Rizzuto ; toujours, selon lui, à la demande de l’ex-entrepreneur Lino Zambito. Il a cependant affirmé ne pas savoir pourquoi M. Zambito donnait de l'argent à M. Rizzuto. « Pourquoi je demanderais pourquoi? Ce n'est pas mes affaires », a-t-il dit à la commission. Pressé de questions, il a alors évoqué l'hypothèse que l’ancien dirigeant d’Infrabec avait des problèmes d'argent et qu'il devait rembourser une dette à Rizzuto.
Questionné à savoir combien de fois il avait ainsi apporté de l'argent de la part de Lino Zambito entre 2001 et 2006, Milioto a affirmé ne pas se souvenir. « Cinq ? Sept ? Je ne me souviens pas. »
D'après plusieurs témoins interrogés par la commission, M. Milioto serait l'un des piliers du système de collusion et de corruption qui gangrène la scène municipale montréalaise.
L'ex-entrepreneur Lino Zambito avait affirmé que cet homme percevait une redevance de 2,5% de la valeur des contrats publics octroyés par la Ville de Montréal. Les sommes d'argent ainsi récoltées auraient été remises à la mafia italienne.
Ses présumées activités de liaison entre les entrepreneurs et la mafia lui ont d'ailleurs valu le surnom de « middleman » (intermédiaire).
Dans son témoignage devant la juge Charbonneau, Martin Dumont, ancien organisateur politique d'Union Montréal, avait affirmé que Nicolo Milioto l'avait menacé. Il s'était dit traumatisé par cet épisode, au point de réorienter sa carrière professionnelle.
Depuis le début des audiences de la Commission Charbonneau, le nom de Nicolo Milioto a été prononcé à 676 reprises, selon le « Journal de Montréal ».
Borsellino se contredit
La séance de la commission a commencé lundi avec le témoignage du président de Construction Garnier, Giuseppe Borsellino, qui d'entrée de jeu a été placé devant une contradiction.

Relations avec des élus
Questionné au sujet de ses relations avec des élus, Giuseppe Borsellino a aussi admis avoir rencontré d'autres personnes autres que l'ex-ministre libéral Tony Tomassi. Le témoin a ainsi déclaré avoir rencontré Sammy Forcillo, ex-conseiller à la Ville de Montréal, et Frank Zampino, ex-président du comité exécutif de la Ville de Montréal.
La commission a aussi fait référence à la fondation de son entreprise, Garnier Kids, à laquelle des ministres libéraux ont versé des milliers de dollars en dons à même leur budget discrétionnaire entre 2005 et 2012.
Lorsqu'on lui a demandé pourquoi ces ministres donnaient à la fondation, Giuseppe Borsellino a tout simplement répondu : « c'est parce que j'ai une bonne cause ! C'est mon réseautage qui vient contribuer à cela. »
L'entrepreneur a du même coup affirmé que Tony Tomassi et Jacques Dupuis ont participé à des activités de financement de la fondation.