Plus haut que Trépanier, selon Me Gallant

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La Presse Canadienne

2013-03-20 14:29:00

La firme de génie Dessau a donné plus d'un million de dollars aux deux principaux partis à Québec de 1998 à 2010 et environ 50 000 $ par année à Union Montréal, une machine très structurée, a admis mercredi Rosaire Sauriol, vice-président principal chez Dessau.

Selon Me Gallant, Rosario Sauriol serait plus haut gradé que Bernard Trépanier
Selon Me Gallant, Rosario Sauriol serait plus haut gradé que Bernard Trépanier
Le procureur chef adjoint de la commission, Me Denis Gallant, a d'ailleurs qualifié M. Sauriol d'homme très important à Montréal, "plus haut que (Bernard) Trépanier", le responsable du financement du parti au pouvoir pendant plusieurs années, et qui avait même accès d'avance aux discours du maire.

Devant la Commission Charbonneau, M. Sauriol a aussi parlé de financement à Longueuil, Montréal, Laval, Blainville et Châteauguay. Il s'agissait souvent d'argent comptant.

Au provincial, il a précisé que la somme rapportée au Directeur général des élections du Québec de 994 894 $ _ soit 600 344 $ pour le Parti libéral du Québec et 394 550 $ pour le Parti québécois _ n'est même pas complète, puisque Dessau a aussi fait appel à des proches de ses employés qui n'apparaissent pas dans ces relevés.

Les contributions se faisaient alors par chèques. Certains employés de Dessau ont été remboursés à même leur compte de dépenses, notamment par du kilométrage gonflé, mais beaucoup l'ont été en argent comptant, a-t-il relaté. "La petite, petite minorité de gens qui ont contribué sans que l'entreprise les rembourse existe, mais c'est une minorité", a avoué M. Sauriol.

À Longueuil, par exemple, Dessau a donné 25 000 $ en 1998, une autre fois 25 000 $ en 2001 et une autre fois 25 000 $ ou 30 000 $ en 2005, a raconté M. Sauriol.

"Monsieur Gladu (Claude, ex-maire de Longueuil), vous l'invitez dans la loge de Dessau. Et vous faites attention à ces gens-là", a résumé le procureur chef adjoint de la commission, Me Gallant.

L'exemple de la Ville de Blainville est éloquent. Dessau y a obtenu des contrats de 2002 à 2006, puis plus aucun contrat par la suite. "Politiquement, on s'est fait sortir de la Ville", a résumé M. Sauriol.

Auparavant, quand Dessau y avait des contrats, la firme soutenait l'équipe de Pierre Gingras à Blainville, a-t-il relaté. Quand M. Gingras a été remplacé par un autre candidat, celui-ci a été battu. Une autre équipe municipale avec une autre firme de génie ont dû prendre leur place, a-t-il laissé entendre.

"Plus haut que Trépanier"

À Montréal, c'est avec Bernard Trépanier que Dessau a fait affaire pour du financement. Bon an mal an, Dessau a donné 50 000 $.

M. Trépanier lui a bel et bien demandé 200 000 $, en 2005, comme il l'a fait pour les autres grandes firmes de génie-conseil faisant partie du cartel du génie à Montréal, mais Dessau a refusé de donner davantage. La firme a donné approximativement la même somme de 50 000 $ "et monsieur Trépanier s'est contenté de ma réponse", a-t-il résumé.

Me Gallant a fait état de 575 échanges téléphoniques entre Bernard Trépanier et M. Sauriol. C'est notamment M. Trépanier qui lui a dit qu'il s'"organisait" avec Robert Marcil, l'ancien directeur de la réalisation des travaux à Montréal, pour que les comités de sélection favorisent la bonne firme.

"Union Montréal, c'était beaucoup d'activités de financement, c'était une machine qui était énormément structurée pour organiser des activités de financement", a commenté M. Sauriol.

Me Gallant a tenté de le faire élaborer sur ce qu'il a appelé son réseau d'affaires _ ses liens avec l'ancien président du comité exécutif Frank Zampino, avec Bernard Trépanier, les entrepreneurs Antonio Accurso, de Simard-Beaudry, et Paolo Catania, de Construction F. Catania _ mais M. Sauriol s'est borné à les décrire comme un réseau d'affaires. Il a pourtant fait avec certains d'entre eux des voyages et eu des soupers avec les conjointes, a souligné Me Gallant.

"Vous êtes plus haut que les autres, vous êtes plus haut que monsieur Trépanier. À l'hôtel de ville, vous en prenez large, monsieur Sauriol. Quand votre secrétaire et la secrétaire de M. Zampino s'envoient des documents attachés et que vous avez d'avance le discours du maire et le discours du président du comité exécutif et le communiqué de presse, là..." lui a lancé Me Gallant.

Le procureur a invité M. Sauriol à profiter de la pause du lunch pour réfléchir, ajoutant qu'il avait dans sa poche des enregistrements et relevés téléphoniques pour étayer sa thèse.
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