Une avocate au carrefour du droit et des ressources humaines

Sonia Semere
2025-07-30 14:15:19
Une avocate quitte la pratique privée pour relever un nouveau défi au sein d’une banque canadienne. Entretien.

Nouveau défi pour Me Isabelle Bertrand. L’avocate en droit du travail, qui a fait ses marques chez Fasken, fait le saut vers le monde corporatif en rejoignant la Banque Laurentienne à titre de partenaire d’affaires senior.
Avec sa double formation en droit et en relations industrielles, elle entend conjuguer expertise juridique et sens des réalités humaines dans ce rôle stratégique.
Quel sera son mandat au sein de la banque ? Comment articule-t-elle ses deux expertises, droit du travail et gestion des RH ? Droit-inc s’est entretenu avec elle.
Qu’est-ce qui vous a poussée à quitter Fasken pour vous joindre à la Banque Laurentienne?
J’avais envie de relever un nouveau défi, mais surtout de me rapprocher de mon premier intérêt : les ressources humaines. Je détiens deux baccalauréats, un premier en relations industrielles et un deuxième en droit, et avant même de pratiquer en droit du travail chez Fasken, j'ai œuvré dans le domaine des RH. Cette pratique me manquait. Je cherchais un rôle qui me permettrait de réunir ces deux univers, le droit du travail et la gestion des ressources humaines, et la Banque Laurentienne m’a offert cette possibilité.
Quel est exactement votre mandat à titre de partenaire d’affaires senior à la Banque Laurentienne ?
Je soutiens les gestionnaires des différentes lignes d’affaires de la Banque dans l’ensemble de leurs enjeux en ressources humaines. Mon rôle couvre tout le cycle de vie d’un employé, de l’embauche jusqu’à la fin d’emploi, je les accompagne au quotidien dans cette gestion. En parallèle, je conserve aussi un chapeau juridique, ce qui a d’ailleurs été un élément clé dans ma décision de me joindre à la Banque.
Je continue à offrir des conseils en droit du travail à l’interne, que ce soit à mes collègues partenaires d’affaires ou aux autres membres de l’équipe. Bref, je combine mes deux expertises : RH et droit du travail, ce qui me permet d’avoir un rôle à la fois stratégique et opérationnel.
Comme vous l’avez mentionné, votre parcours combine à la fois le droit du travail et la gestion des ressources humaines. Comment cette double expertise s’est-elle construite ?
En sortant du cégep, je suis tombée un peu par hasard sur le baccalauréat en relations industrielles de l’Université de Montréal, qui m’a tout de suite attirée. C’était un programme qui alliait plusieurs domaines qui m’intéressaient : les ressources humaines, le droit du travail et la gestion en général.
Dans le cadre de ce premier bac, j’ai fait un stage chez Fasken, au sein de l’équipe des ressources humaines, où j’ai travaillé ensuite pendant quelques années. J’ai adoré cette expérience. C’est d’ailleurs une ancienne directrice RH chez Fasken qui m’a suggéré, un jour, d’envisager le droit. Je me suis lancée dans le baccalauréat avec l’idée de découvrir autre chose, mais c’est finalement le droit du travail qui m’a le plus interpellée, probablement en raison de mon premier parcours.
Comment votre passage chez Fasken vous a-t-il préparée pour votre rôle actuel à la Banque Laurentienne? Quelles compétences y avez-vous développées?
C’est, à mon avis, l’une des meilleures écoles de pratique, surtout pour les jeunes avocats. On y développe une grande rigueur, une attention au détail et une capacité à bien cerner les besoins des clients. On apprend aussi à analyser une question de façon exhaustive avant de formuler une recommandation.
Ce qui est intéressant aujourd’hui, c’est que je me retrouve de l’autre côté : je suis maintenant « partenaire à l’interne ». J’utilise cette même expertise pour offrir des conseils juridiques à l’interne, mais j’ai aussi un rôle actif dans leur mise en œuvre. Contrairement au cabinet, où l’on donne une opinion et où le client décide ensuite quoi en faire, ici je peux accompagner l’application concrète du conseil, sur le terrain. Cette continuité entre l’analyse juridique et son exécution est quelque chose que je trouve vraiment enrichissant.
Quels avantages une organisation comme la Banque Laurentienne peut-elle tirer d’un profil hybride comme le vôtre?
La Banque Laurentienne est une banque à taille humaine d’environ 2 800 employés. Ce qui est formidable dans une organisation de cette envergure, c’est qu’on voit rapidement les effets concrets de nos recommandations, de nos plans d’action et des initiatives qu’on met en place. Je trouve ça extrêmement motivant, surtout à ce stade-ci de ma carrière, de pouvoir constater l’impact direct de mon travail.
J’apporte une perspective juridique aux enjeux RH, et une sensibilité RH aux considérations juridiques. Ce dialogue entre les deux disciplines enrichit la réflexion et permet de prendre des décisions plus équilibrées, plus stratégiques.
Pensez-vous que des profils hybrides comme le vôtre, à la fois juridiques et orientés gestion, vont devenir plus fréquents dans les grandes entreprises?
Je pense que les grandes entreprises ont tout avantage à recruter ce type de profils, notamment chez les avocats issus des grands cabinets. On y trouve plusieurs personnes qui, comme moi, ont une double formation ou un parcours complémentaire, que ce soit en relations industrielles, en administration ou autre.
Personnellement, je ne faisais pas de gestion d’entreprise ou de gestion humaine au quotidien chez Fasken. Aujourd’hui, c’est au cœur de mon rôle. C’est une autre facette du droit, plus ancrée dans l’action et dans la stratégie d’entreprise, et je trouve ça passionnant.