Séance ciné : et… action !

Pour commencer, parlons de ce petit bijou de film français, muet et en noir et blanc, qui rappelle, à l’heure de 3D, ce qu’est le vrai cinéma.

C comme Charme'

Pour qui ?

Les avocats qui veulent à tout prix éviter le dernier film sentimentalo-nunuche à l’affiche (relents de St-Valentin bonsoir)

Les avocates qui préfèrent le vrai ciné, aux fausses promesses d’Hollywood

Pari risqué et courageux de Michel Hazanavicius, que l’on sait amoureux fou du cinéma depuis la saga OSS 117 et ses pastiches de films d’espionnage, L’Artiste, dépasse constamment le simple statut d’hommage à l’âge d’or hollywoodien.

Dans cette histoire d’amours contrariées sur fond d’impitoyable industrie cinématographique, les références pleuvent : Chaplin, Lang, Citizen Kane. Pourtant, cela n’empêche nullement Hazanavicius d’adopter un ton très personnel en déroulant une multitude de mises en abîme ludiques. Ainsi, l’exercice de style se mue-t-il en véritable œuvre de cinéma.

On est en 1927 et le silence est d’or. En suivant les déboires de Georges Valentin, superstar orgueilleuse, vite reléguée aux oubliettes avec l’avènement du parlant, le cinéaste saisit les mille occasions qui lui sont données pour magnifier l’étreinte forme et fond.

D’un côté, on a une critique parfaitement moderne de la superficialité du monde du 7ème art (avec la toute puissance des gros studios en quête de billets verts), de l’autre, une démonstration constante, énergique et réjouissante de son amour inconditionnel pour la création.

Le cinéaste peut remercier et son duo gagnant: un Jean Dujardin classe et burlesque (et qui concourt aux Oscars), et une Bérénice Bejo éclatante. ; et ses deux gueules de luxe : James Cromwell en majordome, John Goodman en producteur. Royal.

Le deuxième choix de la semaine s’intitule Peur Grise, film musclé mais époustouflant. Avec Liam Neeson.


C comme Crocs

Pour qui ?

Les avocats qui aiment les films nerveux et efficaces
Les avocates qui ont toujours rêvé y voir un joli supplément d’âme

Peur Grise est un survival (film qui suit la survie de plusieurs personnages) en haute montagne esthétiquement très intéressant, viril mais pas pour autant dénué de sensibilité, privilégiant l’action sans dénigrer l’émotion, tendu d’un bout à l’autre et plus subtil que ne le laisse paraître le script de départ. Du tout bon sur toute la ligne ? Oui.

Joe Carnahan, qui colle aux basques des sept survivants d’un crash d’avion, tire le meilleur de tout ce qui l’entoure. Il capte les moindres soubresauts du cadre menaçant, sauvage, féroce (avec à la fois cette suprématie de la nature, et, cette meute de loups lancée à la poursuite des hommes), et toute la beauté des paysages (le tournage s’est déroulé en Colombie-Britannique).

Dans Peur Grise, on peut tout y voir : à première vue, un divertissement efficace, mené avec ardeur; plus profondément : une épopée au parfum de mort, belle traversée immaculée, sans espoir, élégiaque. C’est simple : Carnahan, en transformant ces montagnes d’Alaska en véritable purgatoire, nous livre un divertissement de luxe.

Il insuffle une humanité crédible à des protagonistes a priori antipathiques, vus et revus ; il évoque des thématiques riches (la foi notamment) avec un sérieux et une justesse rares (voire inexistantes) dans ce type de long-métrage, et, surtout, il ne cherche jamais à plaire : cadrages audacieux, refus du show hollywoodien, mise à nu de ses hommes.

Peur Grise prend son temps. De pleurer ses morts, d’écouter le vent, d’explorer et les âmes et l’espace. Et s’il est finalement très sombre, ce n’est que pour mieux pour célébrer la vie.