Les cabinets au sommet des fusions-acquisitions

Le marché des fusions-acquisitions connaît une année faste, tant au Canada que sur l’ensemble de la planète.
Au Canada, la valeur totale des fusions-acquisitions du troisième trimestre 2025 est identique à celle de la même période un an plus tôt. Mais la valeur moyenne de chaque transaction tend à augmenter, puisque le nombre de transactions est, lui, en diminution de plus de 10 %, selon le dernier rapport du Global Mergers & Acquisitions Review.
Sur l'ensemble des neuf premiers mois de l’année, le marché canadien reste très dynamique puisque la valeur des transactions annoncées est en progression de 83 %, à 237 milliards $ US. La hausse de la valeur moyenne des transactions est également une tendance forte de l'année, avec un recul de 5 % du nombre de transactions annoncées.
Cette année, sur le marché canadien, Stikeman Elliott arrive en première position du nombre de transactions annoncées depuis le début de l’année. Fasken reste en tête pour le volume de transactions.
La tendance canadienne est similaire à la tendance mondiale sur les trois premiers trimestres de l’année 2025. La valeur des transactions annoncées dans le monde a augmenté de 33 %, pour atteindre 3 051 milliards $ US, soit son plus haut niveau depuis 2021, tandis que le nombre de transactions a baissé de 7 %.
Des décisions stratégiques
L'augmentation de la valeur moyenne des transactions s'explique par la transition en cours dans le secteur des technologies et de l'intelligence artificielle, explique Me Angelo Noce, associé spécialisé en fusions et acquisitions chez Blakes. « Des décisions importantes doivent être prises par de grandes entreprises : elles doivent choisir entre faire des investissements elles-mêmes ou avancer avec des acquisitions. Lorsque le choix est fait de procéder à des acquisitions, ce sont alors de plus grandes transactions », explique l’avocat.
Le même phénomène est à l'œuvre dans le secteur des infrastructures et dans celui de l’énergie, poursuit Angelo Noce. « Plus les changements sont importants sur les marchés, plus cela conduit à de grandes transactions. »
Blakes demeure en tête du nombre de transactions complétées au cours des trois premiers trimestres de l’année, comme l’an passé. Au troisième trimestre, le cabinet a notamment conseillé Investissement Québec, qui faisait partie d’un groupe d’investisseurs stratégiques, relativement à l’opération de fermeture du capital d’Innergex menée par La Caisse.
Blakes a également conseillé Sagard dans son acquisition de la société Unigestion, créant une plateforme commune gérant 23 milliards de dollars américains d’actifs en capital-investissement.
Si les tarifs douaniers américains ont occasionné un petit ralentissement en début d'année, « l'incertitude est devenue la nouvelle réalité pour tout le monde », observe Me Niko Veilleux, associé et chef du groupe de pratique du droit des sociétés du bureau de Montréal chez Osler.
Niko Veilleux a vu une accélération des projets au retour des vacances d’été. « Au Canada, l'impact des tarifs douaniers s'est concentré sur quelques industries, mais pour les autres secteurs, l'impact n'est pas criant. »
De plus, la baisse des taux d'intérêt et la faiblesse du taux de change du dollar canadien favorise la dynamique du marché national, poursuit Me Veilleux.
Le secteur de l'énergie, des ressources naturelles, des services financiers, des infrastructures et des technologies ont été particulièrement actifs ces derniers mois.
Sur l’ensemble du marché canadien, le cabinet Osler marque une progression dans le classement du nombre de transactions complétées sur l'ensemble des neuf premiers mois de l'année, quittant la sixième position pour se hisser parmi les trois premiers cabinets canadiens.
Au troisième trimestre, Osler a conseillé la société Terrion, créée par Telus pour gérer ses tours cellulaires, dont La Caisse a acquis 49,9 % du capital, valorisant la société à plus de 2,5 milliards de dollars.
Le cabinet a aussi conseillé Ressources Robex dans le cadre de sa fusion entre égaux avec la société australienne Predictive Discovery, créant une entreprise valorisée à 2,35 milliards de dollars.
Optimisme en vue
Les avocats sont également optimistes pour les prochains mois. Les projets de transactions ne manquent pas de financement. « Par nos clients, nous entendons qu'il y a du capital qui peut être déployé », observe Me Joanna Myszka, associée spécialisée en fusions et acquisitions nationales et transfrontalières chez Blakes. Même si le contexte géopolitique demeure agité et si les batailles tarifaires restent incertaines, les fonds de capital-investissement préfèrent composer avec un marché plus volatil plutôt que d'attendre une meilleure fenêtre d’opportunité.
Cependant, « on observe une certaine prudence du côté des acquéreurs, avec une vérification diligente étoffée, ce qui conduit à des processus plus longs et plus rigoureux », constate Joanna Myszka, tout en observant que le rythme redevient rapide une fois que les différentes parties sont alignées.
Le secteur des technologies, l'agroalimentaire, les sciences de la vie et les infrastructures sont appelés à rester très actifs.
« On peut s'attendre à des transactions de plus grande envergure dans les prochains mois », pronostique Niko Veilleux. « Quand le niveau de confiance augmente, les dirigeants deviennent plus confortables pour prendre des décisions stratégiques importantes », explique-t-il, en soulignant que la confiance ne cesse d'augmenter depuis le début de l’année.
Niko Veilleux considère également que les annonces du budget fédéral en matière d'investissement en défense et en infrastructures vont se traduire par des opportunités pour les entreprises canadiennes. « Le marché de la défense va s'ouvrir pour les entreprises qui fournissent déjà le marché civil, et qui pourraient ainsi développer leurs produits vers le marché militaire », illustre l’avocat. Quant aux infrastructures, les énormes projets créent des emplois très bien rémunérés et nourrissent l'ensemble de l’économie.