De retour au privée

Après avoir bâti l’équipe de litige commercial du Groupe Mach, spécialisé dans l’immobilier, Me Oumaima Mouncef fait son retour à la pratique privée en rejoignant Avens Montréal.

Forte de son expérience, l’avocate a développé une expertise pointue en litige commercial, tant dans l’immobilier que dans des dossiers commerciaux plus généraux.

Droit-inc a eu l’occasion de discuter avec elle des défis qu’elle a rencontrés chez Groupe Mach, de ses ambitions chez Avens Montréal et des évolutions récentes du litige commercial à Montréal.

Pour commencer, qu’est-ce qui vous a motivée à quitter le secteur immobilier pour rejoindre le cabinet Avens Montréal?

J’ai commencé ma carrière en grand cabinet, chez De Grandpré Chait, où j’ai découvert le droit commercial et immobilier. Ensuite, j’ai été recrutée par le Groupe Mach pour créer et structurer leur département de litige. Ils avaient déjà une équipe juridique, mais pas de véritable pôle dédié au litige. J’ai donc pu allier ma pratique du droit à une mission de gestion, notamment grâce à ma Maîtrise en administration des affaires.

Vous avez mentionné avoir bâti un département de litige au sein du Groupe Mach. Comment cela s’est-il déroulé, quels défis avez-vous rencontrés et comment les avez-vous surmontés?

Ma mission principale était de créer et structurer le département de litige. J’ai eu la chance de bénéficier du soutien de mes collègues avocats, qui sont à la fois très stratégiques et profondément compétents sur le plan juridique. Le plus grand défi a été la responsabilité immense qui m’incombait : j’étais seule à gérer le département et un grand nombre de dossiers complexes.

Mais cette expérience m’a beaucoup appris. Elle m’a permis de me mettre dans la peau des clients que je représentais, ce qui m’a donné une double perspective précieuse : comprendre leurs besoins tout en assurant la rigueur juridique. Ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est la diversité des mandats et la possibilité de combiner cette vision client avec mon rôle d’avocate. Cette expérience m’a vraiment permis de développer une approche à la fois stratégique et pratique du litige.

Quelles compétences estimez-vous avoir développées au cours de votre expérience en entreprise privée? Et, avec un peu de recul, comment cela vous a-t-il renforcée en tant qu’avocate?

Gérer un portefeuille important de dossiers m’a appris à prioriser et à coordonner plusieurs missions simultanément, tout en gardant une vision globale. Ce n’était pas juste quelques clients : c’était un volume important, avec des enjeux divers et complexes. J’ai également développé des compétences en leadership, car j’étais le point de contact entre la haute direction, les équipes internes, finance, développement, gestion immobilière, et les avocats externes.

Cela m’a obligée à travailler en collaboration, à fédérer et à assurer la fluidité des échanges. La communication a été une autre compétence clé. Être in-house signifie savoir expliquer des enjeux juridiques complexes de manière claire à des interlocuteurs non juristes, qu’il s’agisse de la direction ou de clients internes, afin de faciliter la prise de décision.

Aujourd’hui, quel est votre rôle chez Avens Montréal? Quels types de dossiers gérez-vous au quotidien?

Je représente des clients immobiliers pour des dossiers liés à la construction, à la gestion de projets et aux promoteurs, tout en intervenant sur des questions contractuelles, des structures d’entente, l’exécution de contrats, la responsabilité, ainsi que les recours liés à l’investissement, aux prêts et aux garanties.

Mon rôle consiste surtout à conseiller mes clients, à leur apporter une vision stratégique et à leur offrir cette double perspective que j’ai développée en étant à la fois in-house et avocate. Je reste également ouverte à développer de nouveaux créneaux et à élargir mon champ d’action dans le domaine commercial.

Pour conclure, quels sont les enjeux actuels du litige commercial à Montréal?

Le litige immobilier à Montréal est en pleine évolution. Depuis la pandémie, beaucoup de dossiers avaient été reportés, mais cette tendance commence à s’inverser. Ce que je remarque surtout, c’est un fort mouvement vers le règlement à l’amiable et les modes alternatifs de résolution de conflit.

Les clients ne veulent plus attendre des mois pour obtenir une date de procès et privilégient des solutions rapides et pratiques. Cette tendance s’inscrit également dans la culture entrepreneuriale de ma clientèle : on cherche des solutions d’affaires efficaces plutôt que de s’enliser dans des procédures longues.

La pandémie a aussi accéléré le recours aux technologies dans le processus judiciaire. L’intégration d’outils numériques par les tribunaux, comme la production électronique de pièces et l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle, contribue à accélérer le traitement des dossiers.

Enfin, Montréal connaît actuellement une forte activité en matière de développement immobilier, ce qui génère de nombreux dossiers complexes et stratégiques pour les avocats en litige.