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Le plan choc pour propulser Langlois!

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Élisabeth Fleury

2025-08-06 15:00:12

Grâce à son expertise en droit et en transformation numérique, le nouveau chef innovation de Langlois vise un cabinet plus agile, plus connecté et plus compétitif.


Xavier Beauchamp-Tremblay - source : Langlois Avocats


Xavier Beauchamp-Tremblay
rejoint le cabinet Langlois Avocats à titre de chef innovation et transformation.

Son mandat? Faire du cabinet un « pionnier de l’innovation juridique au Québec », résume le cabinet dans une publication Linkedin.

Avant de faire le saut chez Langlois, Me Xavier Beauchamp-Tremblay a oeuvré pendant quatre chez KPMG. L’avocat technologue était auparavant chez CanLII, principale plateforme canadienne d’information juridique ouverte, où il a occupé le poste de président-directeur général jusqu’en 2021.

Droit-inc s’est entretenu avec ce passionné de techno.

Parlez-moi de votre expérience chez CanLII à titre de PDG. Qu’y avez-vous réalisé?

Quand je suis arrivé, il restait à établir une stratégie pour finir la complétion de la collection de droit primaire de CanLII. Il y a eu énormément d’efforts qui ont été faits de la part des gens qui étaient là, qui ont pris leur bâton de pèlerin et qui sont vraiment allés rencontrer les tribunaux pour les convaincre que diffuser le droit sur Internet, dans une plateforme non commerciale, pas protégée par un mot de passe, c’était une nouvelle étape pour la diffusion du droit au Canada.

À mon arrivée, donc, il fallait finir la collection en ajoutant des décisions historiques pour que les besoins soient pratiquement tous adressés par la collection. Ça incluait de faire des choix technologiques afin de publier un grand nombre de décisions historiques à plus bas coût.

L’autre gros volet, c’est le développement d’une collection de doctrines. CanLII n’avait rien non plus de ce côté-là, comparativement aux éditeurs commerciaux, qui avaient des collections étendues. Actuellement, CanLII est rendu à 119 000 documents de doctrines de toutes sortes de sources différentes.

CanLII a fait l’acquisition de Lexum sous votre gouverne. Qu’est-ce que ça a permis?

Lexum était historiquement le fournisseur de technologies de CanLII. Il y avait une opportunité d’en faire l’acquisition pour solidifier l’approvisionnement de services TI.

Vous avez ensuite travaillé dans le monde des affaires, chez KPMG. À quel titre?

J’étais dans l’équipe de service-conseil. J’ai joint l’équipe d’automatisation et intelligence qui livre des projets TI. Avec mon background, j’y ai tiré des projets à tendance plus juridique. J’étais très impliqué dans les décisions technologiques, davantage que chez CanLII, où, comme PDG, je devais m’occuper de la gouvernance et de toutes sortes d’autres affaires.

Qu’est-ce qui vous a motivé à faire le saut chez Langlois?

Toute ma carrière, c’est ma passion pour la technologie qui l’a drivée. C’était très évident quand j’ai commencé ma pratique que la technologie allait avoir une influence importante sur le droit. Pour moi, donc, c’est une opportunité de mettre la corde autour du jambon, de mettre toutes mes compétences ensemble et de retourner à l’endroit où j’étais le plus susceptible d’avoir le plus de valeur.

Et pourquoi Langlois précisément?

J’y connaissais plusieurs personnes. Quand j’ai commencé à penser à revenir dans le domaine juridique, c’était facile d’avoir des conversations informelles avec eux. Et les conservations que j’ai eues m’ont démontré que c’était une organisation qui était plus avancée dans leur réflexion sur l’importance qu’allait avoir l’IA générative dans le marché juridique. C’est aussi un cabinet qui a la taille et les ressources qu’il faut pour que je sois capable de livrer et d’avoir de l’impact dans l’organisation.

Comment Langlois deviendra-t-il un pionnier de l’innovation juridique avec vous comme chef innovation et transformation?

J’ai de l’expérience à la fois en service-conseil et en technologies appliquées. Même si je ne programme pas des systèmes, je suis capable de prototyper avec du code informatique. J’ai donc une capacité verticale et horizontale de comprendre les processus, de comprendre où sont les opportunités de transformation pour être capable d’utiliser encore mieux la technologie afin d’augmenter la valeur des services pour les clients de Langlois.

Quels sont les risques liés à l’utilisation de l’IA pour les avocats, selon vous?

Le principal risque, pour moi, c’est de ne pas l’utiliser. La réalité, c’est qu’on est une société complexe, et il y a une crise de la productivité qui est bien documentée. Si, comme société, comme profession, comme cabinet, on ne l’utilise pas, c’est là le principal risque, parce que le monde autour de toi va continuer de changer.

Bon, les problèmes d'hallucinations sont spectaculaires, ça fait toujours une bonne histoire quand quelqu’un se fait prendre à citer une décision qui n'existe pas, mais pour moi, c’est un problème plus humain que machine. La vraie limitation, c’est la personne qui n’a pas compris la limitation de la machine.

Comment on évite de se faire prendre par ces « hallucinations »?

On est encore au b.a.-ba de l’utilisation de l’IA générative, donc comment on configure les modèles, comment on les insère dans des applications, dans des processus, comment on contrevalide ce qu’un modèle produit, il y a toutes sortes de techniques. On peut par exemple poser la même question à cinq modèles différents et chercher un consensus dans leurs différentes réponses. S’il y en a un qui est vraiment dans le champ, tu vas l’éliminer.

Il va se développer des systèmes dédiés pour le droit, je suis assez peu inquiet de ce problème d’hallucinations. Ce qu’il faut, c’est de comprendre comment utiliser l’IA et de s’assurer de garder une indépendance d’esprit malgré tout. Quand tu demandes à l’IA de produire une première version d’un texte qui a l’air extraordinaire, il ne faut pas baisser ses gardes, perdre son sens critique et laisser complètement le robot se substituer à toi.

L’IA met des emplois en danger, quels sont les risques pour ceux qui font carrière en droit?

Tous les professionnels qui travaillent dans l’information quelconque ont le même risque, ce n’est pas unique à la profession juridique, il y a plein d’autres professions qui devront être repensées. Il va toujours rester une industrie des services juridiques, ce qui va changer, c’est comment le service juridique va être rendu dorénavant.

Quand on monte ces systèmes-là, on a besoin d’une pluralité de rôles. On va avoir besoin d’avocats qui vont, par exemple, devenir des sources, des espèces d’ingénieurs des systèmes juridiques qui vont peut-être collaborer avec des scientifiques de données pour évaluer la performance.

N’aura-t-on pas moins besoin d’avocats et de professionnels en droit si les entreprises ou les particuliers ont accès à de l’information juridique, à des avis juridiques, grâce à l’IA?

D’abord, ce n'est vraiment pas beaucoup de monde qui réalise que le problème qu’ils ont est un problème de nature juridique. On est capable d'automatiser l’opinion, mais ça prend quand même quelqu’un qui soit capable de t'aider là-dedans. Si quelqu’un pose une question à ChatGPT, il va peut-être obtenir une opinion juridique qui a du sens, mais peut-être que ce n’est pas cette opinion qu’il a besoin d’avoir.

Les gens vont continuer d’avoir besoin de solutions juridiques. Il y a tout un travail des avocats qui ne s’en ira pas avec l’utilisation de l’IA.

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