Nouveau chef, nouvelle vision : Stein Monast change de cap

Sonia Semere
2025-05-01 15:00:54
Entre transformation numérique, intelligence artificielle et croissance durable, le nouveau boss de Stein Monast dévoile ses priorités. Droit-inc a jasé avec lui…
Le cabinet Stein Monast tourne une nouvelle page de son histoire avec la nomination de Me Pierre-Olivier Ménard Dumas au poste d’associé-directeur. Il succède à Me Sophie Martin, qui a dirigé le cabinet au cours des cinq dernières années.

« C’est avec enthousiasme que les associé(e)s accueillent Me Ménard Dumas à la direction du cabinet. Sa créativité, sa rigueur et son engagement envers l’excellence sont des atouts précieux pour guider Stein Monast dans ses ambitions futures », a déclaré Me Martin.
Me Ménard Dumas se spécialise en droit du transport, un domaine dans lequel il s’est distingué par son expertise.
Il figure régulièrement dans des répertoires juridiques de renom, et a été nommé « Avocat de l’année » en droit du transport en 2025 par The Best Lawyers in Canada.
Quels sont les enjeux prioritaires? Vers quelle direction souhaite-t-il emmener le cabinet? Droit-inc a jasé avec lui.
Vous venez tout juste d’entrer en fonction à titre d’associé-directeur. Quels sont les dossiers prioritaires?
J’étais déjà administrateur du cabinet depuis quatre ans, et le processus de relève avec Me Sophie Martin a débuté il y a plus d’un an. Ce que je veux, c’est assurer une continuité dans notre culture d’entreprise, qui repose sur la collégialité et des valeurs fortes.
Je compte poursuivre notre croissance, qui a été exceptionnelle ces dernières années, mais de façon durable et alignée sur nos valeurs. Je souhaite aussi maintenir un environnement de travail inclusif, où chacun, peu importe son profil, peut s’épanouir s’il adhère à notre vision.
Plusieurs chantiers sont également en cours : l’intégration judicieuse de l’intelligence artificielle dans nos outils, la réorganisation de nos espaces de travail dans un contexte de virtualisation croissante de la pratique, et une gestion rigoureuse des finances, particulièrement dans un climat économique incertain marqué par les élections à venir au Canada et aux États-Unis.
Mon rôle, c’est d’enlever les obstacles et de créer les conditions pour que chacun puisse faire son travail au meilleur de ses capacités.
Vous évoquiez tout à l’heure le travail de votre prédécesseure, Me Sophie Martin. Quel regard portez-vous sur ce qu’elle a accompli ? Envisagez-vous d’explorer de nouvelles avenues?
C’est avec beaucoup d’amitié et de reconnaissance que je parle de Sophie. Sous sa direction, le cabinet a connu une croissance remarquable, près de 47 % d’augmentation de notre chiffre d’affaires.
Et cette croissance s’est réalisée sans compromis sur nos valeurs fondamentales : la cohésion, la collégialité et l’intégrité. Elle a su structurer notre organisation avec une grande cohérence, ce qui a permis à cette expansion d’être non seulement rapide, mais surtout durable.
Sophie est une brillante fiscaliste, alors que pour ma part, j’ai un intérêt marqué pour le développement des affaires et la dimension entrepreneuriale du droit. Je compte donc être un peu plus présent dans les activités de représentation et de rayonnement du cabinet.
Cela dit, je conçois le rôle d’associé-directeur comme un poste en retrait : un chef d’orchestre qui veille à ce que chaque membre puisse exceller dans son rôle, sans empiéter sur l’autonomie des associés.
Quels sont les domaines du cabinet qui connaissent actuellement les plus grands changements ou les plus fortes dynamiques ? Y a-t-il des secteurs en particulier à surveiller en ce moment?
Il est indéniable que certains domaines sont particulièrement actifs en ce moment, notamment l’insolvabilité. Ce secteur, ainsi que le droit du travail, connaît une forte dynamique.
Les bureaux d’avocats, de par leur positionnement, servent souvent de bons indicateurs économiques sur l’évolution de la société. Les domaines les plus cruciaux actuellement incluent l’insolvabilité et la restructuration, mais aussi l’analyse des contrats et le refinancement.
Ces pratiques sont directement influencées par le contexte économique et politique, qui évolue rapidement. Nous recevons de plus en plus de questions concernant l’impact des politiques tarifaires, mais ce sujet est bien plus vaste : il s’agit surtout de comprendre l’effet à court, moyen et long terme sur les entreprises.
Avez-vous des projets ou des actions spécifiques en cours pour renforcer davantage votre position dans votre domaine de pratique, le droit du transport?
Nous avons la chance d’être une grande équipe, avec plus de 25 personnes spécialisées dans ce domaine du droit. Pour ma part, je continuerai à développer ma pratique dans ce secteur, car c’est un domaine qui me passionne profondément.
Notre pratique est déjà bien établie dans les secteurs du transport de marchandises par camion et du transport de passagers par autobus. Pour l’avenir, nos axes de croissance se concentreront sur l’élargissement à d’autres modes de transport. Nous avons déjà quelques projets dans le domaine ferroviaire, notamment en ce qui concerne le transport terrestre sur voie guidée.
La relève professionnelle est un enjeu majeur dans le milieu juridique. Le cabinet a-t-il mis en place des stratégies particulières pour attirer et fidéliser les jeunes talents?
Effectivement, dès ma première rencontre avec le comité du cabinet en octobre dernier, dans le cadre de la transition avec le comité des professionnels, j’ai rapidement compris que le recrutement et la rétention des talents étaient des priorités essentielles pour nous.
À mon sens, ce processus est crucial pour la pérennité et la réussite du cabinet. Pour attirer et fidéliser les jeunes talents, il est essentiel que nous ayons la flexibilité nécessaire pour offrir un parcours adapté à chaque individu.
Concernant l’accession à la société, nous avons une approche très ouverte. Nous comptons désormais 47 associés, chacun ayant un profil unique. Il n’existe pas un seul modèle, et c’est cette diversité qui enrichit notre cabinet.
Mais ce qui est surtout fondamental pour nous, c’est de donner à nos talents les moyens de s’épanouir. Nous nous engageons à leur offrir les outils et les opportunités nécessaires pour qu’ils puissent se développer selon leurs ambitions. C’est véritablement le rôle de notre organisation : faire en sorte que chacun ait la possibilité de grandir et d'évoluer au sein du cabinet.
La transformation technologique du secteur juridique est également un sujet de plus en plus présent. Où en êtes-vous chez Stein Monast sur ce plan?
La transformation technologique est un sujet qui me passionne profondément, et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai été choisi comme associé chez Stein Monast par mes collègues.
Je dirais même que j’ai une véritable affinité avec la technologie. Pour moi, la pratique du droit doit être sans papier et fluide. Par exemple, sur mon bureau, je n’ai pas d'écran d'ordinateur ni de téléphone – seulement une télévision fixée au mur.
Cela reflète notre vision de l’avenir : une pratique plus numérique et plus efficace. La transition vers le numérique a bien sûr accéléré avec la pandémie de COVID-19, notamment avec l’avènement des procès virtuels. J’ai d’ailleurs eu l’opportunité de mener l'un des premiers procès virtuels au Québec durant cette période, un procès de la Commission des transports.
Ce type de transformation, comme les transactions à distance ou la possibilité de signer des actes notariés à distance, doit perdurer, bien au-delà de la crise sanitaire.
L’objectif n’est pas d’avoir un seul outil qui fasse tout, mais de choisir les bons outils pour chaque tâche. Comme le disait mon père : « il faut le bon outil pour faire le bon travail ».
Vous évoquiez précédemment votre intérêt pour le développement des affaires. Quel est votre plan d'action pour y parvenir?
Pour moi, la diffusion de la connaissance est l’un des meilleurs moyens de renforcer une relation avec un client. Cela fait de nombreuses années que je privilégie cette approche : offrir des formations aux clients et être constamment présent dans l’industrie dans laquelle ils évoluent.
Par exemple, je suis particulièrement proche de l’industrie du transport de passagers. C’est un véritable devoir pour moi de participer à leurs événements, d’assister à leurs congrès et de comprendre leur réalité au-delà des simples enjeux juridiques.
Hier encore, j’ai autorisé l’augmentation du budget d’un jeune avocat qui souhaitait participer à une activité à Toronto pour mieux saisir les enjeux de l’industrie. Nous avons triplé son budget, et je n’ai eu aucune hésitation à le faire, car je suis convaincu que cela l'aidera à mieux comprendre les clients lorsqu’ils feront appel à lui pour des questions juridiques.
Ce type de flexibilité et de réactivité est l’un des grands atouts d’un cabinet comme le nôtre, où le processus décisionnel est rapide et flexible.